
Nous nous réveillons vers 8h. Le petit déjeuner de l'hôtel est sympa: des sandwichs de différentes sortes emballés dans de petites poches en papier, de la salade fruits coupée en morceaux minuscules et servie dans des verres, et puis surtout du vrai thé vert japonais en vrac! Par contre, je ne raffole pas des fauteuils bas et des tables minuscules sur lesquelles il faut se pencher façon Quasimodo pour manger à peu près proprement.
Nous remontons dans la chambre pour un interlude classé X fort satisfaisant. Lorsque nous redescendons, douchés, habillés et un sourire béat aux lèvres, nous apprenons qu'une autre de nos chambres favorites est libre pour ce soir, et que le ménage y ayant déjà été fait, nous pouvons avoir les clés tout de suite! Nous montons donc nos bagages dans la 502, baptisée "Royal wedding collages". Chambre sous les toits, murs dans les tons verts et blanc, voile en tulle drapé autour du lit et bergère peu confortable mais très photogénique. Nous en profiterons plus tard. Pour l'instant, direction la station Norreport, où nous devons prendre le S-Tog jusqu'à Osterport.
Sans doute flottons-nous encore sur notre petit nuage, car lorsqu'un train se présente au moment où nous débouchons sur le quai, nous montons dedans sans nous poser de questions. C'est cinq secondes plus tard que je réalise: "Tu as composté les tickets?" "Non". Nous rebroussons chemin en courant. Les portes se referment alors que Chouchou est descendu sur le quai et moi toujours à l'intérieur du wagon. Je lui fais signe qu'on se retrouve à la station suivante (qui est aussi notre destination). Par chance, je ne tombe pas sur des contrôleurs pendant ce bref voyage, et Chouchou me rejoint quelques minutes plus tard.

Le ciel est un peu gris ce matin. Nous marchons un petit moment pour atteindre le bord de l'eau et la fameuse petite sirène. Qui me fait à peu près le même effet que le Mont Rushmore: je la voyais plus grande. Et plantée à l'entrée du port plutôt qu'à cinquante centimètres du bord de l'eau. Malgré les touristes agglutinés autour, nous réussissons à faire pas mal de photos, notamment avec Régis. On doit nous prendre pour des illuminés, mais nous avons l'habitude.
Comme le métro ne passe pas dans les parages et que nous n'avons pas de plan des bus, nous nous dirigeons à pied vers Ny Havn ("Nouveau Port"). Les parages ne sont pas hyper riants ni animés; nous sommes dans la partie industrielle du port puis, dès que nous nous écartons des quais, dans un quartier probablement administratif. En passant près du palais d'Amalienborg, nous tombons par pur hasard sur la relève de la garde. Nous nous joignons à la foule pour y assister, mais au bout de plusieurs minutes pendant lesquelles il ne s'est rien passé ou presque, nous finissions par nous lasser. Quelques imbéciles tourmentent un jeune garde censé rester parfaitement immobile pour tenter de lui arracher une réaction. Ca m'énerve. Du coup, je n'essaie pas de m'approcher pour le photographier avec Régis à côté.

Ny Havn est une image de carte postale avec ses façades colorées et ses terrasses de restaurant alignées sur tout un côté. Après l'avoir photographié sous tous les angles, nous épluchons les cartes en anglais pour trouver un endroit où manger: nous approchons de midi et demie et comme nous avons beaucoup marché, le petit dej' nous paraît déjà loin! Nous finissons attablés, Chouchou devant un club sandwich et moi devant une sorte d'assiette dégustation danoise. Ce n'est ni mauvais ni transcendant; je voudrais juste savoir pourquoi ils mettent de la sauce au curry avec tous les plats. En dessert, par contre, nous nous partageons un gâteau aux noix délicieux.


