vendredi 8 mai 2009

Maroc - Marrakech


Nous nous levons tôt ce matin pour faire l'ouverture du jardin Majorelle, attenant à la propriété de feu Yves Saint-Laurent et son compagnon Pierre Bergé. Lorsqu'Antonia veut nous prendre des billets couplés avec la visite du musée de l'Islam qui se trouve à l'intérieur, on lui répond que celui-ci est fermé pour rénovation. Les hommes en noir ont encore frappé... Un premier tour d'horizon, puis chacune d'entre nous se choisit un sujet de dessin et un endroit où s'asseoir. Je m'installe face à l'entrée du fameux musée de l'Islam dont la porte m'inspire. Mais les couleurs sont difficiles à rendre; je n'ai pas d'éléments solides pour border convenablement mon aquarelle et les touristes de plus en plus nombreux font bouger le banc sur lequel je suis assise ou regardent par-dessus mon épaule et commentent sans la moindre gêne, ce qui me donne envie de mordre au lieu de continuer à peindre. Je me recroqueville sur mon carnet comme une élève de primaire qui veut empêcher son voisin de copier sur elle.

Avec tout ça, je salope un tracé au feutre pourtant assez réussi. Je suis en train de désespérer quand deux gardiens m'abordent gentiment et engagent la conversation. La jeune femme est originaire d'Essaouira et ravie quand je lui dit que j'ai beaucoup aimé cette ville; je lui montre l'aquarelle que j'en ai faite et elle pousse des exclamations enthousiastes. L'homme est peintre à ses heures perdues, visiblement beaucoup plus doué que moi. Il me donne quelques trucs, change l'eau sale de mon gobelet et m'aide à faire un mélange pour rendre au mieux la couleur des fleurs de bougainvillée. Je lui dis que je suis là avec un groupe, et il s'avère qu'il connaît Antonia: il a même sa carte dans son portefeuille! Malgré mon dessin raté, je suis toute contente de cette rencontre.

Je retrouve le reste du groupe à la sortie, et nous nous dirigeons sous un soleil de plomb vers le Guéliz, un quartier moderne de Marrakech. Effectivement, le contraste avec la medina est énorme. A l'extérieur du rempart, les rues sont moins décrépites et plus propres mais considérablement plus occidentalisées et dénuées de charme - ou d'ombre, en raison de leur largeur. Je ne tarde pas à mourir de chaud et de soif, mais vu que nos doyennes Doris et Geneviève avancent sans piper mot, je trouverais un peu indécent de me plaindre. Tout de même, il doit faire dans les 40° et un petit Coca light serait le bienvenu... Mais avant d'atteindre le café où nous sommes censées déjeuner, Antonia marque un arrêt dans le magasins de sacs dont elle m'avait vanté la beauté. A l'intérieur, que des copies de grandes marques; je reconnais notamment mon Darel bien-aimé, plus le Charlotte à nouettes qui fut la coqueluche des fashionistas il y a deux ans, et le Marc Jacobs qui dort dans ma penderie depuis quatre ans et demie. Le cuir est joli mais je ne suis pas tentée du tout. Par contre, le propriétaire qui (refrain habituel) connaît bien Antonia veut absolument lui acheter le carnet de voyage en noir et blanc qu'elle a réalisé lors de son précédent séjour à Marrakech. Antonia refuse en arguant de la valeur sentimentale de ce carnet, et il finit par lui faire cadeau du petit sac rouge qu'elle voulait acheter "pour la récompenser de son talent". Antonia, c'est la version live de la blogueuse influente finalement.

Nous nous installons au Solaris pour manger de grandes salades. Le pain qu'on nous apporte est rassis, et quand Antonia demande au serveur de nous le changer, celui-ci nous prend de haut, genre "elles sont bien difficiles les touristes cette année". Antonia insiste, et il s'exécute de mauvaise grâce. Un peu plus tard, il nous apporte en cadeau une soupe qui a un sale goût de beurre rance et à laquelle la plupart d'entre nous ne touchent pas. Les salades sont correctes, mais nous les avons attendues trois plombes. Idem pour mon dessert (une magnifique salade de fruits) et les jus ou cafés des autres filles. Nous réglons sans laisser de pourboire. Pendant que j'attends Antonia partie aux toilettes, le serveur commence à débarrasser notre table en grommelant, et je crois bien l'entendre nous insulter.

Nous repartons vers la medina, toujours sous un soleil de plomb (nous apprendrons plus tard qu'il faisait 40° à Marrakech cet après-midi). Au niveau des remparts, nous nous arrêtons au centre artisanal où les articles sont plus chers que dans les souks et où on ne peut guère marchander. Je fais quand même l'emplette d'une mignonne boîte en cuir vieux rose avec un dromadaire embossé sur le dessus, qui sera parfaite pour mettre mes bagues, et d'une troisième paire de babouches (heureusement que je ne comptais pas en acheter). Soudain, en fouillant dans mon sac, je réalise que je n'ai pas mon appareil photo. La dernière fois que je l'ai vu, c'était sur la table du Solaris. Et vu la façon dont ça s'est passé avec le serveur, celui-ci aura sûrement empoché mon Lumix. Adieu, les centaines de jolies phoos prises depuis le début de la semaine! J'en pleurerais. D'ailleurs, j'en pleure un peu. Antonia me rassure: "Les Arabes ne sont pas voleurs: Allah les regarde". Et Valérie utilise gentiment son téléphone (je n'ai plus de crédit dans le mien) pour appeler le Solaris et demander s'ils n'auraient pas trouvé mon appareil photo. Réponse: si!!! Décidément, la chance sourit aux étourdies (renseignements pris, il semble qu'aucune opération frauduleuse n'ait été réalisée à l'aide de ma carte Visa oubliée vendredi dernier dans un distributeur).

Nous repassons au riad boire un thé et nous reposer un peu, puis Antonia et moi retournons en taxi au Solaris pour récupérer mon Lumix. Le soir, nous dînons d'un couscous pas extraordinaire, et en dessert, nous avons droit à deux petits verres remplis, l'un de lait de fraise, l'autre de lait d'avocat, tous deux parfumés à la cannelle. En France, je dirais "J'aime pas" et je n'y toucherais pas. Là, je goûte et je trouve ça délicieux. Il va décidément falloir que je revoie mes préjugés - tous mes préjugés - à la baisse.

Aucun commentaire: