vendredi 19 septembre 2008

Suède - Malmö


L'hôtel Ibis est peut-être excentré et pourvu d'une déco tristement générique, mais je me prosterne devant son buffet petit déjeuner, le plus copieux et le plus varié que j'aie jamais vu. Comme j'ai toujours très faim le matin, je me compose un véritable repas avec une assiette de salé et une de sucré. La bouche pleine, je jette un coup d'oeil à la salle à manger bondée et demande à Chouchou: "A ton avis, ils font comment pour savoir qui a déjeuné ici ou pas?". Chouchou n'en a aucune idée. Et bien la réponse, c'est qu'ils ne font pas. Lorsque nous nous présentons au checkout, on ne nous facture rien en plus du prix de la chambre, dans lequel on nous a bien précisé hier soir que le petit dej' n'était pas compris. Bon.

Nous quittons l'hôtel avec nos bagages, que nous déposons à la consigne de la gare avant de prendre le bus n°2 en direction du Turning Torso, LE monument célèbre de Malmö. Composé de neuf cubes qui effectuent une rotation de 90° entre le sol et le sommet, c'est le plus haut bâtiment de Scandinavie avec ses 190 mètres pour 54 étages de bureaux et d'habitation exclusivement. Dans à peu près n'importe quel autre pays du monde, les promoteurs auraient collé un observatoire payant au dernier étage. Il faut croire que les Suédois n'ont pas l'esprit mercantile. C'est admirable, mais nous aurions bien aimé découvrir la vue d'en haut. Nous devons nous contenter de photographier le Turning Torso d'en bas. Certes, il y a à son pied un centre dédié qui propose une visite filmée de la tour, mais, comme de bien entendu, il est fermé. Un peu déçus, nous poussons à pied jusqu'au bord de mer voisin pour admirer, de loin, le pont qui relie la ville à Copenhague. Malgré la brume, on distingue la côte danoise en face.

Nous revenons vers le centre-ville, dans la partie plus traditionnelle que nous n'avions pas explorée hier. Nous nous promenons un petit quart d'heure dans un parc doublé d'un cimetière, en nous amusant de voir des jeunes mamans pousser leur bébé ou des vieillards prendre le soleil sur les bancs entre les pierres tombales. Cent mètres plus haut, les rues regorgent de boutiques de design. Une fois de plus, je peste contre les limitations imposées par la taille et le poids de mes bagages.

Nos pas (et notre estomac qui commence à crier famine malgré le copieux petit dej') nous ramènent vers la place Lilla Torg. Après avoir fait le tour des nombreux restos du coin, nous jetons notre dévolu sur le Victors, une sorte de brasserie qui sert des plats suédois sur sa grande terrasse chauffée - malgré le soleil et le ciel bleu, il ne doit pas faire beaucoup plus de 10°. La carte est uniquement en langue autochtone. J'arrive à identifier certains mots, mais pas tous. Craignant de me retrouver avec une assiette de harengs, je joue la carte de la sûreté et commande une salade italienne. C'est, en quatre repas principaux, la troisième fois que je mange du fromage de chèvre; je vais bientôt me mettre à bêler. Je regrette un peu mon choix en voyant arriver de somptueux pavés de saumon à la table voisine.

Comme nous avons encore un peu de temps devant nous, nous nous mettons en quête du magasin de SF/fantasy aperçu hier soir alors que notre bus longeait Davidshallsgatan. Nous passons un bon moment à admirer leurs rayons pleins d'artbooks géniaux, de T-shirts délirants ou de bandes dessinées suédoises. En remontant vers la gare, je ne résiste pas au plaisir d'entrer dans une boutique Noa Noa, une enseigne de fringues scandinave qui était également présente à Copenhague. Et là, je me mords les doigts d'avoir déjà claqué tout mon budget shopping. C'est plein de jupes longues à volants superposés, de robes craquantes et de mignons manteaux structurés, sobres avec juste ce qu'il faut de détails originaux. Ca ressemble à du One Step ou du IKKS (deux de mes marques fétiches), et c'est à peu près dans la même gamme de prix. Argh. Une prochaine fois, je serai plus prévoyante.

En arrivant à la gare, nous apprenons que le train de 14h42 vers l'aéroport de Kastrup est annulé pour une raison inconnue. Heureusement qu'il y en a toutes les vingt minutes et que nous pouvons encore être à l'heure en prenant le suivant. Nous sommes assez intrigués par la présence de nombreux policiers en uniforme sur les quais. Le lendemain, en nous connectant sur internet, nous apprendrons que des manifestations altermondialistes avaient lieu ce soir-là à Malmö, et qu'elles ont d'ailleurs assez violemment dégénéré.

