lundi 15 juin 2009

Tchéquie - Prague


Quand nous avons préparé notre voyage à Prague, nous avions le choix entre deux vols retour: un qui partait en milieu de journée et l'autre à 21h30. Malgré un prix légèrement supérieur, nous avons opté pour le second en nous disant que ça nous permettrait de passer une journée complète de plus sur place. Grosse erreur. Ce matin, nous nous levons sans avoir la moindre idée de ce à quoi nous allons employer notre journée.

Finalement, nous décidons d'aller visiter la galerie de Jan Saudek, un photographe tchèque paraît-il hyper connu et dont Chouchou adore le travail. La plupart de ses oeuvres mettent en scène des freaks, personnes handicapées ou obèses posant dévêtues dans des attitudes obscènes. Pas ma tasse de thé du tout. L'érotisme, je l'aime quand il louche du côté des pin-ups ou du SM. Ca, c'est too much pour moi. Mais bon, je me coucherai un peu plus cultivée ce soir.

La journée étant censée être très pluvieuse, nous allons préventivement nous réfugier dans le centre commercial de Namesti Republiky (la place de la République, j'imagine). Où nous trouvons essentiellement des enseignes françaises et anglaises, parmi lesquelles un Marks & Spencer et un Topshop. Je fais quelques emplettes sans grande conviction. Moment rigolo tout de même chez Body Shop quand, ayant jeté mon dévolu sur un après-shampoing à la myrtille, je demande à la vendeuse: "Do you have to rinse it out?". Visiblement, son anglais ne va pas jusque là. Je suis obligée de lui mimer le fait de m'enduire les cheveux de produit, de faire mousser et de rincer. Le tout en faisant un bruit d'eau qui coule et en prenant un air interrogateur. A défaut d'autre chose, ses collègues se seront bien marrés.

Nous déjeunons au food court du dernier étage, dans un resto libanais appelé El Emir où fidèles à notre habitude, nous engloutissons des assortiments de mezze - végétarien pour moi et viande pour Chouchou. Puis, sur l'initiative de Chouchou, nous décidons de nous aventurer au nord de la vieille ville, de l'autre côté de la Vlatva, pour aller visiter le Musée d'Art Contemporain et Moderne. Personnellement, je m'en serais bien passée, mais nous avons encore plusieurs heures à tuer, alors autant lui faire plaisir. Sauf que lorsque nous arrivons devant le musée, une pancarte nous annonce qu'il est fermé le lundi. Soupçonneuse, je demande à Chouchou de me passer le guide dont il s'est servi pour nous conduire jusqu'ici. C'est marqué en toutes lettres et en français: "Ouvert du mardi au dimanche". Je réprime mes pulsions de strangulation en pensant aux brols que je viens d'acheter dans la papeterie devant laquelle nous sommes passés en chemin et que je n'aurais jamais découverte sans ça.

Le tram nous ramène à Namesti Republiky. Nous redescendons vers l'hôtel en flânant au passage entre les stands du marché de Havelskà qui embaume les fruits d'été: cerises, fraises, abricots, nectarines... Pour la dernière fois, nous nous installons au O'Che's où nous surfons et dînons tranquillement jusqu'à l'arrivée de toute une équipe de sportifs australiens hyper bruyants. Pas grave, notre taxi ne va pas tarder à passer nous chercher pour nous conduire à l'aéroport...

dimanche 14 juin 2009

Tchéquie - Prague


Le beau temps se maintient aujourd'hui. Nous passons la matinée au Musée des Arts Déco. Dans la boutique du rez-de-chaussée, je craque pour un collier; ça ne fera jamais que le deuxième en deux jours... L'exposition temporaire du premier étage, qui termine aujourd'hui, est consacrée à Daniel et Ignàc Preisslerové, un père et un fils connus pour avoir développé l'art de la peinture sur l'envers du verre. La collection permanente située au deuxième étage est incroyablement touffue. Six salles consacrées chacune à un thème précis (le verre et la faïence, le tissu et l'habillement, l'horlogerie, l'imprimerie et la photographie, le métal...) regorgent de tant de trésors qu'il est difficile de les admirer tous. Ici comme dans beaucoup d'autres musées tchèques, il est permis de prendre des photos en échange d'un "ticket" qui coûte quelques euros. Malheureusement, l'éclairage tamisé nécessaire à la préservation de certaines oeuvres ne nous permet pas d'en profiter réellement.

Nous allons déjeuner dans un resto d'une rue adjacente, recommandé par un de mes guides pour son atmosphère bon enfant et sa très bonne cuisine tchèque à prix modique. Le Svejk ne nous déçoit pas. Je n'arrive pas à bout de mon assiette dégustation: canard + 2 sortes de viandes de porc + quenelles de pain + quenelles de patates + chou rouge et chou blanc au vinaigre, ça fait un peu beaucoup pour moi. Je vais laisser le chou. C'est lourd, le chou.

L'après-midi, comme nous avons un peu épuisé notre stock de visites culturelles, je demande à retourner à l'angle de la rue Novy Svet où, en passant avant-hier, j'avais repéré une charmante pension de famille qui aurait été très sympa à dessiner. Chouchou accepte, et au terme d'une assez longue marche, nous nous posons enfin face à U Raka. Je m'assois en tailleur dans le gravier tandis que Chouchou préfère griffonner debout. Nous restons là jusqu'à ce que la lumière commence vraiment à décliner, que j'aie fini mes contours au feutre à l'encre de Chine et que Chouchou déclare sa moitié de dessin finie "à chier".

Nous rentrons à l'hôtel en faisant un petit détour par l'île de Kampa. Juste avant le pont qui permet d'y accéder, nous tombons sur le John Lennon Wall, un grand mur couvert de graffiti politiques - très photogénique. Sur le pont même, des dizaines de cadenas fermés sont accrochés à la grille qui donne sur un petit moulin à aube. Pourquoi, mystère. Il faudra chercher sur Google.

Nous dînons de bonne heure au O'Che's avant de reprendre le chemin de Karlova et du théâtre TaFantastika. En effet, nous avons acheté des billets pour la représentation de 21h30 d'"Aspects of Alice". C'est un spectacle étrange qui mélange acteurs live, effets de lumière noire, marionnettes, film et dessin animé avec beaucoup de poésie, une pointe d'humour et une bonne dose d'érotisme. Nous adorons tous les deux.


samedi 13 juin 2009

Tchéquie - Prague


Du soleil, enfin!!! Pour fêter ça, j'ai prévu de passer la journée dehors. Nous commençons par marcher jusqu'au bas de la colline de Petrin, censée être "le repaire des amoureux". Bien entendu, il y a la queue pour prendre le funiculaire qui doit nous conduire jusqu'au sommet. Et bien entendu, une fois arrivée en haut, je ne vois pas bien ce qu'on pourrait foutre sur un banc au milieu d'une roseraie, donc nous entamons aussitôt la redescente sur l'autre versant. Au passage, nous prenons quand même quelques photos du Mur de la Faim (que l'empereur Charles IV avait fait construire pour filer du boulot aux pauvres après la grande famine de 1360) et de la Tour Eiffel locale - 299 marches sans ascenseur; ni Chouchou ni moi ne tenons à ce point à admirer la vue d'en haut.

Arrêt suivant: le bien-nommé restaurant Bellavista où, attablés en terrasse devant des pâtes quelconques mais une fois de plus très bon marché, nous promenons un regard ébloui sur les toits de Prague qui s'étendent en contrebas. Cela fait, nous entrons dans le monastère voisin de Strahov, dont nous visitons la sublime bibliothèque et le cloître attenant. Pour une fois, muette d'admiration je suis. Je n'ai pas le moindre soupçon de sentiment religieux, mais une telle dévotion envers les livres force mon respect.

Puisque Chouchou s'est trompé ce matin et a pris des tickets journée au lieu du voyage unique dont nous aurions eu besoin pour le funiculaire, nous poussons à pied jusqu'à la station de Malostranskà. Avant de descendre dans le métro, nous nous arrêtons pour boire un Coca au bord d'une petite place où le touriste semble plus rare et l'autochtone plus nombreux. C'est un endroit quelconque mais plaisant, et pour la première fois, nous avons vraiment l'impression d'être en république tchèque plutôt qu'à Disneyland.

Nous descendons à la station de Vysehrad pour visiter le cimetière du même nom, dans lequel sont enterrés beaucoup de grands artistes tchèques comme Alphonse Mucha. Et là, pour le coup, un peu de pluie (ou de brume, pardon d'insister) aurait été la bienvenue: un soleil éblouissant tue la mélancolie contemplative nécessaire pour apprécier ce genre d'endroit. Ou pour y prendre des photos un tant soit peu lugubres. Chouchou résoud le problème en passant au noir et blanc et au sépia - pas bête.

La Vlatvà (le fleuve qui traverse Prague) à notre gauche, nous remontons ensuite à pied et en métro jusqu'à la Maison qui Danse. En nous synchronisant avec les feux rouges du carrefour qu'elle surplombe, nous parvenons à faire quelques clichés qui ne soient parasités par aucune bagnole. En revanche, pour les fils électriques, ce sera Photoshop ou rien.

Le soir, fatigués par notre très longue marche, nous optons pour la solution de facilité en allant dîner au O'Che's. Goulash et knedliky (quenelles de pain) pour Chouchou, risotto au poulet et aux légumes pour moi, surf sur internet en dessert: la journée aura été presque acceptable.



vendredi 12 juin 2009

Tchéquie - Prague


Il fait un grand soleil quand nous nous réveillons ce matin. Mais le temps que nous soyons prêts à partir, la pluie s'est remise à tomber. Nous nous réfugions dans un pub voisin de l'hôtel qui a le wifi gratuit, histoire de surfer avec mon eee-PC et l'iPod Touch de Chouchou. A peine avons-nous commandé d'immenses Coca que le soleil revient. Zen, restons zen.

Nous traversons le pont Charles pour explorer le quartier de Hradcany qui se trouve à l'ouest de celui-ci. Les rues montent pas mal, mais le coin est assez joli dans le genre meringue, bien que toujours aussi blindé de touristes. Nous faisons une grande boucle en prenant des photos et vers midi, nous descendons vers le palais royal. Personnellement, le visiter ne m'intéresse pas du tout mais je sais que ça fera plaisir à Chouchou.

...On est bien mal récompensé de son altruisme parfois. Les tickets d'entrée sont valables deux jours. Autrement dit: y'a gras de trucs à voir, et je suis partie pour une fin de journée assez pénible. D'autant que Chouchou insiste pour prendre l'option B: le "Grand Tour". Pas juste les indispensables, non: la totale. Du coup, je manque arracher avec les dents la tête de l'employée qui veut absolument nous refourguer des audioguides alors que je déteste ça. Me promener en suivant les flèches avec un genre de monstrueux walkie-talkie collé à l'oreille pendant des heures, merci bien.

Une queue de plusieurs centaines de personnes serpente autour de la cathédrale Saint-Guy sous une pluie battante. Craignant sans doute pour sa vie pour ma santé mentale, Chouchou décide de zapper ce monument qui est pourtant, paraît-il, l'un des plus spectaculaires de la ville. C'est toujours ça de pris. Nous passons directement au palais même, puis à l'exposition retraçant son histoire (ah, je savais bien que j'avais pas besoin d'un audioguide pourri pour me la susurrer à l'oreille!). Tout ce que je retiens, c'est que jusqu'à ce que la Tchéquie devienne une république, on assassinait, on brûlait et on défenestrait à tout va dans le coin. Les souverains bohèmes avaient des passe-temps très sains.

Nous nous arrêtons pour déjeuner dans un des restos du palais. Déco sobre et de bon goût, carte minimaliste et prix itou. Mon "goulash dans son bateau de pain" me réconforte quelque peu. Et c'est reparti pour la suite des visites. Nous expédions rapidement la basilique Saint-Georges. Nous passons un peu plus de temps devant la collection d'art tchèque du couvent attenant, qui mélange tableaux religieux dramatiques et scènes de la vie ordinaire. Les nobles dames tirent toutes une tronche de dix pieds de long; en même temps vu leur tête, il faut les comprendre: elles sont plus moches les unes que les autres malgré leurs splendides atours.

Vient ensuite la visite de la Ruelle d'Or et de ses minuscules boutiques d'artisanat en lesquelles je place beaucoup d'espoir pour me sauver d'une mort par overdose d'ennui. Hélas, trois fois hélas! Elles vendent exactement les mêmes merdouilles que les magasins de souvenirs de la Vieille-Ville. Et la ruelle se termine par une prison moyennageuse remplie d'instruments de torture que je traverse en fixant le bout de mes Converse (j'ai l'estomac sensible et plein de goulash).

En nous dirigeant vers la visite suivante (il nous en reste encore trois à faire; j'ai un tout petit peu envie de pleurer...), nous passons devant le musée du jouet où se tient une expo pour les 50 ans de Barbie. Bien sûr, j'y entraîne Chouchou. L'expo n'est pas géniale, surtout comparée à celle de Monaco que j'avais vue avec l'Homme il y a, euh, une éternité, mais ça vaut toujours mieux qu'une collection de vierges de fer.

Lorsque nous ressortons, Chouchou a pitié de moi et déclare que nous en avons assez vu. Nous devons encore traverser les jardins du palais pour regagner la sortie. J'ai mal aux pieds et je crois que je déteste Prague. Du coup, je garde le silence pendant le chemin du retour vers l'hôtel. Il vaut mieux: je risquerais de dire des choses désagréables. Nous passons la fin de l'après-midi à surfer de nouveau depuis le pub O'Che's dont les haut-parleurs nous déversent dans les oreilles l'intégrale des Gipsy Kings.

