Affichage des articles dont le libellé est hôtel. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est hôtel. Afficher tous les articles

samedi 2 mai 2009

Maroc - Marrakech


Levée à 5h30, glups! Chouchou m'accompagne courageusement en voiture à l'aéroport. Le premier vol Bruxelles-Madrid se déroule sans histoire; je passe le plus clair du temps à dormir. Par contre, une fois à Madrid, je m'aperçois que ma carte Visa ne se trouve pas à sa place habituelle dans mon portefeuille. En réfléchissant, je réalise que j'ai dû l'oublier hier dans le distributeur de la place Jourdan où j'ai retiré des sous à changer à mon arrivée. Légère panique. J'appelle Chouchou pour lui demander de faire opposition, mais il a pu s'en passer des choses ces 17 dernières heures... Au pire, je pense que mon assurance devrait me rembourser. J'essaie de ne pas me laisser gâcher mon début de vacances, mais pour une angoissée naturelle comme moi, ce n'est pas évident.

L'avion d'Iberia Airlines se pose à Marrakech à 12h20 heure locale (14h20 en France). Le contrôle des passeports s'éternise. Dans le hall des arrivées, je retrouve Majoub, le chauffeur de taxi envoyé par le riad, un adorable vieux monsieur à moitié édenté qui conduit une minuscule Fiat pourrie et répond gentiment à toutes les questions dont je le bombarde. Sur le chemin, les massifs de roses et les nombreux arbres fleuris qui bordent les remparts d'ocre rouge de la medina me font pousser des cris de ravissement et oublier ma contrariété. Il fait très beau et ce premier contact avec le Maroc me remplit d'excitation.

Le riad se trouve à l'intérieur de la medina (vieille ville). Nous nous garons sur une petite place devant la mosquée Bab Doukkala et remontons à pied un derb (venelle) désert, dont quelques maisons se sont écroulées et offrent un spectacle assez peu engageant. En revanche, le riad Sahara Nour lui-même est somptueux, une véritable oasis de fraîcheur et de beauté au milieu de cette décrépitude. Je fais la connaissance de Samira, la très gentille gouvernante, puis de François, le propriétaire. Je suis la première arrivée. N'osant pas me lancer seule et avec un plan plus que sommaire dans le dédale de la medina, je m'installe dans le patio pour boire un thé à la menthe, me vernir les orteils (tongues power!) et commencer à dessiner.

Valérie (3 enfants, habite un village près de Montpellier, bosse dans le service informatique d'une grande banque) me rejoint vers 19h. Je suis affamée et fais honneur au repas du soir: salades de tomates, de courgettes et d'aubergines, poisson grillé avec haricots et pommes vapeur, salade de bananes et d'oranges à la cannelle (!). Vers 21h30, je vais me coucher avec "Heart and soul", le dernier Maeve Binchy dont je comprends assez vite qu'il ne va pas m'emballer. Les autres filles ne sont toujours pas là: une a raté son avion et doit attendre le suivant, deux autres sont retardées jusqu'à... 5h du matin!

samedi 25 avril 2009

Hollande - Amsterdam


Notre arrivée hier soir fut assez mouvementée. Notre train avait plus de cinquante minutes de retard, ce qui nous a fait débarquer à Amsterdam Central vers 23h30 - alors que la propriétaire du Miauw Suites, le mini-hôtel où nous logeons, n'habite pas sur place et n'assure normalement l'accueil que jusqu'à 22h. Le tram que nous avions eu tant de mal à trouver a ignoré nos coups frénétiques sur sa porte vitrée et démarré sous notre nez. Finalement, nous avons dû prendre un taxi. Qui nous a facturé 15€ une course de 2 km, a roulé comme un dingue dans les petites rues à sens unique entre les canaux et manifesté la plus mauvaise foi du monde en prétendant que s'il ne trouvait pas, c'est parce que nous lui avions fourni un mauvais numéro. Mais tout s'est bien terminé, quoi que tardivement. Nous avons été ravis par notre jolie chambre blanche, son bouquet de roses fraîches, son superbe iMac et surtout son lit ultra-confortable. Ce qui ne m'a pas empêchée d'avoir beaucoup de mal à m'endormir: le quartier des 9 Rues est bruyant le vendredi soir.

C'est donc un peu dans le pâté que je me suis levée ce matin. Le temps de faire nos ablutions dans la minuscule salle de bain, de nous préparer et de prendre tout un tas de photos, nous quittons le Miauw Suites vers 10h30 et nous dirigeons vers le Buffet van Odette recommandé par Analik (notre hôtesse). Ce restaurant situé un peu plus haut le long des canaux est minuscule mais sympathique et doté d'une carte fort alléchante. Fidèle à son habitude, Chouchou joue la carte du sucré en se commandant un grand petit déjeuner accompagné d'une omelette tandis que je satisfais ma boulimie de salé avec un délicieux steak sandwich garni d'oignons grelots et de mayonnaise à la moutarde, puis une soupe à la tomate façon BLT, pleine de roquette, de petits bouts de bacon frit et de morceaux de parmesan. Miam. Je pense qu'après ça, on va pouvoir sauter le repas de midi.

Le ventre plein et l'humeur au beau fixe, nous entreprenons d'explorer le quartier bobo des 9 Rues sous un soleil radieux. Il regorge de boutiques spécialisées toutes plus craquantes les unes que les autres. Parmi les boulangers, les fromagers et les marchands de primeurs aux appétissantes vitrines se nichent de petits cafés devant lesquels s'alignent trois ou quatre tables garnies de petits vases de fleurs. Ici, j'aperçois un magasin qui ne vend que des boutons de toutes les tailles et de toutes les formes; là, un autre qui fait dans les lunettes vintage. Le roi de la tong voisine avec un designer d'étonnants sacs à main; quelques bouquinistes côtoient une échoppe poussiéreuse remplie de vinyles. Je fais une longue incursion dans une parfumerie très chic où j'admire sans rien acheter des produits de marques... françaises assez difficiles à trouver chez nous, puis m'arrête au What's cooking, petit magasin spécialisé dans les accessoires culinaires, pour faire l'emplette de quelques brols. Un peu plus loin, Chouchou déniche un grand carnet d'aquarelle de la collection Moleskine. Plus loin encore, à la place de Zinne et Minne censé être l'Eva Luna local, nous tombons sur un Coq Sportif. La boutique de déco indiquée Tangram sur mon plan a depuis pris le nom de Niels, mais j'y déniche quand même des gobelets Marimekko presque deux fois moins chers qu'en Scandinavie - pourquoi, mystère.