Notre retour en avion se déroule sans problème. Après cette chouette semaine de vacances, nous sommes un peu tristes de retrouver la grisaille bruxelloise - et un froid largement pire qu'en Suède, comme nous nous en apercevons en attendant le 71 une bonne demi-heure devant la gare centrale.

jeudi 18 septembre 2008

Danemark - Copenhague ; Suède - Malmö


Ce matin, nous quittons à regret l'hôtel Fox. Avant de nous diriger vers Norreport pour prendre le train qui nous conduira en Suède, nous faisons un petit tour dans un magasin de JdR, jeux de plateau, comics et romans de fantasy repéré hier dans une ruelle voisine. J'y achète un petit jeu de cartes baptisé "Sleeping queens" parce que les illustrations me font craquer et qu'on peut y jouer à 2. Je note aussi les références de plusieurs autres articles que j'achèterais plus tard par correspondance: là, le budget shopping est presque autant explosé que nos bagages.

Petit cafouillage au moment de prendre les billets de train: Chouchou, qui s'en charge, oublie de préciser que nous ne rentrons pas dans la journée, et il doit faire la queue une seconde fois pour les échanger. Mais une fois installés à bord, nous pouvons nous détendre. Le trajet, qui dure 40 mn, relie Copenhague à Malmö, la troisième ville de Suède, par un pont de 15 km qui, sur la moitié de cette distance, enjambe le détroit séparant les deux pays. C'est assez impressionnant de rouler ainsi au-dessus de l'eau et d'apercevoir au loin des champs d'éoliennes.

Arrivés à Malmö, nous sommes affamés. Nous nous dépêchons de retirer des couronnes suédoises dans un distributeur et mangeons au premier endroit disponible: un Burger King situé dans la gare. Ca fait du bien par où ça passe... La suite du programme voudrait que nous allions poser nos bagages à l'hôtel Ibis fort excentré où nous avons loué une chambre pour la nuit. Mais avisant un panneau qui n'existe plus (ou du moins, ne sert plus à rien) en France depuis belle lurette, je décide de les laisser à la consigne jusqu'au moment où nous serons prêts à quitter le centre-ville pour la nuit. Nous traversons donc la gare en direction des casiers situés à l'autre extrémité. Arrivés devant ceux-ci, nous nous rendons compte qu'ils n'acceptent que les pièces; or nous n'en avons pas. Je laisse Chouchou avec les bagages et rebrousse chemin vers le changeur de monnaie aperçu tout à l'heure à côté du DAB. Mais j'ai beau essayer d'y introduire un billet de 100 couronnes dans tous les sens, il le régurgite aussitôt. C'est alors que je vois une mention écrite en tout petit sur l'appareil: il n'accepte que les billets de 20 ou 50 couronnes. Evidemment. J'en suis quitte pour aller acheter un magnet dans une boutique de souvenirs voisine, afin de faire de la monnaie.

Allégés d'une bonne trentaine de kilos, nous partons à pied à la découverte du centre de Malmö. En descendant vers la place de Triangeln, nous passons devant l'hôtel de ville, puis croisons une étrange procession de statues musiciennes. Je passe un long moment chez Laugerhaus, sorte de Casa suédois où tout est absolument craquant. Sans la limitation des bagages et les risques de casse pendant le vol retour, j'en profiterais pour changer tout notre linge de maison et une bonne moitié de notre vaisselle. Et pour faire le plein d'albums photos mignonissimes. Là, je me contente de quelques bibelots, d'une douzaine de cartes postales kitsch, d'un trio de torchons et de deux tasses noires pour boire nos chocolats chauds. Mais croyez-moi, ça me coûte. Pourquoi on n'a pas de magasins aussi sympas à Bruxelles? Ou en France, d'ailleurs...

Nous tournons dans la rue perpendiculaire qui conduit vers la place Lilla Torg. Et là, tout à fait par hasard, nous tombons sur le Form/Design Center de Malmö. Bien entendu, ils sont en train de changer leur expo principale, qui est donc inaccessible. La visite (gratuite) demeure néanmoins fort intéressante. Après avoir admiré encore plein d'exemples du remarquable design scandinave appliqué à des objets du quotidien, nous passons un long moment dans la boutique à nous extasier sur toutes les petites merveilles vendues là et à prendre des tonnes de photos. (Depuis le début de notre séjour, pas une seule fois un vendeur ou un vigile ne s'est rué vers nous tel un pitbull pour nous interdire d'utiliser nos appareils; ça change un peu et c'est bien agréable!) Le café indoor est ravissant; dommage que nous n'ayons pas soif. Nous revenons vers l'artère centrale et poursuivons notre descente vers la place Triangeln.