Une fois de plus, c'est le repas du soir qui permettra de finir la journée sur une bonne note. Nous repassons chez Botanicus puis allons dîner au Hard Rock Café où, pour une fois, on nous donne une table tout de suite. En l'honneur du 38ème anniversaire de la chaîne, nous avons droit à un petit concert live fort sympathique pendant que nous mangeons. Bonne musique rock + Cobb salad et apple cobbler = requinquage garanti.


jeudi 11 juin 2009

Tchéquie - Prague


Ce voyage pourtant attendu depuis des années ne débute pas sous les meilleurs auspices. Une crise d'angoisse m'a pratiquement empêchée de fermer l'oeil cette nuit; c'est donc lessivée que je débarque à Prague avec Chouchou vers 8h du matin. Le chauffeur de taxi envoyé par l'hôtel a vingt minutes de retard, et à cause des embouteillages, il est finalement 9h30 lorsque nous arrivons au King George pour poser nos bagages.

La réceptionniste nous annonce que nous pourrons disposer de notre chambre dans une demi-heure. En attendant, nous allons faire un tour dans les rues commerçantes voisines. Presque immédiatement, nous tombons sur le Hard Rock Café local où nous effectuons nos achats traditionnels: ce sera un T-shirt noir à manches courtes avec des dragons devant pour Chouchou et un sweat zippé rouge à capuche pour moi.

Retour à l'hôtel. Notre chambre sous les toits est plutôt mignonne avec ses murs pentus et ses poutres apparentes; par contre, elle manque de lumière pour des photos et en guise de lit double, elle a deux lits jumeaux poussés l'un contre l'autre dont les matelas ne peuvent même pas se toucher à cause de la forme du cadre. Pas super pour des vacances en amoureux, mais je n'en suis plus à ça près.

Nous repartons en direction du pont Charles distant de quelques centaines de mètres à peine. Et là, c'est l'horreur: un flot de touristes tellement compact qu'on se croirait dans le métro parisien aux heures de pointe. En plus, l'endroit est défiguré par des travaux d'entretien. Mes visions d'un pont Charles désert, brumeux et romantique s'envolent à tire-d'aile. Certes, on est au mois de juin et en plein jour; pour la brume, c'était donc un peu compromis. Mais pas pour la pluie, apparemment. J'ai le moral dans les chaussettes (déjà mouillées à travers mes Converse).

Nous faisons demi-tour pour explorer la Vieille-Ville. A chaque pas, ma déception grandit. J'imaginais Prague comme une ville gothique et ténébreuse, avec des bâtiments de pierre grise sur lesquels flotteraient encore des relents d'austère atmosphère communiste. En fait, je suis entourée de façades proprettes aux couleurs de dragée. Et de millions de touristes qui s'agglutinent devant les églises ou au pied de la fameuse horloge de l'hôtel de ville.

Nous nous arrêtons pour déjeuner dans un resto bio végétarien conseillé par un de mes guides. C'est un buffet, et mis à part les crudités et les patates sautées, je ne reconnais absolument rien. Je décide quand même de tester des trucs impossibles à identifier. A part les crudités et les patates sautées, je n'aime absolument rien, et après les avoir goûtés, je suis toujours incapable d'identifier les aliments qui restent dans mon assiette. Groumpf.

Lorsque nous ressortons, il pleut à verse. Je crois même qu'il tombe de la grêle. Je veux rentrer à Bruxelles. Mais comme ce n'est pas possible, je décide qu'un peu de shopping s'impose; ça aura au moins le mérite de nous mettre à l'abri. Zlatà Lod, un chouette magasin de fournitures d'art pas chères, me réconforte temporairement. En revanche, le Tesco qui a paraît-il un super rayon papeterie est... en travaux, hé oui. Quant à Botanicus et ses produits de beauté bio, il est pris d'assaut par des hordes d'Asiatiques piaillantes qui me découragent d'acheter quoi que ce soit.

La fatigue commence à se faire sentir. Bien qu'il ne soit pas encore 15h, nous nous arrêtons au Kavarna Obecni Dùm, la brasserie de la Maison Municipale, très beau lieu Art Déco où je compense ma frustration alimentaire du midi avec un grand chocolat chaud italien et une crêpe aux fruits frais accompagnée d'une boule de glace vanille et d'une montagne de chantilly. Après ça, nous rentrons à l'hôtel faire la sieste. Enfin, l'un de nous deux dort et ronfle tandis que l'autre (celle qui n'a déjà pas dormi la nuit précédente) tente vainement de trouver le sommeil.

Le resto du soir rattrape un peu cette première journée désastreuse. Le Kogo Ristorante est un Italien assez chic qui pratique des prix moins élevés que ceux de la plupart des boui-boui français. Un carpaccio, une bruschetta, deux assiettes de pâtes merveilleuses, un verre de Lambrusco et une eau gazeuse nous reviennent moins de 40€. Je concède au moins une chose à Prague: on y mange bien pour pas cher.


samedi 9 mai 2009

Maroc - Marrakech


Quand je me lève, Pascale et Sylvie sont déjà parties. Je suis la prochaine à quitter le riad, mais j'ai encore quelques heures devant moi et l'intention d'en profiter pour terminer mon shopping. Tandis que Doris part chez le coiffeur, Antonia, Valérie, Geneviève et moi reprenons le chemin désormais (presque) familier des souks. Nous retournons au magasin de carnets, puis chez le marchand de théières ou j'avais repéré un joli modèle ancien le premier jour. Je finis par l'emporter pour 250dh, sans trop marchander car il me reste du liquide que je ne pourrai pas rechanger en euros. Quelques jolies cuillères typiques, taillées d'un bloc dans du bois de citronnier, et un petit flacon ouvragé (pour mettre le sable de la page de Sidi Kaoki ramassé jeudi) complètent mes achats. La lumière est très belle ce matin et met joliment en valeur les étalages colorés, mais effrayée par la mésaventure d'hier, j'ai laissé mon appareil photo au riad. Dommage.

Je quitte les filles, qui on rendez-vous avec Doris place Jemma El Fna pour un dernier déjeuner ensemble, et regagne le riad toute seule. A cause d'un camion stationné devant l'entrée du derb, je rate l'endroit où je suis censée tourner à gauche et m'aperçois de mon erreur quand je me retrouve face aux remparts de la medina. Je fais demi-tour et arrive au riad vers 11h, ce qui me laisse le temps de refaire ma valise, de boire un Coca light et de croiser François et sa femme qui rentrent de leur stage de tai-chi. Puis Majoub arrive pour me conduire à l'aéroport. Je repense au trajet fait en sa compagnie il y a huit jours à peine, et à tout ce qui s'est passé dans l'intervalle. La semaine a été riche en enseignements, en découverte et en émotions. Désormais, le tutoiement me vient tout seul (et quelques réflexes de marchandage, aussi). Je dis à Majoub combien j'ai aimé son pays et son peuple, ce qui semble lui faire très plaisir. En me déposant devant l'entrée de Menara, il me prend le visage entre les mains, me serre contre lui et me claque deux bises.