Nous attaquons ensuite le quart nord-est du Jordaan, de l'autre côté de la ceinture des canaux. Le fabricant d'articles en cuir sur mesure chez qui nous voulions nous renseigner pour un serre-taille et qui n'est ouvert au public que quelques heures par jour a décalé ses horaires en ce samedi et vient juste de fermer, damned! Une mésaventure similaire nous attend à l'adresse de Fun Frames: le spécialiste des cadres en tous genres a laissé la lace à... une poissonnerie. Qu'importe, le quartier est ravissant et il fait bon s'y promener en mitraillant les devantures des magasins ou les façades des traditionnelles maisons à pignons. Quelques minutes au Kitsch Kitchen, l'empire du plastique, me plongent dans une grande perplexité (et me font presque saigner les yeux). Chez Simon Léveldt, j'achète deux variétés de thé vert parfumé choisies à l'odeur.

Nous commençons à être fatigués et un peu chargés. En reprenant le chemin de l'hôtel, nous passons devant Westerkerk (mais Chouchou n'est pas motivé pour monter en haut du clocher) et devant la maison d'Anne Frank reconnaissable à sa longue file d'attente. Jamais il ne me viendrait à l'idée de faire le pied de grue et de payer pour aller visiter le placard où une pauvre gosse a passé les deux dernières années de sa vie à se cacher des Nazis; je trouve ça parfaitement morbide. J'ai lu le livre et c'est bien suffisant. Arrivés au Miauw Suites, nous découvrons que nos affaires ont déjà été déménagées dans la chambre noire où nous devons dormir cette nuit. Elle est bien moins jolie que la précédente et je suis un peu déçue. Enfin tant pis, nous n'allons pas y passer beaucoup de temps de toute façon.

Nous repartons en direction de l'intérieur de la ceintures des canaux, vers le centre plus moderne d'Amsterdam. Kalverstaart, que nous descendons en partant de la place du Dam, me fait penser à la rue Neuve avec ses enseignes identiques à celles de toutes les grandes villes occidentales. Rien de bien intéressant, à part un De Tuinen (chaîne de drogueries hollandaises ou j'avais acheté plein de savons style Lush il y a dix ans) où je déniche un gel douche citron-menthe à l'odeur agréablement tonique, un Douglas où je fais l'acquisition d'un liner-feutre noir et d'un vernis à ongles Malava et un Noa Noa (enseigne scandinave repérée à Copenhague en septembre dernier) où je trouve une jupe d'été blanche absolument géniale et même pas trop chère. Le repas de ce matin étant digéré depuis belle lurette, nous faisons halte dans une galerie commerçante pour nous sustenter. Installés à côté d'une baie vitrée qui donne sur le Singel, Chouchou engloutit un panini et moi un croque fromage-ananas avec du ketchup: trop bon!

Il est encore tôt lorsque nous ressortons. Comme nous avons déjà fait beaucoup de shopping, je propose à Chouchou une petite croisière sur les canaux. Coup de bol, une des nombreuses compagnies qui proposent ce divertissement traditionnel est installée à deux pas de là sur le Rokin. Re-coup de bol, un bateau se prépare justement à partir. Nous achetons très vite nos billets et montons à bord dans les derniers. Nous nous retrouvons devant, avec une guide française dont le groupe compose l'essentiel de la clientèle. Très vite, Chouchou se rapproche de l'ouverture qui tient lieu de porte pour prendre des photos sans être gêné par la vitre. Un peu crevée, je reste sagement assise à admirer les bâtisses que nous longeons et à écouter les explications qui les accompagnent. Nous remontons à travers le Jordaan en direction du bras de mer situé derrière la gare centrale qui sépare le nord et le sud d'Amsterdam. Après avoir longé le NEMO, musée en forme de bateau conçu par l'architecte du Centre Pompidou, et une reproduction de bateau marchand du XVIIIème siècle entièrement construite par des chômeurs volontaires, nous achevons la boucle en regagnant notre point de départ. L'ensemble a pris environ une heure et a eu le mérite de reposer nos jambes en mouvement ininterrompu depuis ce matin.

Il est 18h30 quand nous débarquons, et tous les magasins ou presque ont déjà fermé. Nous prenons la direction de Leidesplein à proximité duquel se trouve le Hard Rock Café. Dans la boutique attenante, la vendeuse flashe sur Régis et nous bombarde de questions sur lui; un bonmoment s'écoule avant que je réussisse à en placer une pour demander si le sweat zippé que je convoite est un modèle femme ou enfant. Au final, le M me va comme un gant et je l'embarque. L'unique magnet disponible est aussi énorme que hideux, et je ne peux me résoudre à l'acheter. Chouchou craque pour un T-shirt à manches longues hyper rock'n'roll. Il essaie aussi un blouson en cuir dont la coupe ne lui va pas et une sacoche qui me paraît manquer un peu de la sobriété nécessaire pour aller avec tout. Nous nous posons ensuite la question de savoir où dîner. Nous nous ferions bien une table de riz dans un resto indonésien, mais nous n'avons ni adresse ni réservation. Aussi optons-nous pour la solution de facilité: le Hard Rock Café. Nous attendons trois quarts d'heure au bar en matant des vidéos des années 80 et en sirotant des cocktails. Une des serveuses s'amuse à grimacer derrière moi pendant que Chouchou me prend en photo. J'espérais avoir une table dans la salle du haut; nous resterons finalement en bas, juste à côté du bar mais près de la baie vitrée qui donne sur les canaux. Ce qui n'est pas si mal du tout. Je commande une Cobb salad histoire d'avoir encore faim pour un dessert... Mais il n'y a plus d'apple cobbler ni de cheesecake: seulement des gâteaux hyper chocolatés ou des glaces. Tant pis, ça me fera toujours économiser quelques milliers de calories supplémentaires.