Après encore une petite demi-heure de lèche-vitrines, nous commençons à avoir froid et envie de nous poser. Nous remontons vers la place Lilla Torg où nous avions repéré un cendroit sympa tout à l'heure: le Folk a Rock, mi-café mi-boutique de disques. Nous y prenons un petit goûter des plus sains: thé, yaourt et salade de fruits. Comme ils font de la vente à emporter, que nous ne sommes pas certains de la présence d'un restaurant à l'Ibis et que nous aurons sans doute la flemme de revenir sur le centre-ville pour manger, nous achetons des salades composées pour notre dîner.

Après avoir récupéré nos bagages à la gare, nous prenons le bus n°7 avec un ticket "Family" et descendons à l'arrêt Mobilia. Dix minutes de marche nous conduisent jusqu'à notre hôtel. L'avantage avec les Ibis, c'est que c'est sans surprise. On sait qu'on aura une chambre propre et de taille confortable pour pas trop cher. L'inconvénient avec les Ibis, c'est que c'est sans surprise: partout dans le monde, c'est la même déco générique et les mêmes couloirs longs comme des avenues. Bon, ne nous plaignons pas: celui-ci propose une connection internet, payante certes, mais dans notre état de manque nous n'allons pas faire les difficiles. Après avoir passé 20 minutes à vérifier nos mails, nous remontons dans notre chambre pour manger nos salades en regardant les infos de la BBC. La crise financière qui a éclaté aux USA en début de semaine fait toujours la une. Je m'en désintéresse rapidement pour attaquer un bouquin acheté dans l'après-midi: "The gathering", d'Anne Enright.

mercredi 17 septembre 2008

Danemark - Copenhague (Osterbro, Norrebro)


Nous commençons la journée par un nouveau coup fourré des hommes en noir: en arrivant à Vor Frelsers Kirke (l'Eglise de Notre-Sauveur), célèbre pour son clocher extravagant, nous trouvons la grille d'accès fermée et cadenassée. L'endroit est fermé pour rénovations. Je ne sais pas si je dois être déçue rapport aux chouettes photos panoramiques qu'on espérait faire d'en haut, ou soulagée rapport aux 400 marches qui viennent d'être épargnées à mes pauvres genoux souffrants.

Nous reprenons le métro jusqu'à Norreport dont nous venions, puis le S-Tog jusqu'à Osterport. Cette fois, au lieu de nous diriger vers le bord de mer, nous nous enfonçons dans les quartiers bobo de Copenhague. Nous remontons la large avenue de Dag Hammarskjölds, en haut de laquelle je fais un arrêt chez Moshi Moshi Mind pour mater les fringues de yoga et, euh, acheter des produits de beauté australiens. Dans Osterbrogade, nous passons un moment chez Normann, le roi du design danois dont nous ne cessons d'apercevoir les créations dans les boutiques depuis notre arrivée. Nous nous extasions sur ses petites bassines colorées souples et rigides à la fois, ainsi que sur son ingénieux entonnoir pliant.

Un peu plus haut, bordant la place de Trianglen, nous découvrons un super bouquiniste dont le vendeur et le client avec lequel il est en grande discussion parlent tous les deux français! Ils rivalisent de gentillesse pour nous faire la conversation et me trouver ce que je cherche: en l'occurrence, une vieille édition des contes d'Andersen avec à partir de laquelle j'envisage de créer un altered book. Nous ressortons de là enchantés.

Cent mètres plus haut, nous atteignons Brumbleby, qui fut jadis le premier projet de logement social du pays et dont les ravissantes maisonnettes aux façades pimpantes sont, depuis, devenues accessibles seulement aux privilégiés. Ca me fait penser à la Hundertwasser Haus à Vienne... Nous mitraillons la rue en déplorant la perspective difficile et surtout la présence de voitures et autres objets gênants le long des trottoirs.

Nous commençons à avoir faim, mais le quartier ne semble pas très riche en restaurants. Nous poursuivons donc notre chemin en nous promettant de nous arrêter dans le premier boui-boui que nous trouverons. Deux kilomètres plus loin, après avoir longé en vain un parc et un hôpital, nous apercevons dans une rue latérale une minuscule pizzeria qui ne paie pas de mine. L'estomac dans les talons, nous entrons quand même. L'endroit est désert et pas spécialement engageant. Après avoir un peu hésité, nous commandons une pizza, une assiette de pâtes et du pain à l'ail. Surprise: tout est délicieux et ridiculement pas cher (d'autant que le cuistot/caissier va se tromper dans l'addition, ce dont je ne me rendrais compte que plus tard en refaisant le calcul dans ma tête). Nous ressortons de là bourrés de chez bourrés, sans même avoir terminé nos assiettes.