Le trajet du retour est un peu moins agréable. Parce que deux compagnies se partagent mon vol retour vers Madrid et que celui-ci est surbooké, je n'obtiens ma carte d'embarquement qu'à l'heure où ledit embarquement est censé commencer. Et il me reste encore à passer la douane plus le contrôle des passeports. Je suis sur des charbons ardents, craignant de manquer mon premier vol, donc ma correspondance pour Bruxelles, et de devoir passer une nuit de plus à Marrakech ou à Madrid (j'apprendrai plus tard que c'est ce qui est arrivé à Doris et à Geneviève, mais que la compagnie les a logées dans un palace 5 étoiles, ce qui a dû pas mal les consoler!). Mais au final, je réussis à attraper mon avion. Pas mal de turbulences pendant le vol; mon jeune voisin de siège est blême. "No me gusta", m'explique-t-il avec une grimace d'excuse. J'ai trois heures d'attente à Madrid et aucune boutique ne me tente, mis à part un marchand de journaux où j'achète quelques magazines français. Je me pose dans un café où je mange un sandwich au brie (alors qu'il y avait juste marqué "cheese" sur la carte et que le brie est à peu près la sorte sorte de fromage que je déteste) avec des frites froides qui s'avèrent être des Fritelles. Beurk. Le second vol se déroule sans incident, et à l'arrivée vers 22h05, je suis plus que ravie de retrouver Chouchou qui semble avoir passé une semaine difficile en mon absence. La prochaine fois, nous partirons ensemble!

vendredi 8 mai 2009

Maroc - Marrakech


Nous nous levons tôt ce matin pour faire l'ouverture du jardin Majorelle, attenant à la propriété de feu Yves Saint-Laurent et son compagnon Pierre Bergé. Lorsqu'Antonia veut nous prendre des billets couplés avec la visite du musée de l'Islam qui se trouve à l'intérieur, on lui répond que celui-ci est fermé pour rénovation. Les hommes en noir ont encore frappé... Un premier tour d'horizon, puis chacune d'entre nous se choisit un sujet de dessin et un endroit où s'asseoir. Je m'installe face à l'entrée du fameux musée de l'Islam dont la porte m'inspire. Mais les couleurs sont difficiles à rendre; je n'ai pas d'éléments solides pour border convenablement mon aquarelle et les touristes de plus en plus nombreux font bouger le banc sur lequel je suis assise ou regardent par-dessus mon épaule et commentent sans la moindre gêne, ce qui me donne envie de mordre au lieu de continuer à peindre. Je me recroqueville sur mon carnet comme une élève de primaire qui veut empêcher son voisin de copier sur elle.

Avec tout ça, je salope un tracé au feutre pourtant assez réussi. Je suis en train de désespérer quand deux gardiens m'abordent gentiment et engagent la conversation. La jeune femme est originaire d'Essaouira et ravie quand je lui dit que j'ai beaucoup aimé cette ville; je lui montre l'aquarelle que j'en ai faite et elle pousse des exclamations enthousiastes. L'homme est peintre à ses heures perdues, visiblement beaucoup plus doué que moi. Il me donne quelques trucs, change l'eau sale de mon gobelet et m'aide à faire un mélange pour rendre au mieux la couleur des fleurs de bougainvillée. Je lui dis que je suis là avec un groupe, et il s'avère qu'il connaît Antonia: il a même sa carte dans son portefeuille! Malgré mon dessin raté, je suis toute contente de cette rencontre.

Je retrouve le reste du groupe à la sortie, et nous nous dirigeons sous un soleil de plomb vers le Guéliz, un quartier moderne de Marrakech. Effectivement, le contraste avec la medina est énorme. A l'extérieur du rempart, les rues sont moins décrépites et plus propres mais considérablement plus occidentalisées et dénuées de charme - ou d'ombre, en raison de leur largeur. Je ne tarde pas à mourir de chaud et de soif, mais vu que nos doyennes Doris et Geneviève avancent sans piper mot, je trouverais un peu indécent de me plaindre. Tout de même, il doit faire dans les 40° et un petit Coca light serait le bienvenu... Mais avant d'atteindre le café où nous sommes censées déjeuner, Antonia marque un arrêt dans le magasins de sacs dont elle m'avait vanté la beauté. A l'intérieur, que des copies de grandes marques; je reconnais notamment mon Darel bien-aimé, plus le Charlotte à nouettes qui fut la coqueluche des fashionistas il y a deux ans, et le Marc Jacobs qui dort dans ma penderie depuis quatre ans et demie. Le cuir est joli mais je ne suis pas tentée du tout. Par contre, le propriétaire qui (refrain habituel) connaît bien Antonia veut absolument lui acheter le carnet de voyage en noir et blanc qu'elle a réalisé lors de son précédent séjour à Marrakech. Antonia refuse en arguant de la valeur sentimentale de ce carnet, et il finit par lui faire cadeau du petit sac rouge qu'elle voulait acheter "pour la récompenser de son talent". Antonia, c'est la version live de la blogueuse influente finalement.

Nous nous installons au Solaris pour manger de grandes salades. Le pain qu'on nous apporte est rassis, et quand Antonia demande au serveur de nous le changer, celui-ci nous prend de haut, genre "elles sont bien difficiles les touristes cette année". Antonia insiste, et il s'exécute de mauvaise grâce. Un peu plus tard, il nous apporte en cadeau une soupe qui a un sale goût de beurre rance et à laquelle la plupart d'entre nous ne touchent pas. Les salades sont correctes, mais nous les avons attendues trois plombes. Idem pour mon dessert (une magnifique salade de fruits) et les jus ou cafés des autres filles. Nous réglons sans laisser de pourboire. Pendant que j'attends Antonia partie aux toilettes, le serveur commence à débarrasser notre table en grommelant, et je crois bien l'entendre nous insulter.

Nous repartons vers la medina, toujours sous un soleil de plomb (nous apprendrons plus tard qu'il faisait 40° à Marrakech cet après-midi). Au niveau des remparts, nous nous arrêtons au centre artisanal où les articles sont plus chers que dans les souks et où on ne peut guère marchander. Je fais quand même l'emplette d'une mignonne boîte en cuir vieux rose avec un dromadaire embossé sur le dessus, qui sera parfaite pour mettre mes bagues, et d'une troisième paire de babouches (heureusement que je ne comptais pas en acheter). Soudain, en fouillant dans mon sac, je réalise que je n'ai pas mon appareil photo. La dernière fois que je l'ai vu, c'était sur la table du Solaris. Et vu la façon dont ça s'est passé avec le serveur, celui-ci aura sûrement empoché mon Lumix. Adieu, les centaines de jolies phoos prises depuis le début de la semaine! J'en pleurerais. D'ailleurs, j'en pleure un peu. Antonia me rassure: "Les Arabes ne sont pas voleurs: Allah les regarde". Et Valérie utilise gentiment son téléphone (je n'ai plus de crédit dans le mien) pour appeler le Solaris et demander s'ils n'auraient pas trouvé mon appareil photo. Réponse: si!!! Décidément, la chance sourit aux étourdies (renseignements pris, il semble qu'aucune opération frauduleuse n'ait été réalisée à l'aide de ma carte Visa oubliée vendredi dernier dans un distributeur).