Nous reprenons à pied le chemin de l'hôtel, dans l'idée que je récupère mon blouson doublé pour me protéger contre le froid nocturne avant de poursuivre en direction du quartier rouge. Mais Chouchou n'est pas plus motivé que ça et la journée a déjà été longue. Bien qu'il ne soit que 22h, nous décidons de la terminer gentiment dans notre chambre.

vendredi 19 septembre 2008

Suède - Malmö


L'hôtel Ibis est peut-être excentré et pourvu d'une déco tristement générique, mais je me prosterne devant son buffet petit déjeuner, le plus copieux et le plus varié que j'aie jamais vu. Comme j'ai toujours très faim le matin, je me compose un véritable repas avec une assiette de salé et une de sucré. La bouche pleine, je jette un coup d'oeil à la salle à manger bondée et demande à Chouchou: "A ton avis, ils font comment pour savoir qui a déjeuné ici ou pas?". Chouchou n'en a aucune idée. Et bien la réponse, c'est qu'ils ne font pas. Lorsque nous nous présentons au checkout, on ne nous facture rien en plus du prix de la chambre, dans lequel on nous a bien précisé hier soir que le petit dej' n'était pas compris. Bon.

Nous quittons l'hôtel avec nos bagages, que nous déposons à la consigne de la gare avant de prendre le bus n°2 en direction du Turning Torso, LE monument célèbre de Malmö. Composé de neuf cubes qui effectuent une rotation de 90° entre le sol et le sommet, c'est le plus haut bâtiment de Scandinavie avec ses 190 mètres pour 54 étages de bureaux et d'habitation exclusivement. Dans à peu près n'importe quel autre pays du monde, les promoteurs auraient collé un observatoire payant au dernier étage. Il faut croire que les Suédois n'ont pas l'esprit mercantile. C'est admirable, mais nous aurions bien aimé découvrir la vue d'en haut. Nous devons nous contenter de photographier le Turning Torso d'en bas. Certes, il y a à son pied un centre dédié qui propose une visite filmée de la tour, mais, comme de bien entendu, il est fermé. Un peu déçus, nous poussons à pied jusqu'au bord de mer voisin pour admirer, de loin, le pont qui relie la ville à Copenhague. Malgré la brume, on distingue la côte danoise en face.

Nous revenons vers le centre-ville, dans la partie plus traditionnelle que nous n'avions pas explorée hier. Nous nous promenons un petit quart d'heure dans un parc doublé d'un cimetière, en nous amusant de voir des jeunes mamans pousser leur bébé ou des vieillards prendre le soleil sur les bancs entre les pierres tombales. Cent mètres plus haut, les rues regorgent de boutiques de design. Une fois de plus, je peste contre les limitations imposées par la taille et le poids de mes bagages.

Nos pas (et notre estomac qui commence à crier famine malgré le copieux petit dej') nous ramènent vers la place Lilla Torg. Après avoir fait le tour des nombreux restos du coin, nous jetons notre dévolu sur le Victors, une sorte de brasserie qui sert des plats suédois sur sa grande terrasse chauffée - malgré le soleil et le ciel bleu, il ne doit pas faire beaucoup plus de 10°. La carte est uniquement en langue autochtone. J'arrive à identifier certains mots, mais pas tous. Craignant de me retrouver avec une assiette de harengs, je joue la carte de la sûreté et commande une salade italienne. C'est, en quatre repas principaux, la troisième fois que je mange du fromage de chèvre; je vais bientôt me mettre à bêler. Je regrette un peu mon choix en voyant arriver de somptueux pavés de saumon à la table voisine.

Comme nous avons encore un peu de temps devant nous, nous nous mettons en quête du magasin de SF/fantasy aperçu hier soir alors que notre bus longeait Davidshallsgatan. Nous passons un bon moment à admirer leurs rayons pleins d'artbooks géniaux, de T-shirts délirants ou de bandes dessinées suédoises. En remontant vers la gare, je ne résiste pas au plaisir d'entrer dans une boutique Noa Noa, une enseigne de fringues scandinave qui était également présente à Copenhague. Et là, je me mords les doigts d'avoir déjà claqué tout mon budget shopping. C'est plein de jupes longues à volants superposés, de robes craquantes et de mignons manteaux structurés, sobres avec juste ce qu'il faut de détails originaux. Ca ressemble à du One Step ou du IKKS (deux de mes marques fétiches), et c'est à peu près dans la même gamme de prix. Argh. Une prochaine fois, je serai plus prévoyante.

En arrivant à la gare, nous apprenons que le train de 14h42 vers l'aéroport de Kastrup est annulé pour une raison inconnue. Heureusement qu'il y en a toutes les vingt minutes et que nous pouvons encore être à l'heure en prenant le suivant. Nous sommes assez intrigués par la présence de nombreux policiers en uniforme sur les quais. Le lendemain, en nous connectant sur internet, nous apprendrons que des manifestations altermondialistes avaient lieu ce soir-là à Malmö, et qu'elles ont d'ailleurs assez violemment dégénéré.