Du côté d'Elmegade, nous apercevons une charmante façade rose pâle ornée de l'enceinte "Tea time". Sur le trottoir, deux jolies chaises de fer forgé peintes en blanc encadrent une table minuscule. Nous entrons, et je regrette aussitôt d'avoir tant mangé ce midi - ou de ne pas plutôt passer là à l'heure du goûter. L'endroit est affreusement mignon; on a juste envie de s'y installer avec deux ou trois copines par un après-midi d'automne ensoleillé pour boire du thé et grignoter des gâteaux. A défaut de nous attabler, nous commandons deux cupcakes à emporter - un rose et un mauve -, plus, pour moi, un genmaicha brûlant dans un gobelet façon "Sex & the city".

Nous tentons ensuite une visite à un atelier de céramique voisin, mais celui-ci ne nous inspire guère et nous ne faisons qu'entrer et sortir. La suite de notre très grande boucle nous ramène naturellement vers l'hôtel Fox. Nous avons vraiment mal aux jambes tous les deux. Ce qui ne m'empêche pas, après avoir passé le pont Dronning Louisesbro, de marquer un dernier arrêt dans une adorable boutique de déco. Ils ont un tas de coussins craquants qui iraient très bien sur notre futur canapé. Trop encombrants, hélas! Je me contente de trois jolies boîtes en métal dans lesquelles je trouverais bien quelques embellissements de scrap à ranger.

Nous prenons possession de notre nouvelle chambre, la 509, une XL dans les tons bleu clair et crème. Nous aurions préféré la 107 aux murs rouges, mais elle n'était pas disponible. Celle-ci s'avère équipée d'une chouette coiffeuse et, surtout, d'un immense lit au matelas infiniment plus confortable que ceux des chambres précédentes. Peut-être n'avons-nous pas perdu au change!

Après une pause d'une demi-heure ou trois quarts d'heure, nous ressortons et prenons le bus pour l'extrémité lointaine de Vesterbrogade, où se trouve le Designer Zoo: une boutique qui vend les créations de plusieurs jeunes artistes locaux. J'y achète un petit vase dont la forme renflée plaît à ma main, et que j'envisage de poser sur les étagères au-dessus de notre lit dans notre nouvel appartement. Au retour, nous nous arrêtons chez Artium pour nos dernières emplettes danoises: un petit cadeau pour Olive, un oiseau en bois design repéré hier au DDC (où il était en rupture de stock dans la forme et la couleur qui nous plaisaient), un mug et des chaussettes Marimekko (je sais, la marque est suédoise, mais je n'étais pas certaine de trouver une boutique à Malmö).

Nous n'avons pas de plans précis pour la fin de journée. Nous remontons Frederiksberggade en quête d'un café. Un peu affolés par les prix que pratique l'élégant Café Europa, nous poussons jusqu'à Kobmagergade. Et là, surprise: le Café du Musée de la Poste, sur lequel nous nous étions cassé les dents lundi midi, fait sa nocturne justement le mercredi! Nous montons au dernier étage du bâtiment. En effet, la vue y est sublime. Nous commandons un diner light (des salades - nous n'avons pas tout à fait fini de digérer le repas de midi) en attendant le coucher du soleil. L'endroit est élégant mais pas snob; nous nous y attardons quasiment jusqu'à la fermeture. Puis nous rentrons en flânant dans les petites rues derrière notre hôtel. Nos cupcakes nous attendent sur la table de nuit de la chambre 509 en guise de dessert!

mardi 16 septembre 2008

Danemark - Copenhague (Osterport, Ny Havn, Tivoli)


Nous nous réveillons vers 8h. Le petit déjeuner de l'hôtel est sympa: des sandwichs de différentes sortes emballés dans de petites poches en papier, de la salade fruits coupée en morceaux minuscules et servie dans des verres, et puis surtout du vrai thé vert japonais en vrac! Par contre, je ne raffole pas des fauteuils bas et des tables minuscules sur lesquelles il faut se pencher façon Quasimodo pour manger à peu près proprement.