Nous repassons au riad boire un thé et nous reposer un peu, puis Antonia et moi retournons en taxi au Solaris pour récupérer mon Lumix. Le soir, nous dînons d'un couscous pas extraordinaire, et en dessert, nous avons droit à deux petits verres remplis, l'un de lait de fraise, l'autre de lait d'avocat, tous deux parfumés à la cannelle. En France, je dirais "J'aime pas" et je n'y toucherais pas. Là, je goûte et je trouve ça délicieux. Il va décidément falloir que je revoie mes préjugés - tous mes préjugés - à la baisse.

jeudi 7 mai 2009

Maroc - Essaouira, Sidi Kaoki


Les msemen du Palazzo Desdemona ne valent pas ceux de Fatma, mais enfin ils devraient nous tenir au corps jusqu'à midi. Nous partons nous promener sur au et pied des remparts d'Essaouira. Le temps est toujours aussi magnifique, bien qu'un peu frisquet en ce début de matinée, et la lumière très belle appelle les photos - mais gare au contre-jour! Les ruelles que nous longeons sont presque désertes; quel contraste après l'agitation de Marrakech... Nous repérons deux belles portes côte à côte et nous arrêtons pour les dessiner. Je m'assois en tailleur à même le sol; Antonia a apporté son siège pliant et d'autres filles squattent une marche devant l'entrée de la maison d'en face. Comme une gourde, j'utilise le mauvais feutre, celui qui a la pointe ultra-fine mais dont l'encre n'est pas résistante à l'eau. Je ne pourrai donc pas aquareller mon croquis avec le fameux bleu d'Essaouira.

Achetant au passage quelques menues babioles pour touristes (mini-babouches, cartes postales, foulards...), nous nous dirigeons ensuite vers la place du marché aux grains où nous sommes déjà passées hier. Nous nous asseyons à la terrasse d'un salon de thé baptisé "Au bonheur des dames", où nous sirotons de délicieux cocktails de fruits. Puis les autres filles se remettent à dessiner, et comme je commence à saturer un peu, je pars me promener dans les environs. Je récupère les babouches achetées hier (désormais munies d'une semelle à ma taille) et retourne seule à la galerie des bijoutiers. Comme je m'enquiers du prix de la bague en forme de fleur qui me plaît tant, et demande à combien il me fait les deux si je lui prends aussi un joli pendentif d'ambre à la monture d'argent délicate, le jeune marchand m'invite à m'asseoir dans sa minuscule boutique et part nous commander un thé à la menthe. En attendant l'arrivée de celui-ci, nous bavardons pendant qu'Abdou nettoie les bijoux de sa vitrine. Il me pose des questions sur mon pays et me demande comment je trouve Essaouira. Evidemment, je n'ai que du bien à en dire. La conversation s'éternise et je crains que les filles ne s'impatientent sur la place, d'autant que nous avons rendez-vous avec notre chauffeur en fin de matinée. Abdou veut que je vienne manger un tajine chez lui ce soir; je lui réponds que je repars aujourd'hui même et me retiens de lui faire remarquer que je pourrais être sa mère. Au final, j'obtiens les deux bijoux qui m'intéressent pour 620 dh au lieu des 680 initialement annoncés, et Abdou m'offre en plus deux petits pendentifs (une babouche et une Khamsa, ou main de Fatima). J'ai passé un moment sympa en sa compagnie et j'en suis toute contente.

A midi et demie, après être repassées à l'hôtel pour récupérer nos bagages, nous retrouvons Rachid et son minibus à l'extérieur des remparts. Une petite heure de route nous conduit à Sidi Kaoki (prononcer Kaouki), un spot de surfeurs assez connu. Nous ne sommes pas là pour mater du muscle huilé, cependant, mais pour dessiner le marabout que la marée haute nous interdit malheureusement de contourner afin de nous placer de son côté le plus lézardé. Après avoir avalé les sandwichs apportés avec nous d'Essaouira, nous nous installons à la terrasse d'un café qui offre une vue moins spectaculaire mais néanmoins satisfaisante sur ledit marabout. Je dessine sur une feuille de mon vieux livre écrit en arabe, utilisant de la gouache blanche pour les faces ensoleillées du bâtiment. Le résultat me plaît bien même s'il coûte la vie à mon verre de Coca projeté à terre par un coup de coude malencontreux.

Vers 15h30, nous reprenons le chemin de Marrakech. Cette fois, le trajet me semble très long. Il fait beaucoup plus chaud qu'à l'aller et avec les vitres ouvertes (le minibus n'est bien entendu pas climatisé), nous avalons beaucoup de poussière et de fumée d'échappement. Les yeux me piquent et le temps se traîne. Nous faisons une halte dans un café où on nous sert un litre de jus d'orange chacune - ce sera un miracle si nous arrivons à dormir ce soir. Le propriétaire demande si nous voulons qu'il rajoute du sucre et s'entend répondre un "non!" choral et retentissant.

Nous sommes rentrés au riad Sahara Nour largement à temps pour le dîner, qui se compose d'une soupe et d'un tride: un plat marocain à base de msemen, de lentilles aux oignons et de poulet. Je me serais bien passée des lentilles qui alourdissent inutilement l'ensemble, mais je suis fan du msemen utilisé comme des pâtes. Après le dessert, nous discutons très tard et rigolons encore pas mal, espérons que ça facilitera notre digestion!

mercredi 6 mai 2009

Maroc - Essaouira


Aujourd'hui, je suis obligée de me lever à 6h30... mais en récompense de mes efforts, j'ai droit à une douche chaude, la première depuis mon arrivée au Maroc. Après un petit-déjeuner rapide, nous partons en minibus, direction Essaouira. 200 km à peine séparent cette ville côtière de Marrakech, mais ici, on ne peut pas rouler très vite, et le trajet est censé prendre trois bonnes heures. Comme je suis souvent malade en voiture, je monte à l'avant avec Rachid notre chauffeur et Antonia. Nous sommes un peu serrés mais il ne fait pas trop chaud, alors ça va. Les abords de la nationale sont plutôt désertiques dans l'ensemble, mais nous marquons deux arrêts en chemin: le premier dans un café pour boire quelque chose de frais (= un jus d'oranges locales délicieux et ridiculement bon marché), le second dans une coopérative de femmes qui fabriquent de l'huile d'argan alimentaire et cosmétique. L'argan ne pousse qu'au Maroc et depuis que le reste du monde se passionne pour ses vertus, c'est devenue une ressource importante dans ce pays. Une "guide" nous débite un petit laïus appris par coeur - mais néanmoins intéressant - sur la fabrication de l'huile. Nous avons également la possibilité de goûter celle-ci avec de petits morceaux de pain. Conquise par son goût qui rappelle vaguement la noisette, j'en achète une bouteille pour parfumer mes salades estivales. Pour ce qui est de la cosmétique, ayant la peau grasse à la base, je juge inutile d'en rajouter une couche.