Notre retour en avion se déroule sans problème. Après cette chouette semaine de vacances, nous sommes un peu tristes de retrouver la grisaille bruxelloise - et un froid largement pire qu'en Suède, comme nous nous en apercevons en attendant le 71 une bonne demi-heure devant la gare centrale.

mardi 16 septembre 2008

Danemark - Copenhague (Osterport, Ny Havn, Tivoli)


Nous nous réveillons vers 8h. Le petit déjeuner de l'hôtel est sympa: des sandwichs de différentes sortes emballés dans de petites poches en papier, de la salade fruits coupée en morceaux minuscules et servie dans des verres, et puis surtout du vrai thé vert japonais en vrac! Par contre, je ne raffole pas des fauteuils bas et des tables minuscules sur lesquelles il faut se pencher façon Quasimodo pour manger à peu près proprement.

Nous remontons dans la chambre pour un interlude classé X fort satisfaisant. Lorsque nous redescendons, douchés, habillés et un sourire béat aux lèvres, nous apprenons qu'une autre de nos chambres favorites est libre pour ce soir, et que le ménage y ayant déjà été fait, nous pouvons avoir les clés tout de suite! Nous montons donc nos bagages dans la 502, baptisée "Royal wedding collages". Chambre sous les toits, murs dans les tons verts et blanc, voile en tulle drapé autour du lit et bergère peu confortable mais très photogénique. Nous en profiterons plus tard. Pour l'instant, direction la station Norreport, où nous devons prendre le S-Tog jusqu'à Osterport.

Sans doute flottons-nous encore sur notre petit nuage, car lorsqu'un train se présente au moment où nous débouchons sur le quai, nous montons dedans sans nous poser de questions. C'est cinq secondes plus tard que je réalise: "Tu as composté les tickets?" "Non". Nous rebroussons chemin en courant. Les portes se referment alors que Chouchou est descendu sur le quai et moi toujours à l'intérieur du wagon. Je lui fais signe qu'on se retrouve à la station suivante (qui est aussi notre destination). Par chance, je ne tombe pas sur des contrôleurs pendant ce bref voyage, et Chouchou me rejoint quelques minutes plus tard.

Le ciel est un peu gris ce matin. Nous marchons un petit moment pour atteindre le bord de l'eau et la fameuse petite sirène. Qui me fait à peu près le même effet que le Mont Rushmore: je la voyais plus grande. Et plantée à l'entrée du port plutôt qu'à cinquante centimètres du bord de l'eau. Malgré les touristes agglutinés autour, nous réussissons à faire pas mal de photos, notamment avec Régis. On doit nous prendre pour des illuminés, mais nous avons l'habitude.

Comme le métro ne passe pas dans les parages et que nous n'avons pas de plan des bus, nous nous dirigeons à pied vers Ny Havn ("Nouveau Port"). Les parages ne sont pas hyper riants ni animés; nous sommes dans la partie industrielle du port puis, dès que nous nous écartons des quais, dans un quartier probablement administratif. En passant près du palais d'Amalienborg, nous tombons par pur hasard sur la relève de la garde. Nous nous joignons à la foule pour y assister, mais au bout de plusieurs minutes pendant lesquelles il ne s'est rien passé ou presque, nous finissions par nous lasser. Quelques imbéciles tourmentent un jeune garde censé rester parfaitement immobile pour tenter de lui arracher une réaction. Ca m'énerve. Du coup, je n'essaie pas de m'approcher pour le photographier avec Régis à côté.

Ny Havn est une image de carte postale avec ses façades colorées et ses terrasses de restaurant alignées sur tout un côté. Après l'avoir photographié sous tous les angles, nous épluchons les cartes en anglais pour trouver un endroit où manger: nous approchons de midi et demie et comme nous avons beaucoup marché, le petit dej' nous paraît déjà loin! Nous finissons attablés, Chouchou devant un club sandwich et moi devant une sorte d'assiette dégustation danoise. Ce n'est ni mauvais ni transcendant; je voudrais juste savoir pourquoi ils mettent de la sauce au curry avec tous les plats. En dessert, par contre, nous nous partageons un gâteau aux noix délicieux.

Nous retournons, toujours à pied, vers l'hôtel de ville en passant par les petites rues commerçantes en dessous de Stroget. Notre prochaine étape: la visite du Dansk Design Center, autrement dit, le Centre du Design Danois. Nous sommes étonnés de payer nos entrées demi-tarif. Puis nous nous apercevons que la moitié des expositions seulement sont disponibles, les deux grandes salles du rez-de-chaussée étant actuellement en travaux. Dommage: ce que nous voyons nous plaît énormément et nous laisse un goût de trop peu. Au sous-sol, deux longues vitrines bordant un couloir mal éclairé abritent des objets dont le design est devenu iconique - on y trouve même une poupée Barbie et des Lego! En face, dans une salle aux murs nus, une table est couverte de flacons, de bricks ou de paquets en carton blanc portant une simple inscription en lettres noires ("good vibes", "up and downs", "stress killers") qui invite le visiteur à réfléchir sur sa façon de consommer. Au premier étage, une exposition temporaire présente des emballages de produits alimentaires écolo-minimalistes et un meveilleux display holographique accompagné d'une voix qui explique, en anglais, comment les entreprises et les particuliers peuvent minimiser leur impact sur l'environnement. Une simplicité très étudiée, une pureté jamais ennuyeuse, un naturel reposant: telles semblent être les caractéristiques du design scandinave.

Malheureusement, pendant notre visite au DDC, il s'est mis à pleuvoir. Nous contournons le Tivoli à pied dans l'idée d'explorer Istedgade, l'avenue chaude peu à peu grignotée par les boutiques de jeunes designers selon notre guide. Mais après l'avoir parcourue sur quelques centaines de mètres, nous avons essentiellement vu des vitrines pleines de sextoys de plus mauvais goût les uns que les autres. Grognon, je réclame à faire demi-tour. Sur le chemin de l'hôtel, nous trouvons un cybercafé dans lequel nous nous réfugions pour consulter nos mails et, avec un peu de chance, attendre la fin de l'averse. Nous y restons une demi-heure, et il pleut toujours lorsque nous ressortons. Grmbl. Quand je pense que dans les cartes postales rédigées ce midi, je vantais le beau temps de Copenhague!