Nous remontons dans la chambre pour un interlude classé X fort satisfaisant. Lorsque nous redescendons, douchés, habillés et un sourire béat aux lèvres, nous apprenons qu'une autre de nos chambres favorites est libre pour ce soir, et que le ménage y ayant déjà été fait, nous pouvons avoir les clés tout de suite! Nous montons donc nos bagages dans la 502, baptisée "Royal wedding collages". Chambre sous les toits, murs dans les tons verts et blanc, voile en tulle drapé autour du lit et bergère peu confortable mais très photogénique. Nous en profiterons plus tard. Pour l'instant, direction la station Norreport, où nous devons prendre le S-Tog jusqu'à Osterport.

Sans doute flottons-nous encore sur notre petit nuage, car lorsqu'un train se présente au moment où nous débouchons sur le quai, nous montons dedans sans nous poser de questions. C'est cinq secondes plus tard que je réalise: "Tu as composté les tickets?" "Non". Nous rebroussons chemin en courant. Les portes se referment alors que Chouchou est descendu sur le quai et moi toujours à l'intérieur du wagon. Je lui fais signe qu'on se retrouve à la station suivante (qui est aussi notre destination). Par chance, je ne tombe pas sur des contrôleurs pendant ce bref voyage, et Chouchou me rejoint quelques minutes plus tard.

Le ciel est un peu gris ce matin. Nous marchons un petit moment pour atteindre le bord de l'eau et la fameuse petite sirène. Qui me fait à peu près le même effet que le Mont Rushmore: je la voyais plus grande. Et plantée à l'entrée du port plutôt qu'à cinquante centimètres du bord de l'eau. Malgré les touristes agglutinés autour, nous réussissons à faire pas mal de photos, notamment avec Régis. On doit nous prendre pour des illuminés, mais nous avons l'habitude.

Comme le métro ne passe pas dans les parages et que nous n'avons pas de plan des bus, nous nous dirigeons à pied vers Ny Havn ("Nouveau Port"). Les parages ne sont pas hyper riants ni animés; nous sommes dans la partie industrielle du port puis, dès que nous nous écartons des quais, dans un quartier probablement administratif. En passant près du palais d'Amalienborg, nous tombons par pur hasard sur la relève de la garde. Nous nous joignons à la foule pour y assister, mais au bout de plusieurs minutes pendant lesquelles il ne s'est rien passé ou presque, nous finissions par nous lasser. Quelques imbéciles tourmentent un jeune garde censé rester parfaitement immobile pour tenter de lui arracher une réaction. Ca m'énerve. Du coup, je n'essaie pas de m'approcher pour le photographier avec Régis à côté.

Ny Havn est une image de carte postale avec ses façades colorées et ses terrasses de restaurant alignées sur tout un côté. Après l'avoir photographié sous tous les angles, nous épluchons les cartes en anglais pour trouver un endroit où manger: nous approchons de midi et demie et comme nous avons beaucoup marché, le petit dej' nous paraît déjà loin! Nous finissons attablés, Chouchou devant un club sandwich et moi devant une sorte d'assiette dégustation danoise. Ce n'est ni mauvais ni transcendant; je voudrais juste savoir pourquoi ils mettent de la sauce au curry avec tous les plats. En dessert, par contre, nous nous partageons un gâteau aux noix délicieux.

Nous retournons, toujours à pied, vers l'hôtel de ville en passant par les petites rues commerçantes en dessous de Stroget. Notre prochaine étape: la visite du Dansk Design Center, autrement dit, le Centre du Design Danois. Nous sommes étonnés de payer nos entrées demi-tarif. Puis nous nous apercevons que la moitié des expositions seulement sont disponibles, les deux grandes salles du rez-de-chaussée étant actuellement en travaux. Dommage: ce que nous voyons nous plaît énormément et nous laisse un goût de trop peu. Au sous-sol, deux longues vitrines bordant un couloir mal éclairé abritent des objets dont le design est devenu iconique - on y trouve même une poupée Barbie et des Lego! En face, dans une salle aux murs nus, une table est couverte de flacons, de bricks ou de paquets en carton blanc portant une simple inscription en lettres noires ("good vibes", "up and downs", "stress killers") qui invite le visiteur à réfléchir sur sa façon de consommer. Au premier étage, une exposition temporaire présente des emballages de produits alimentaires écolo-minimalistes et un meveilleux display holographique accompagné d'une voix qui explique, en anglais, comment les entreprises et les particuliers peuvent minimiser leur impact sur l'environnement. Une simplicité très étudiée, une pureté jamais ennuyeuse, un naturel reposant: telles semblent être les caractéristiques du design scandinave.