Nous arrivons à Essaouira en fin de matinée. Les palmiers et l'odeur d'iode me donnent l'impression d'être de retour au bord de la Méditerranée (alors que nous sommes sur l'Atlantique, comme me le rappelle Valérie). On m'a dit et répété que cette ville était assaillie par le vent et que beaucoup de gens trouvaient ça pénible. Nous avons de la chance: aujourd'hui, il n'y a qu'un souffle d'air en provenance du large, juste de quoi tempérer la chaleur du soleil. Nous passons déposer nos bagages au Palazzo Desdemona où nous devons dormir ce soir. Ma chambre est perchée très haut et bien entendu, il n'y a pas d'ascenseur: ça me fera toujours éliminer quelques-unes des calories de la cuisine de Fatma. Pour le déjeuner, nous nous dirigeons vers l'enfilade de restaurants de poissons et de coquillages situés près du port. Antonia marchande dur le contenu et le prix de notre plateau. N'étant pas fan de bêtes à coquille, je mange assez peu - et refile les restes à une minuscule chatte tortie qui erre entre les jambes des clients. Elle est si mignonne que je l'emmènerais volontiers. Les matous errants ne doivent pas vivre bien vieux ici...

Après avoir acheté une glace à l'italienne (pas très couleur locale mais délicieuse) et bu un thé à la menthe (what else?) sur la terrasse du Tarus, nous nous dirigeons vers le port proprement dit. Nous espérons trouver des éclats de peinture issus des célèbres barques bleues d'Essaouira pour les coller dans nos carnets, mais la récolte est maigre. En revanche, mon Lumix s'en donne à coeur joie avec cette lumière et ces couleurs sublimes. Puis nous nous asseyons sur un muret pour dessiner, qui la silhouette de la ville, qui les barques ou les mouettes (en essayant d'éviter les déjections dont elles bombardent le coin). Très appliquée sur mon aquarelle, je ne vois pas le temps passer mais suis encore la dernière à finir.

Après ça, Pascale et Doris décident de partir de leur côté pendant que le reste du groupe se met en quête d'une tannerie recommandée par Mohamed Boustane hier. Très vite, nous sortons des quartiers à touristes et nous engageons dans une avenue où la large chaussée n'est que gravier et poussière, ponctuée ça et là par quelques tranchées d'évacuation des eaux usées. Le coin est presque désert et ressemble vaguement à Beyrouth. Nous marchons assez longtemps. A trois reprises, nous demandons notre chemin à des Marocains qui ne comprennent pas ce que nous cherchons et nous indiquent des directions farfelues. Enfin, Geneviève a la bonne idée d'alpaguer un monsieur qui vient de démarrer sa voiture. Celui-ci nous conduit très gentiment à notre destination et nous sert même d'interprète avec le tanneur, un vieil homme prénommé Larbi qui ne parle pas un mot de français. Jamais je n'aurais cru qu'un endroit aussi décrépit et bordélique puisse abriter une entreprise.

Pendant qu'Antonia, Valérie et Geneviève examinent une tripotée de peaux de chèvres naturelles ou teintes en rouge dans un minuscule réduit sans lumière, j'observe une fois de plus les jeux des chats errants qui pullulent dans les allées. J'essaie de les prendre en photo, mais c'est drôlement vif ces bestioles! Les achats effectués, notre interprète s'éclipse et les filles tentent de prendre congé. Mais Larbi n'en a pas fini avec nous. Des troupeaux d'étrangères, il ne doit pas en voir débarquer tous les jours, et il veut prolonger le moment au maximum. Il nous montre les différentes étapes de la fabrication des peaux: foulage aux pieds dans des cuves, teinture, séchage sur cadre... Il accepte même de poser, hilare, avec Régis, Valérie, Sylvie et une de ses peaux. Une chouette photo viendra témoigner de cette rencontre hors du commun.

Sur le chemin du retour, pour nous remettre de nos émotions, nous effectuons quelques emplettes, notamment des babouches en raphia chez un marchand qu'Antonia connaît bien (d'ailleurs, je vais finir par croire qu'elle connaît tout le monde ici; c'est hallucinant le nombre de gens qui l'interpellent dans les souks). Dans la galerie des bijoutiers, je craque pour une très jolie bague en forme de fleur, mais malheureusement la boutique est déjà fermée. Qu'à cela ne tienne: un peu plus loin, je repère une autre bague en ambre verte, dans une boutique ouverte cette fois. Avec l'aide d'Antonia, je l'achète pour 280 dh. Puis nous rentrons retrouver les autres à l'hôtel.

Pour notre repas du soir, nous choisissons un resto qui propose les mêmes plats que tous les autres établissements de la rue mais dont la déco nous inspire. Effectivement, l'intérieur est très joli, mais le serveur a la célérité d'un escargot neurasthénique et la bouffe est plus que médiocre. Je ne prends pas de carte de visite.

mardi 5 mai 2009

Maroc - Marrakech


Aujourd'hui, nous restons au riad pour un cours de calligraphie avec Mohamed Boustane. Nous travaillons toute la matinée dans le salon où François nous a installé une table un peu trop petite et à la suface pas vraiment plane. L'outil utilisé pour la calligraphie arabe est un bambou à la pointe taillée en biais, appelé "calame", que l'on doit tenir selon un angle de 45°. L'encre utilisée est du brou de noix délayé dans de l'eau (mais on peut aussi se servir d'acajou ou d'autres produits de différentes couleurs). Mohamed nous fait faire tout un tas d'exercices à base de points pour maîtriser la tenue et le maniement du calame. Puis nous passons aux lettres et aux mots. C'est très difficile de faire des pleins et des déliés propres en allant de droite à gauche et en appuyant juste le nécessaire pour déposer la bonne quantité d'encre sans jamais tomber en panne sèche au mauvais moment. Nos bambous grincent sur le papier blanc tandis que nous nous appliquons avec plus ou moins de succès.

Nous nous interrompons pour déjeuner. Pendant le repas (un tajine de boeuf suivi de rondelles d'orange à la cannelle, of course...), Mohamed nous raconte l'histoire de son père qui voulut faire la révolution, fut envoyé en prison et lui donna un jour le conseil de ne jamais se mêler de politique. Depuis, il vit en retrait des affaires du monde en ne se préoccupant que de son art. Il est très branché spiritualité et a un discours tellement mystique que j'ai du mal à comprendre ce qu'il raconte. Je connais le sens des mots pris individuellement, mais les phrases qu'il forme avec ne signifient rien pour moi. "La calligraphie est au-dessus de la séduction", par exemple. Ou "Je suis le point en dessous du b; sans moi, la lettre b ne peut se réaliser". Gni? Mais c'est un vrai personnage et, incontestablement, un artiste très doué.