Une petite pause dans notre jolie chambre nous permet de reposer nos jambes. Le ciel une fois dégagé, nous retournons au Tivoli. Ce soir, nous avons l'intention de tester les manèges repérés hier. Nous commençons par les balançoires suspendues qui montent haut, haut, haut... Un petit moment d'angoisse pendant l'ascension, vite oublié dès que les sièges se mettent à tourner. Malgré le froid, la sensation de voler (ou presque) au-dessus des toits est extrêmement grisante. A côté de ça, évidemment, la "petite grande roue" et ses nacelles en forme de montgolfière n'offrent guère de sensations - mais tout de même une jolie vue sur le parc dont les lumières s'allument avec l'approche de la nuit. Nous faisons un tour au pays des contes d'Andersen, un manège dont ont dû s'inspirer le Peter Pan et le It's a small world de Disneyland. J'en avais oublié tout un tas, et les commentaires en anglais me remémorent à quel point l'univers de cet auteur était cruel. Dernière attraction du jour: le Daemon, un grand huit à sept boucles dans lequel je refuse de monter avec Chouchou, craignant les à-coups dans la nuque. Lui, en revanche, redescend enchanté.

L'estomac dans les talons, nous nous dirigeons vers Wagamama où, après une courte attente, on nous place à l'extrémité d'une grande table commune. Ce n'est pas le genre de choses dont je raffole, mais la cuisine - du japonais louchant un tantinet sur la world fusion - est fantastiquement bonne. Nous partageons un saumon teriyaki délicieux et une immense soupe dans laquelle nagent tofu, viande, crevettes et légumes. Je suis par contre très déçue d'apprendre que les jolis T-shirts rouges "Wagamama Tivoli" portés par les serveuses sont en rupture de stock. D'un autre côté, je collectionne déjà les T-shirts HRC; ce n'est peut-être pas la peine de me lancer dans une deuxième quête internationale du même style.

Nous avions envisagé de refaire un tour sur les manèges du Tivoli après manger, mais nous sommes crevés et il fait vraiment froid. De retour à l'hôtel, nous allumons la télé et tombons sur l'épisode final de "A shot at love with Tila Tequila", sorte de Greg le Millionnaire où le coeur à conquérir est celui d'une ex-star du porno bisexuelle. Il ne reste qu'un candidat garçon et une candidate fille en lice. Le premier est mignon et a l'air d'un parfait petit con. La seconde a un physique androgyne et est touchante de sincérité. Bien entendu, Tila part avec le bogoss: d'après mon expérience personnelle et mes observations, les bis couchent aussi bien avec des garçons qu'avec des filles mais finissent en général par former un couple hétéro. Bref.

Avant de m'endormir, je feuillette le sublime "Goddess guide" acheté hier chez Urban Outfitters. J'ai la surprise d'y trouver une double page consacré à l'anthologie de sacs à main de Nathalie Lecroc, qui avait fait le portrait de mon Sequoïa gris en... 1999, je pense. Je suis contente d'apprendre qu'elle a poursuivi son projet au-delà des 100 sacs initialement prévus, et qu'elle devrait bientôt publier un recueil de ses aquarelles.

lundi 15 septembre 2008

Danemark - Copenhague (Latinerkvarteret, Tivoli)


Réveil: 4h15. Urgh. Taxi jusqu'à la gare centrale (pas de bus à cette heure-ci): 4h50. Train vers Zaventem: 5h04. Vingt minutes plus tard, nous sommes à l'aéroport. Notre avion ne décollant qu'à 7h, après avoir enregistré notre petite valise, il nous encore reste assez de temps pour petit-déjeuner dans une sorte de cafétéria qui propose des assiettes oeufs-tomates-bacon - même si Chouchou, en bon bec sucré, préfère s'enfiler deux viennoiseries.

A 8h40, nous nous posons à Kastrup, sacré plus bel aéroport du monde en 2000. Il semble y avoir un soleil radieux dehors même si les températures annoncées pour la semaine sont plustôt frisquettes. Nous récupérons assez rapidement nos bagages et faisons l'emplette d'une carte de transports en commun à un distributeur. Puis nous prenons le métro jusqu'à Norrebro, la station la plus proche de notre hôtel. Le train est tout propre et ce que nous apercevons par la fenêtre durant la partie aérienne du trajet nous conforte dans l'idée que cette ville devrait nous plaire.

Au sortir du métro, après nous être trompés de direction, nous marchons jusqu'à Jarmers Plads. Une dizaine de minutes plus tard, nous arrivons devant la façade de l'hôtel, qui ne paie guère de mine à cause des travaux en cours dans le restaurant attenant. Le hall très design et la sexytude courtoisie du monsieur préposé à l'accueil nous rassurent cependant très vite. De plus, l'une des trois chambres qui figurent en tête de notre liste de préférences sera libre ce soir, youpi! Mais pour l'instant, elle n'est pas faite. Nous laissons donc notre valise à la réception et partons à pied en direction du Quartier Latin (oui, ça s'appelle vraiment comme ça) distant d'à peine 500 mètres.

Douze pas après l'entrée de Frederiksberggade, j'effectue mon premier arrêt dans une boutique de souvenirs gardée par un troll grandeur nature. Cartes postales, timbres, magnets - ça, c'est fait! La suite me désarçonne quelque peu. Je suis ravie de faire quelques achats chez Accessorize et chez Urban Outfitters (comme si je n'avais pas déjà eu ma dose à Londres en juillet), mais quand je vois se succéder un Body Shop et un Topshop, je commence à me demander où sont les enseignes danoises... Quant aux Magasins du Nord (en français dans le texte), censés être l'équivalent local des Galeries Lafayette, je les trouve à peine moins rébarbatifs que l'Inno. Bon bon bon.