Malheureusement, pendant notre visite au DDC, il s'est mis à pleuvoir. Nous contournons le Tivoli à pied dans l'idée d'explorer Istedgade, l'avenue chaude peu à peu grignotée par les boutiques de jeunes designers selon notre guide. Mais après l'avoir parcourue sur quelques centaines de mètres, nous avons essentiellement vu des vitrines pleines de sextoys de plus mauvais goût les uns que les autres. Grognon, je réclame à faire demi-tour. Sur le chemin de l'hôtel, nous trouvons un cybercafé dans lequel nous nous réfugions pour consulter nos mails et, avec un peu de chance, attendre la fin de l'averse. Nous y restons une demi-heure, et il pleut toujours lorsque nous ressortons. Grmbl. Quand je pense que dans les cartes postales rédigées ce midi, je vantais le beau temps de Copenhague!

Une petite pause dans notre jolie chambre nous permet de reposer nos jambes. Le ciel une fois dégagé, nous retournons au Tivoli. Ce soir, nous avons l'intention de tester les manèges repérés hier. Nous commençons par les balançoires suspendues qui montent haut, haut, haut... Un petit moment d'angoisse pendant l'ascension, vite oublié dès que les sièges se mettent à tourner. Malgré le froid, la sensation de voler (ou presque) au-dessus des toits est extrêmement grisante. A côté de ça, évidemment, la "petite grande roue" et ses nacelles en forme de montgolfière n'offrent guère de sensations - mais tout de même une jolie vue sur le parc dont les lumières s'allument avec l'approche de la nuit. Nous faisons un tour au pays des contes d'Andersen, un manège dont ont dû s'inspirer le Peter Pan et le It's a small world de Disneyland. J'en avais oublié tout un tas, et les commentaires en anglais me remémorent à quel point l'univers de cet auteur était cruel. Dernière attraction du jour: le Daemon, un grand huit à sept boucles dans lequel je refuse de monter avec Chouchou, craignant les à-coups dans la nuque. Lui, en revanche, redescend enchanté.

L'estomac dans les talons, nous nous dirigeons vers Wagamama où, après une courte attente, on nous place à l'extrémité d'une grande table commune. Ce n'est pas le genre de choses dont je raffole, mais la cuisine - du japonais louchant un tantinet sur la world fusion - est fantastiquement bonne. Nous partageons un saumon teriyaki délicieux et une immense soupe dans laquelle nagent tofu, viande, crevettes et légumes. Je suis par contre très déçue d'apprendre que les jolis T-shirts rouges "Wagamama Tivoli" portés par les serveuses sont en rupture de stock. D'un autre côté, je collectionne déjà les T-shirts HRC; ce n'est peut-être pas la peine de me lancer dans une deuxième quête internationale du même style.

Nous avions envisagé de refaire un tour sur les manèges du Tivoli après manger, mais nous sommes crevés et il fait vraiment froid. De retour à l'hôtel, nous allumons la télé et tombons sur l'épisode final de "A shot at love with Tila Tequila", sorte de Greg le Millionnaire où le coeur à conquérir est celui d'une ex-star du porno bisexuelle. Il ne reste qu'un candidat garçon et une candidate fille en lice. Le premier est mignon et a l'air d'un parfait petit con. La seconde a un physique androgyne et est touchante de sincérité. Bien entendu, Tila part avec le bogoss: d'après mon expérience personnelle et mes observations, les bis couchent aussi bien avec des garçons qu'avec des filles mais finissent en général par former un couple hétéro. Bref.

Avant de m'endormir, je feuillette le sublime "Goddess guide" acheté hier chez Urban Outfitters. J'ai la surprise d'y trouver une double page consacré à l'anthologie de sacs à main de Nathalie Lecroc, qui avait fait le portrait de mon Sequoïa gris en... 1999, je pense. Je suis contente d'apprendre qu'elle a poursuivi son projet au-delà des 100 sacs initialement prévus, et qu'elle devrait bientôt publier un recueil de ses aquarelles.

lundi 15 septembre 2008

Danemark - Copenhague (Latinerkvarteret, Tivoli)


Réveil: 4h15. Urgh. Taxi jusqu'à la gare centrale (pas de bus à cette heure-ci): 4h50. Train vers Zaventem: 5h04. Vingt minutes plus tard, nous sommes à l'aéroport. Notre avion ne décollant qu'à 7h, après avoir enregistré notre petite valise, il nous encore reste assez de temps pour petit-déjeuner dans une sorte de cafétéria qui propose des assiettes oeufs-tomates-bacon - même si Chouchou, en bon bec sucré, préfère s'enfiler deux viennoiseries.