L'après-midi, nous nous installons sur la table de la terrasse, beaucoup mieux éclairée et plus confortable que celle du salon. Par contre, il y fait un peu chaud et notre attention ne tarde pas à retomber. Mohamed doit le sentir, car il nous propose un petit jeu assez rigolo: faire des empreintes de nos mains. Il commence par badigeonner une feuille de papier aquarelle avec le brou de noix dont nous nous servons pour écrire. Lorsque l'encre est sèche, il nous enduit une main avec de l'eau additionnée de très peu de brou de noix. Puis il nous fait appuyer cette main très fort sur la face teintée du papier, pendant quelques secondes, avant de la retirer d'un coup. Le résultat est très chouette. Une fois l'empreinte sèche, il est possible d'écrire dessus ou autour en utilisant un calame trempé dans de l'eau de Javel. Je me livre à quelques essais peu satisfaisants, que je recouvre de brou de noix pour les faire disparaître.

Vers 17h30, Mohamed nous quitte, non sans avoir gentiment sacrifié au rituel de la photo avec Régis. Nous travaillons un peu sur nos carnets. François se décide enfin à tester ma douche et à reconnaître que non, je ne suis ni folle ni stupide: il n'y a effectivement pas d'eau chaude dans ma salle de bain. Mieux vaut tard que jamais, hein. Comme solution, il me donne les clés de la chambre d'en face, actuellement libre. Là, il y a bien de l'eau chaude... mais qui coule au goutte-à-goutte. Génial.

Le soir, nous partons dîner sur la fameuse place Jemma El Fna (sans Doris qui, fatiguée, a préféré rester au riad pour se reposer, d'autant que ce n'est pas son premier séjour à Marrakech). Des tas d'échoppes démontables proposent brochettes et grillades de viande ou de poisson. Nous nous installons à la 81 qu'Antonia a déjà testée sans que personne dans son groupe soit malade le lendemain. Nous commandons des frites pas terribles, des aubergines trop grasses, des épinards qui ressemblent plutôt à des salicornes et des brochettes de mouton franchement moyennes. Mais on s'en fout: l'ambiance est sympa, l'addition légère, et on passe un bon moment. Après ça, nous jetons un coup d'oeil aux différents artistes de rue qui se produisent un peu plus loin, mais ils sont assez peu nombreux ce soir et aucun ne retient vraiment notre attention.

lundi 4 mai 2009

Maroc - Marrakech


Levée à 7h30. Alors que je suis sous la douche, les cheveux pleins de shampoing et le corps enduit de savon, l'eau devient subitement glacée. Damned. Pendant que nous petit-déjeunons sur la terrasse du haut, je reçois un texto de Chouchou m'informant que l'agence Dexia de la place Jourdan n'a pas ma carte Visa. Double damned. J'arrive malgré tout à rester d'humeur égale; hourra pour moi.

Nous passons la matinée au Dar Cherifa, un café littéraire doté d'une très belle architecture, à dessiner dans la cour intérieure. C'est la toute première fois que je me lance dans l'aquarelle, et même si c'est un peu laborieux, le résultat ne me paraît pas trop moche. Après avoir bu un jus (avocat ou amandes pour les autres filles, orange-fraise plus classique pour moi), nous partons en direction de la Place des Epices.

Nous traversons les souks et perdons une partie du groupe en route, mais la retrouvons au Café des Epices où nous avons prévu de déjeuner. Je prends un sandwich végétarien qui s'avère beaucoup moins sympa que les salades composées de mes compagnes, puis m'attelle à reproduire la ligne d'horizon. Quand la chaleur finit par nous chasser de notre table en terrasse, nous effectuons quelques emplettes sur la place en contrebas - notamment des motifs au henné que nous faisons tracer à même nos carnets par une jeune fille très maigre et très sérieuse prénommée Laïla.

La suite de l'après-midi est consacrée à des visites culturelles: la Medersa, une école coranique bourrée de touristes, puis le Musée de Marrakech où se tient en ce moment une exposition de carnets de voyage extraordinaires: énormes et bourrés d'éléments en relief (coquillages, pièces, perles, plumes, bijoux...). J'aime particulièrement celui consacré au Népal avec ses mosaïques de photos cousues. Nous dessinons un long moment les objets marocains présentés dans des vitrines (un poignard et une fibule pour moi) pendant qu'un gros orage éclate dehors.

Nous profitons d'une accalmie pour passer rapidement à la Kouba et rentrer au riad. Séance de travail collective sur les carnets, puis dîner: en entrée, de la harira, une soupe de céréales très épicée; en plat, un ragoût de poisson; en dessert, du raib (lait caillé) et une longue conversation pleine de fou-rires.

dimanche 3 mai 2009

Maroc - Marrakech


Pas d'eau chaude pour me doucher ce matin: la journée commence bien... J'étais la première couchée hier soir; je suis la dernière levée ce matin. Hum. Je fais la connaissance des 4 autres stagiaires: Sylvie (Parisienne, grande habituée des stages de carnets de voyage), Pascale (pédiatre à Hendaye), les deux copines Doris (doyenne du groupe, me fait beaucoup penser à ma tante Jeanne) et Geneviève (passionnée de jardinage). Nous petit-déjeunons au salon puis avons droit à une interminable réunion d'information avec François sur la terrasse. Il nous fait perdre la moitié de la matinée en nous répétant le contenu de ses différents mails et nous recommande de ne pas tomber amoureuses d'un Marocain. Euh, de quoi je me mêle? Nous avons toutes entre 38 et 67 ans; je pense que nous sommes assez grandes pour faire nos propres choix...

Du coup, il est déjà tard lorsque nous partons pour le marché aux vieux livres, situé contre les remparts à l'extérieur de la medina. Dans les rues, nous devons faire attention aux très nombreux vélos et mobylettes qui ne ralentissent jamais. Et en l'absence de feux tricolores, traverser la moindre avenue s'avère un sport à haut risque. Après avoir acheté de vieux manuels scolaires à 10 dh pièce (environ 1 €) pour nous servir de papier de fond, nous faisons un tour dans un supermarché voisin. L'occasion de constater qu'ici, la monnaie est une denrée rare: même les caissières n'ont pas le change sur un pauvre billet de 200 dh!

Nous déjeunons au riad d'un succulent tajine de poulet aux citrons confits et aux olives vertes, suivi par des fraises à la cannelle (décidément!). A ce rythme-là, je crains que mes pantalons en toile déjà fort justes n'explosent avant la fin de la semaine... Puis nous faisons des exercices de frottage au pastel sur papier de soie ou papier imprimé. Mes Sennelier sont beaucoup trop gras; on dirait de l'huile colorée en bâton. Je ne suis qu'à moitié satisfaite du résultat mais note la technique dans un coin de ma tête pour une autre occasion.