Heureusement, le soleil est radieux, l'air piquant juste ce qu'il faut, et les gens que nous croisons n'ont pas le côté speed ou hautain des Parisiens et des Londoniens. Malgré la fraîcheur, beaucoup d'entre eux prennent un verre en terrasse ou paressent sur un banc. Les filles sont majoritairement blondes aux yeux bleus et, ma foi, plutôt agréables à regarder. Les bâtiments aussi: dans une rue latérale, nous apercevons quelques-unes des fameuses façades colorées; plus loin, nous admirons Vor Frue Kirke, imposante cathédrale néo-classique.

Arrivés place Kongens Nytorv, nous faisons demi-tour et repartons dans les petits rues plus "bobo" au nord de Stroget. C'est là que nous avons notre premier coup de coeur, avec la boutique/galerie d'art floral Tage Andersen recommandée par le Cartoville (un des rares city guides en français sur Copenhague). L'entrée coûte 40 DKK, soit environ 5€, ce que nous ignorions. Mais la visite les vaut largement tant l'endroit est enchanteur. On se croirait dans un conte de fées, un mini-Brocéliande recréé en intérieur. L'exiguité des lieux et leur côté alambiqué ajoutent encore à leur charme. Un paon se promène languissamment dans une petite cour; des poissons s'ébattent dans une fontaine moussue, et on ne serait pas surpris d'apercevoir un lutin caché derrière l'une des étonnantes compositions végétales ou une fée voletant au-dessus des bouquets de fleurs exotiques. Il paraît que Tage Andersen expose partout dans le monde; je vais guetter ses prochains déplacements.

Nous commençons à avoir faim. Je repère sur notre guide un endroit qui semble parfait: le Café du Musée de la Poste, situé non loin de là et qui propose "de la cuisine danoise légère à des prix raisonnables". En chemin, nous nous arrêtons chez Ordning et Reda que Chouchou ne connaît pas et où nous faisons tous deux de menues emplettes. Nous remontons Kobmagergade et finissons par trouver le Café du Musée de la Poste... dont le jour de fermeture est justement le lundi, et qui ne sert que jusqu'à 17h le reste de la semaine. Raté. Après avoir un peu hésité, nous atterrissons dans un buffet chinois - pour ce qui est de goûter la cuisine nationale, on repassera!

Nous nous rendons ensuite à Rundetarn. Conçue pour l'observation astronomique, cette Tour Ronde présente une particularité unique au monde: en guise d'escalier, tout son intérieur n'est qu'une immense spirale pentue qui permettait jadis de hisser les télescopes montés sur roulettes jusqu'à son sommet culminant à une trentaine de mètres. Nous arrivons en haut un peu essoufflés, mais oublions bien vite nos efforts en découvrant la très jolie vue sur les toits des quartiers environnants. La Tour Ronde abrite également une sorte de galerie du design que nous traversons en admirant la structure de l'immense pièce - rah, vivre dans un loft aussi spacieux, avec ces murs de pierre blanche et ces magnifiques poutres apparentes! Dans le guest book, nous laissons un petit dessin de Régis. Je sens que ça va devenir une habitude...

Passage par la place des petits Frères Gris que le guide signale comme ravissante avec son arbre immense et ses façades colorées. Nous y trouvons même un resto au nom français: "Le petit tortus". "Le grand tort tus aussi", fais-je remarquer. Oui, bon. Après une nuit de deux heures, faut pas non plus s'attendre à ce que je rivalise avec les Monty Python.

Nous avions envisagé de visiter le Musée de l'Erotisme tout proche, mais le vestibule et son ridicule diorama nous font rapidement faire demi-tour. Nous sommes maintenant levés depuis plus dix heures et les effets de notre nuit écourtée commencent à se faire sentir. Nous décidons de repasser à l'hôtel pour prendre possession de notre chambre et faire une petite pause. Plutôt que de refaire Stroget et Frederiksberggade dans l'autre sens, nous empruntons les rues parallèles qui courent au sud: Laederstraede et Kompagnistrade. Nous y découvrons de ravissants magasins de déco ludique et colorée, certains aux prix accessibles et d'autres non. Dans un très grand magasin de gadgets, le vendeur barbu et visiblement très cool nous prévient qu'il va nous enfermer quelques minutes "le temps d'aller acheter des clopes". Ca nous fait rire (et m'inspire quelques idées coquines que je ne mets cependant pas à exécution, me jugeant un peu trop couverte). Depuis ce matin, nous observons que les Danois ne sont pas du tout paranos et ne semblent pas redouter le vol à l'étalage. On ne se sent nullement surveillé dans leurs boutiques, et c'est bien agréable.

Vers 16h, enfin, nous nous posons dans la chambre 204, la "Tokidoki" au décor de manga acidulé. A peine avons-nous retiré nos chaussures que nous commençons à mitrailler chaque détail des murs! Puis nous comatons un petit moment sur le lit.

Nous ressortons vers 17h, direction le légendaire parc d'attractions du Tivoli, donc Disney s'est inspiré pour créer les siens. Nous avons de la chance: c'est la semaine avant la fermeture automnale, et à cette occasion, l'entrée manèges inclus, dont le prix s'élève habituellement à 285 DKK, ne coûte que 100 DKK, soit environ 13€! A l'intérieur, il règne une atmosphère presque surannée; on se croirait revenu un siècle en arrière. Les stands de friandises vendent aussi des fruits frais; il n'y a qu'une seule (petite) boutique de souvenirs dans tout le parc; aux attractions se mêlent un théâtre de plein air, un kiosque à musique, un étang, des fontaines à jets d'eau, des massifs de fleurs, des promenades abritées et une foule de petits restaurants. Et même si je ne crache pas sur le côté "over-the-top" ultra-américain des parcs Disney ou Universal, je suis dix fois plus séduite par ce parc-là où le temps semble s'être arrêté en une époque plus simple, moins soumise à la frénésie de consommation.