Nous retournons, toujours à pied, vers l'hôtel de ville en passant par les petites rues commerçantes en dessous de Stroget. Notre prochaine étape: la visite du Dansk Design Center, autrement dit, le Centre du Design Danois. Nous sommes étonnés de payer nos entrées demi-tarif. Puis nous nous apercevons que la moitié des expositions seulement sont disponibles, les deux grandes salles du rez-de-chaussée étant actuellement en travaux. Dommage: ce que nous voyons nous plaît énormément et nous laisse un goût de trop peu. Au sous-sol, deux longues vitrines bordant un couloir mal éclairé abritent des objets dont le design est devenu iconique - on y trouve même une poupée Barbie et des Lego! En face, dans une salle aux murs nus, une table est couverte de flacons, de bricks ou de paquets en carton blanc portant une simple inscription en lettres noires ("good vibes", "up and downs", "stress killers") qui invite le visiteur à réfléchir sur sa façon de consommer. Au premier étage, une exposition temporaire présente des emballages de produits alimentaires écolo-minimalistes et un meveilleux display holographique accompagné d'une voix qui explique, en anglais, comment les entreprises et les particuliers peuvent minimiser leur impact sur l'environnement. Une simplicité très étudiée, une pureté jamais ennuyeuse, un naturel reposant: telles semblent être les caractéristiques du design scandinave.
Malheureusement, pendant notre visite au DDC, il s'est mis à pleuvoir. Nous contournons le Tivoli à pied dans l'idée d'explorer Istedgade, l'avenue chaude peu à peu grignotée par les boutiques de jeunes designers selon notre guide. Mais après l'avoir parcourue sur quelques centaines de mètres, nous avons essentiellement vu des vitrines pleines de sextoys de plus mauvais goût les uns que les autres. Grognon, je réclame à faire demi-tour. Sur le chemin de l'hôtel, nous trouvons un cybercafé dans lequel nous nous réfugions pour consulter nos mails et, avec un peu de chance, attendre la fin de l'averse. Nous y restons une demi-heure, et il pleut toujours lorsque nous ressortons. Grmbl. Quand je pense que dans les cartes postales rédigées ce midi, je vantais le beau temps de Copenhague!


Une petite pause dans notre jolie chambre nous permet de reposer nos jambes. Le ciel une fois dégagé, nous retournons au Tivoli. Ce soir, nous avons l'intention de tester les manèges repérés hier. Nous commençons par les balançoires suspendues qui montent haut, haut, haut... Un petit moment d'angoisse pendant l'ascension, vite oublié dès que les sièges se mettent à tourner. Malgré le froid, la sensation de voler (ou presque) au-dessus des toits est extrêmement grisante. A côté de ça, évidemment, la "petite grande roue" et ses nacelles en forme de montgolfière n'offrent guère de sensations - mais tout de même une jolie vue sur le parc dont les lumières s'allument avec l'approche de la nuit. Nous faisons un tour au pays des contes d'Andersen, un manège dont ont dû s'inspirer le Peter Pan et le It's a small world de Disneyland. J'en avais oublié tout un tas, et les commentaires en anglais me remémorent à quel point l'univers de cet auteur était cruel. Dernière attraction du jour: le Daemon, un grand huit à sept boucles dans lequel je refuse de monter avec Chouchou, craignant les à-coups dans la nuque. Lui, en revanche, redescend enchanté.


L'estomac dans les talons, nous nous dirigeons vers Wagamama où, après une courte attente, on nous place à l'extrémité d'une grande table commune. Ce n'est pas le genre de choses dont je raffole, mais la cuisine - du japonais louchant un tantinet sur la world fusion - est fantastiquement bonne. Nous partageons un saumon teriyaki délicieux et une immense soupe dans laquelle nagent tofu, viande, crevettes et légumes. Je suis par contre très déçue d'apprendre que les jolis T-shirts rouges "Wagamama Tivoli" portés par les serveuses sont en rupture de stock. D'un autre côté, je collectionne déjà les T-shirts HRC; ce n'est peut-être pas la peine de me lancer dans une deuxième quête internationale du même style.
Nous avions envisagé de refaire un tour sur les manèges du Tivoli après manger, mais nous sommes crevés et il fait vraiment froid. De retour à l'hôtel, nous allumons la télé et tombons sur l'épisode final de "A shot at love with Tila Tequila", sorte de Greg le Millionnaire où le coeur à conquérir est celui d'une ex-star du porno bisexuelle. Il ne reste qu'un candidat garçon et une candidate fille en lice. Le premier est mignon et a l'air d'un parfait petit con. La seconde a un physique androgyne et est touchante de sincérité. Bien entendu, Tila part avec le bogoss: d'après mon expérience personnelle et mes observations, les bis couchent aussi bien avec des garçons qu'avec des filles mais finissent en général par former un couple hétéro. Bref.
Avant de m'endormir, je feuillette le sublime "Goddess guide" acheté hier chez Urban Outfitters. J'ai la surprise d'y trouver une double page consacré à l'anthologie de sacs à main de Nathalie Lecroc, qui avait fait le portrait de mon Sequoïa gris en... 1999, je pense. Je suis contente d'apprendre qu'elle a poursuivi son projet au-delà des 100 sacs initialement prévus, et qu'elle devrait bientôt publier un recueil de ses aquarelles.