A 8h40, nous nous posons à Kastrup, sacré plus bel aéroport du monde en 2000. Il semble y avoir un soleil radieux dehors même si les températures annoncées pour la semaine sont plustôt frisquettes. Nous récupérons assez rapidement nos bagages et faisons l'emplette d'une carte de transports en commun à un distributeur. Puis nous prenons le métro jusqu'à Norrebro, la station la plus proche de notre hôtel. Le train est tout propre et ce que nous apercevons par la fenêtre durant la partie aérienne du trajet nous conforte dans l'idée que cette ville devrait nous plaire.

Au sortir du métro, après nous être trompés de direction, nous marchons jusqu'à Jarmers Plads. Une dizaine de minutes plus tard, nous arrivons devant la façade de l'hôtel, qui ne paie guère de mine à cause des travaux en cours dans le restaurant attenant. Le hall très design et la sexytude courtoisie du monsieur préposé à l'accueil nous rassurent cependant très vite. De plus, l'une des trois chambres qui figurent en tête de notre liste de préférences sera libre ce soir, youpi! Mais pour l'instant, elle n'est pas faite. Nous laissons donc notre valise à la réception et partons à pied en direction du Quartier Latin (oui, ça s'appelle vraiment comme ça) distant d'à peine 500 mètres.

Douze pas après l'entrée de Frederiksberggade, j'effectue mon premier arrêt dans une boutique de souvenirs gardée par un troll grandeur nature. Cartes postales, timbres, magnets - ça, c'est fait! La suite me désarçonne quelque peu. Je suis ravie de faire quelques achats chez Accessorize et chez Urban Outfitters (comme si je n'avais pas déjà eu ma dose à Londres en juillet), mais quand je vois se succéder un Body Shop et un Topshop, je commence à me demander où sont les enseignes danoises... Quant aux Magasins du Nord (en français dans le texte), censés être l'équivalent local des Galeries Lafayette, je les trouve à peine moins rébarbatifs que l'Inno. Bon bon bon.

Heureusement, le soleil est radieux, l'air piquant juste ce qu'il faut, et les gens que nous croisons n'ont pas le côté speed ou hautain des Parisiens et des Londoniens. Malgré la fraîcheur, beaucoup d'entre eux prennent un verre en terrasse ou paressent sur un banc. Les filles sont majoritairement blondes aux yeux bleus et, ma foi, plutôt agréables à regarder. Les bâtiments aussi: dans une rue latérale, nous apercevons quelques-unes des fameuses façades colorées; plus loin, nous admirons Vor Frue Kirke, imposante cathédrale néo-classique.

Arrivés place Kongens Nytorv, nous faisons demi-tour et repartons dans les petits rues plus "bobo" au nord de Stroget. C'est là que nous avons notre premier coup de coeur, avec la boutique/galerie d'art floral Tage Andersen recommandée par le Cartoville (un des rares city guides en français sur Copenhague). L'entrée coûte 40 DKK, soit environ 5€, ce que nous ignorions. Mais la visite les vaut largement tant l'endroit est enchanteur. On se croirait dans un conte de fées, un mini-Brocéliande recréé en intérieur. L'exiguité des lieux et leur côté alambiqué ajoutent encore à leur charme. Un paon se promène languissamment dans une petite cour; des poissons s'ébattent dans une fontaine moussue, et on ne serait pas surpris d'apercevoir un lutin caché derrière l'une des étonnantes compositions végétales ou une fée voletant au-dessus des bouquets de fleurs exotiques. Il paraît que Tage Andersen expose partout dans le monde; je vais guetter ses prochains déplacements.

Nous commençons à avoir faim. Je repère sur notre guide un endroit qui semble parfait: le Café du Musée de la Poste, situé non loin de là et qui propose "de la cuisine danoise légère à des prix raisonnables". En chemin, nous nous arrêtons chez Ordning et Reda que Chouchou ne connaît pas et où nous faisons tous deux de menues emplettes. Nous remontons Kobmagergade et finissons par trouver le Café du Musée de la Poste... dont le jour de fermeture est justement le lundi, et qui ne sert que jusqu'à 17h le reste de la semaine. Raté. Après avoir un peu hésité, nous atterrissons dans un buffet chinois - pour ce qui est de goûter la cuisine nationale, on repassera!