Le Hard Rock Café se trouve à un coin du parc. Poussés par la faim, nous nous en approchons un peu avant 19h... et nous heurtons à un panneau "Closed for private party". Mon désespoir est grand. Heureusement, en nous rendant à l'entrée située à l'extérieur du parc, sur Vesterbrogade, nous nous apercevons que le resto est bel et bien ouvert - juste d'un seul côté. A la boutique, nous faisons l'emplette de gilets molletonnés à capuche - le même pour tous les deux, et tant pis s'ils nous donnent l'air de Tweedledee et Tweedledum. Le décor du resto, plus sobre que dans les autres HRC de ma connaissance, me déçoit quelque peu, mais je retrouve la musique et la cuisine que j'aime. Une creamy chicken salad et un demi-apple cobbler plus tard, je prends le chemin du retour avec Chouchou. Heureusement que l'hôtel n'est pas loin, parce qu'entre la fatigue et tout ce que je viens d'ingurgiter, j'ai un peu de mal à garder les yeux ouverts. D'ailleurs, une fois dans la chambre, nous n'avons qu'une idée en tête: dormir.

vendredi 25 juillet 2008

Angleterre - Londres


Je n'ai pas mis les pieds à Londres depuis six ans. La dernière fois, j'étais allée faire les soldes d'hiver avec Philou et nous avions dormi dans un hôtel de Bayswater au confort minimal et à la propreté douteuse. Ce coup-ci, j'y retourne avec mon amoureux, en été, et dans un 3 étoiles que j'ai passé des heures à choisir sur le Net pour son rapport qualité-prix et son emplacement. Ma liste d'endroits à visiter, en revanche, est restée sensiblement la même... Je n'étonnerai pas les gens qui me connaissent en révélant que 80% d'entre eux sont des magasins et les 20 autres %, des endroits où l'on mange. Heureusement, Chouchou va nous servir d'alibi culturel: il veut absolument aller voir une expo photo à la Tate Modern Gallery.

Le réveil sonne bien trop tôt à mon goût: avant 5 h du matin. Oui, mais notre Eurostar part à 6h59 et nous devons être à la gare une demi-heure avant. Motivée à la pensée de mon futur shopping, et bien que j'aie dû m'endormir vers les 2h, je me tire du lit plus facilement que Chouchou - mais bon, j'ai moins de sommeil en retard. Nous avons tout préparé la veille et après une douche rapide plus une tasse de thé, nous allons prendre l'habituel bus 71 + métro. Il est à peine 6h lorsque nous arrivons à la Gare du Midi. J'ai tout le temps d'acheter un pain saucisse chez Panos (tant de gras chaud et croustillant au saut du lit, c'est un vrai bonheur) et de quoi lire dans le train. Les formalités d'embarquement me font halluciner. D'abord, on passe un portique dans lequel on doit introduire nos billets. Ensuite, on a droit au détecteur à métaux, comme à l'aéroport. Enfin, on présente nos papiers à la douane. "Libre circulation des personnes", c'est vite dit, quand même...

Une heure cinquante plus tard, nous débarquons à St-Pancras. La gare est claire et propre, très agréable. Oh, un Paperchase... Must-wait-until-later. Après avoir retiré des livres et acheté des travel cards pour la journée, nous nous engouffrons dans le métro. J'avais oublié combien les trains londoniens sont vétustes, étroits et bas de plafond. "Mais tu ne peux toujours pas te tenir aux poignées", fait remarquer Chouchou. Gni gni gni.

Nous revenons à la surface sur Oxford Circus. Je fais un tour sur moi-même. Damned, j'étais sûre que Topshop ne se trouvait pas loin... J'accoste la première Anglaise de moins de 50 ans qui sort du métro. "Excuse me miss, could you tell me where Topshop is?" Sans un mot, elle tend un doigt. Le magasin, dont la devanture doit faire cinquante mètres de large et l'enseigne dix mètres de haut, se trouve juste derrière moi. Me ridiculiser auprès des indigènes: ça, c'est fait.

Topshop ouvre à 9h. A cause du décalage horaire, il n'est que 8h45 heure locale, mais une petite foule de fashionistas se masse déjà devant l'entrée. On dirait des coureurs de marathon dans les starting blocks. J'en écraserais presque une larme d'émotion tellement c'est beau. Dès l'ouverture des portes, nous nous ruons à l'intérieur. Après une séance d'essayage de lunettes rigolotes et un rapide petit dej' chez Eat, je me mets en chasse dans les trois étages femme du magasin. J'ai une idée relativement précise de ce que je cherche et... je ne le trouve pas. Ca commence bien. Je dégote quand même un spencer sympa et quelques franfreluches. Mais j'étais partie pour faire le plein de T-shirts rock'n'roll et aucun ne me plaît. C'est d'autant plus ennuyeux que comptant sur mes nouvelles fringues, je n'ai pas emporté de haut de rechange pour demain, et je sens qu'avec la chaleur qu'il fait dehors, jamais je n'arriverai à remettre celui que j'ai sur le dos. En même temps, la journée ne fait que commencer et Londres ne manque pas de magasins. C'est bien le diable si je n'arrive pas à dégoter un T-shirt!

Un petit tour chez Topman (l'étage réservé aux hommes) nous permet de dénicher, après de longues recherches, un chouette jean pour Chouchou. £20 à peine. Bon, ça va, je ne vaudouiserai pas Topshop cette fois-ci.

Une station de métro plus loin, nous sortons sur Tottenham Court Road que nous remontons en direction du flagstore Paperchase, grande surface consacrée à la papeterie, aux fournitures de dessin et aux accessoires de bureau. Ma visite m'enthousiasme moins que les précédentes, ce qui ne m'empêche pas de ressortir avec un gros sac plein qui s'annonce difficile à trimballer jusqu'au soir.

Nous continuons à pied en direction de Shaftesbury Avenue. Petit cafouillage à cause des travaux qui nous compliquent le repérage sur le plan. Il ne nous faut néanmoins pas trop longtemps pour arriver au Forbidden Planet, librairie SF/fantasy mythique dont un des auteurs que je traduis fut le premier manager dans les années 70. Là encore, déception. Je gardais le souvenir d'une merveilleuse caverne d'Ali Baba bourrée de trésors improbables; je découvre rangée sur rangée bien alignées de merchandising Indiana Jones, Star Wars ou Le Seigneur des Anneaux. Et dans leurs back issues de comics, ils n'ont même pas ce que je cherche (le dernier numéro de Strangers in Paradise dans les deux couvertures alternatives qui me manquent). J'embarque quand même une mini-série dédicacée de Jamie McKelvie, dont j'avais bien aimé "Phonogram". Et Chouchou est tout content de trouver un art book Wall-E.

Il commence à faire faim. Ca tombe bien, nous sommes juste à côté de Neal Street et du Food for Thought, un minuscule fast food végétarien dont je raffole. A condition évidemment qu'il n'ait pas disparu depuis ma dernière visite à Londres. Ouf, non: il est toujours là. Et mon strawberry banana scrunch adoré figure encore à la carte, youpi! Je mange en poussant de petits grognements de délectation. Very sexy. Et quand je cale, comme d'habitude, Chouchou ne se fait pas prier pour terminer mes restes.

Nous longeons Neal Street en direction de Covent Garden. Un arrêt chez Origins pour racheter un masque "Out of Trouble". Un autre à la Tea House où j'ai déjà acheté plusieurs théières anglaises ravissantes, dont une machine à espresso et un extra-terrestre armé d'un pistolet laser. J'espère y dénicher une nouvelle pièce pour mon envahissante collection... Pas de chance: si la boutique propose toujours une grande quantité de thés en vrac (dont plein de verts et de blancs, mes préférés), elle ne vend plus que des théières de type chinois assez quelconques. Décidément, le dieu du shopping est contre moi aujourd'hui.

Une visite chez Muji plus tard (je continue à m'équiper en rangements transparents pour mes fournitures de scrap), nous sommes bien chargés et passablement épuisés. Après avoir acheté des places à l'un des kiosques de Leicester Square pour voir "Stomp" ce soir, nous décidons de faire un crochet par l'hôtel: tant pis s'il est excentré, nous avons besoin de nous débarrasser de nos paquets et de souffler un peu. Direction Bayswater et le New Linden Hotel, situé à environ dix minutes à pied du métro. Dès qu'on s'écarte de l'avenue hyper animée, les rues deviennent ravissantes et paisibles. A en juger leur nom, nous devons nous trouver dans le quartier russe. La réceptionniste nous annonce une bonne nouvelle: nous avons été upgradés! De fait, notre chambre est spacieuse, décorée avec beaucoup de goûts et pourvue d'un tas de commodités, dont une douche où on doit facilement pouvoir tenir à six ou sept. Si seulement nous n'étions pas crevés...

Passage au centre commercial voisin, le Whiteley's, dont je gardais un fort bon souvenir. Je ne sais pas pourquoi, je le trouve très ordinaire cette fois. J'y dégote tout de même l'intégrale de BlackAdder en DVD pour £30. Chouchou ne connaît pas; je suis curieuse de découvrir si ça lui plaira. Dans le cas contraire, je serai forcée de le quitter.

Retour dans le centre, du côté de Picadilly Circus. Nous pensions goûter/dîner d'un high afternoon tea dans le nouveau restaurant de Fortnum & Mason. Mais £38 euros, service de 12,5% non compris, ça fait un peu chérot. Dépitée, je ressors sans même acheter de biscuits butterscotch à 1812 calories la miette, ni de marmelade à l'orange zestée. Une visite au giga Waterstone voisin s'avère tout aussi décevante: le magasin est moche et mal achalandé. C'est officiel, Londres ne veut pas de mes sous cette fois. En apercevant le Japan Center, je ne peux m'empêcher d'entrer. A peine franchie la porte, nous sommes assaillis par une odeur de bouffe si typique qu'en fermant les yeux, on se croirait transportés dans un food court à Tokyo. Au désespoir, je gémis: "Je veux retourner au Japon". "Moi aussi", avoue piteusement mon amoureux. En attendant, on va se contenter de mousselines de genmaicha bio.

Bien qu'il soit encore tôt, les magasins commencent à fermer. Nous avons encore deux heures devant nous avant le début du spectacle. A Leicester Square, l'estomac dans les talons, nous jetons notre dévolu sur le premier resto italien venu. Pioche moyenne: la serveuse est sympathique et les prix corrects, mais la bouffe très ordinaire. C'est pourtant pas dur de faire des pâtes délicieuses...

Pour tuer le temps qui nous reste, nous nous baladons dans le quartier chinois et dans une galerie marchande des environs. L'odeur qui s'échappe d'un buffet à volonté me fait regretter de n'avoir pas poussé 500 mètres plus loin avant de choisir où manger. Je suis à la limite de la grognonitude. Ca a intérêt à être bien, "Stomp"!

...Verdict en sortant du New Ambassadors à 22h: ce n'était pas bien, c'était génial. Chouhcou et moi sommes tout guillerets d'avoir vu un spectacle à la fois aussi original et aussi réussi. Vraiment emballés, nous reprenons le métro pour la dernière fois de la journée. En sortant à Bayswater, nous nous arrêtons au McDo pour apaiser la soif de Chouchou et mon petit creux. Nous sirotons nos boissons en marchant dans les rues obscures et quasi-désertes. Je traîne un peu la patte et je meurs d'envie de faire pipi, mais la douceur de l'air nocturne m'enchante. Malgré les déconvenues de la journée, je ne voudrais être nulle part ailleurs, ni surtout avec personne d'autre.

Arrivés à l'hôtel, nous nous déshabillons et, gluants de transpiration, nous nous asseyons en tailleur sur le beau lit à baldaquin, face à face avec une boîte de nuggets de poulet et un pot de sauce barbecue entre nous. Cet étrange pique-nique nudiste, typique de la fantaisie qui gouverne notre relation, est une excellente conclusion à la journée.