Nous nous rendons ensuite à Rundetarn. Conçue pour l'observation astronomique, cette Tour Ronde présente une particularité unique au monde: en guise d'escalier, tout son intérieur n'est qu'une immense spirale pentue qui permettait jadis de hisser les télescopes montés sur roulettes jusqu'à son sommet culminant à une trentaine de mètres. Nous arrivons en haut un peu essoufflés, mais oublions bien vite nos efforts en découvrant la très jolie vue sur les toits des quartiers environnants. La Tour Ronde abrite également une sorte de galerie du design que nous traversons en admirant la structure de l'immense pièce - rah, vivre dans un loft aussi spacieux, avec ces murs de pierre blanche et ces magnifiques poutres apparentes! Dans le guest book, nous laissons un petit dessin de Régis. Je sens que ça va devenir une habitude...

Passage par la place des petits Frères Gris que le guide signale comme ravissante avec son arbre immense et ses façades colorées. Nous y trouvons même un resto au nom français: "Le petit tortus". "Le grand tort tus aussi", fais-je remarquer. Oui, bon. Après une nuit de deux heures, faut pas non plus s'attendre à ce que je rivalise avec les Monty Python.

Nous avions envisagé de visiter le Musée de l'Erotisme tout proche, mais le vestibule et son ridicule diorama nous font rapidement faire demi-tour. Nous sommes maintenant levés depuis plus dix heures et les effets de notre nuit écourtée commencent à se faire sentir. Nous décidons de repasser à l'hôtel pour prendre possession de notre chambre et faire une petite pause. Plutôt que de refaire Stroget et Frederiksberggade dans l'autre sens, nous empruntons les rues parallèles qui courent au sud: Laederstraede et Kompagnistrade. Nous y découvrons de ravissants magasins de déco ludique et colorée, certains aux prix accessibles et d'autres non. Dans un très grand magasin de gadgets, le vendeur barbu et visiblement très cool nous prévient qu'il va nous enfermer quelques minutes "le temps d'aller acheter des clopes". Ca nous fait rire (et m'inspire quelques idées coquines que je ne mets cependant pas à exécution, me jugeant un peu trop couverte). Depuis ce matin, nous observons que les Danois ne sont pas du tout paranos et ne semblent pas redouter le vol à l'étalage. On ne se sent nullement surveillé dans leurs boutiques, et c'est bien agréable.

Vers 16h, enfin, nous nous posons dans la chambre 204, la "Tokidoki" au décor de manga acidulé. A peine avons-nous retiré nos chaussures que nous commençons à mitrailler chaque détail des murs! Puis nous comatons un petit moment sur le lit.

Nous ressortons vers 17h, direction le légendaire parc d'attractions du Tivoli, donc Disney s'est inspiré pour créer les siens. Nous avons de la chance: c'est la semaine avant la fermeture automnale, et à cette occasion, l'entrée manèges inclus, dont le prix s'élève habituellement à 285 DKK, ne coûte que 100 DKK, soit environ 13€! A l'intérieur, il règne une atmosphère presque surannée; on se croirait revenu un siècle en arrière. Les stands de friandises vendent aussi des fruits frais; il n'y a qu'une seule (petite) boutique de souvenirs dans tout le parc; aux attractions se mêlent un théâtre de plein air, un kiosque à musique, un étang, des fontaines à jets d'eau, des massifs de fleurs, des promenades abritées et une foule de petits restaurants. Et même si je ne crache pas sur le côté "over-the-top" ultra-américain des parcs Disney ou Universal, je suis dix fois plus séduite par ce parc-là où le temps semble s'être arrêté en une époque plus simple, moins soumise à la frénésie de consommation.

Le Hard Rock Café se trouve à un coin du parc. Poussés par la faim, nous nous en approchons un peu avant 19h... et nous heurtons à un panneau "Closed for private party". Mon désespoir est grand. Heureusement, en nous rendant à l'entrée située à l'extérieur du parc, sur Vesterbrogade, nous nous apercevons que le resto est bel et bien ouvert - juste d'un seul côté. A la boutique, nous faisons l'emplette de gilets molletonnés à capuche - le même pour tous les deux, et tant pis s'ils nous donnent l'air de Tweedledee et Tweedledum. Le décor du resto, plus sobre que dans les autres HRC de ma connaissance, me déçoit quelque peu, mais je retrouve la musique et la cuisine que j'aime. Une creamy chicken salad et un demi-apple cobbler plus tard, je prends le chemin du retour avec Chouchou. Heureusement que l'hôtel n'est pas loin, parce qu'entre la fatigue et tout ce que je viens d'ingurgiter, j'ai un peu de mal à garder les yeux ouverts. D'ailleurs, une fois dans la chambre, nous n'avons qu'une idée en tête: dormir.