Il pleut un peu en fin d'après-midi. Dès que le ciel se dégage, nous sortons faire un tour dans les souks. L'étroitesse des allées, l'entassement des marchandises dans les échoppes exiguës, les odeurs diverses et variées, les marchands qui ne cessent de nous interpeler: tout est tel que je l'imaginais. J'achète de beaux carnets en cuir dans une boutique dont Antonia connaît le propriétaire, plus une breloque en passemanterie rose et une petite théière marocaine pour ma collection; j'en repère aussi une grande, ancienne et très belle, que je repasserai peut-être chercher plus tard. Dîner au riad (kefta et aumônières à la glace vanille).

samedi 2 mai 2009

Maroc - Marrakech


Levée à 5h30, glups! Chouchou m'accompagne courageusement en voiture à l'aéroport. Le premier vol Bruxelles-Madrid se déroule sans histoire; je passe le plus clair du temps à dormir. Par contre, une fois à Madrid, je m'aperçois que ma carte Visa ne se trouve pas à sa place habituelle dans mon portefeuille. En réfléchissant, je réalise que j'ai dû l'oublier hier dans le distributeur de la place Jourdan où j'ai retiré des sous à changer à mon arrivée. Légère panique. J'appelle Chouchou pour lui demander de faire opposition, mais il a pu s'en passer des choses ces 17 dernières heures... Au pire, je pense que mon assurance devrait me rembourser. J'essaie de ne pas me laisser gâcher mon début de vacances, mais pour une angoissée naturelle comme moi, ce n'est pas évident.

L'avion d'Iberia Airlines se pose à Marrakech à 12h20 heure locale (14h20 en France). Le contrôle des passeports s'éternise. Dans le hall des arrivées, je retrouve Majoub, le chauffeur de taxi envoyé par le riad, un adorable vieux monsieur à moitié édenté qui conduit une minuscule Fiat pourrie et répond gentiment à toutes les questions dont je le bombarde. Sur le chemin, les massifs de roses et les nombreux arbres fleuris qui bordent les remparts d'ocre rouge de la medina me font pousser des cris de ravissement et oublier ma contrariété. Il fait très beau et ce premier contact avec le Maroc me remplit d'excitation.

Le riad se trouve à l'intérieur de la medina (vieille ville). Nous nous garons sur une petite place devant la mosquée Bab Doukkala et remontons à pied un derb (venelle) désert, dont quelques maisons se sont écroulées et offrent un spectacle assez peu engageant. En revanche, le riad Sahara Nour lui-même est somptueux, une véritable oasis de fraîcheur et de beauté au milieu de cette décrépitude. Je fais la connaissance de Samira, la très gentille gouvernante, puis de François, le propriétaire. Je suis la première arrivée. N'osant pas me lancer seule et avec un plan plus que sommaire dans le dédale de la medina, je m'installe dans le patio pour boire un thé à la menthe, me vernir les orteils (tongues power!) et commencer à dessiner.

Valérie (3 enfants, habite un village près de Montpellier, bosse dans le service informatique d'une grande banque) me rejoint vers 19h. Je suis affamée et fais honneur au repas du soir: salades de tomates, de courgettes et d'aubergines, poisson grillé avec haricots et pommes vapeur, salade de bananes et d'oranges à la cannelle (!). Vers 21h30, je vais me coucher avec "Heart and soul", le dernier Maeve Binchy dont je comprends assez vite qu'il ne va pas m'emballer. Les autres filles ne sont toujours pas là: une a raté son avion et doit attendre le suivant, deux autres sont retardées jusqu'à... 5h du matin!

dimanche 26 avril 2009

Hollande - Amsterdam


Fatigue plus confort incroyable du lit aidant, j'ai bien dormi cette nuit. Mais quand nous nous réveillons, les rues sont désertes et trempées. Le manque d'éclairage de notre chambre noire rend l'atmosphère un peu gloomy, et c'est sans beaucoup d'entrain que je me prépare. Après la traditionnelle séance de photos, nous sortons sous la pluie et nous dirigeons vers le Grand Hôtel Krasnapolski, heureusement distant de cinq minutes à peine, dont le restaurant est réputé pour sa splendide décoration et ses brunchs délicieux. Mais lorsque nous arrivons, aux alentours de 11h, l'hôtesse nous prévient qu'ils en sont encore à servir le petit déjeuner. Qui coûte la modeste somme de 28,50€ par personne. Hum, on a un plan B?

Un de nos guides suggère un petit restaurant du nom de Gartine, bien caché dans une ruelle perpendiculaire au Rokin. Dix minutes de marche rapide nous conduisent devant un charmant établissement... dont la serveuse nous informe qu'il est complet et qu'elle ignore quand une table se libèrera. L'estomac dans les talons et le parapluie détrempé, je suis au bord du découragement. Je recommence à feuilleter mes guides plantée au milieu de la rue. Quelques minutes s'écoulent sans que nous parvenions à prendre une décision. C'est alors qu'une cliente s'en va et que le propriétaire, attendri par la vue de ces deux touristes piteusement stationnés devant sa vitrine, nous fait signe d'entrer. Notre soulagement est grand. Il sera pourtant surpassé par notre ravissement devant le contenu de nos assiettes: large breakfast à l'anglaise pour Chouchou, tartine de fromage de brebis vieux de deux ans avec roquette et chutney de betteraves, plus soupe de légumes du jardin et cheesecake au chocolat blanc (sans speculoos!) pour moi. Un régal absolu, servi par des gens charmants, dans un cadre adorable et pour un prix modique. Si nous repassons à Amsterdam, nous reviendrons.

Nous descendons ensuite à pied jusqu'au FOAM, le musée de la photographie d'Amsterdam, où l'on peut actuellement admirer une exposition sur Richard Avedon, un artiste dont j'aime beaucoup le travail et que j'aimerais faire découvrir à Chouchou. Difficile d'effectuer un classement parmi ses portraits en noir et blanc tous plus remarquables les uns que les autres. Chouchou est particulièrement touché par celui qui montre un Groucho Marx au regard d'une infinie tristesse, à mille lieues de l'image que le grand public garde de lui. Quant à moi, je suis fascinée par une capture de Rudolf Nureyev en mouvement - la grâce et la puissance incarnées -, ainsi que par le portrait sans fioritures mais incroyablement émouvant d'un Noir né esclave. Bien entendu, aucun des trois ne figure dans la série de cartes postales tirées de l'expo en vente à la boutique du musée...

Il est 13h30 lorsque nous ressortons du FOAM très contents de notre visite et entamons la longue remontée des canaux. La pluie a cessé; il fait une température agréable et la promenade est plutôt plaisante... du moins, jusqu'à ce que Chouchou se profonde le genou sur une des nombreuses bittes qui bordent les trottoirs, marquant la frontière entre le territoire des piétons et celui des cyclistes Essayez donc d'expliquer à vos proches que vous boîtez à cause d'un coup de bitte! Hum, oui, bon. Nous faisons un arrêt photo devant le Beulingsluis, le plus petit canal d'Amsterdam et le seul qui soit dépourvu de quais. "Mais comment font les gens pour sortir de chez eux?" s'étonne Chouchou. Je lui réponds très sérieusement que ces maisons-là sont habitées par des canards qui les quittent en volant ou à la nage. "Tiens, d'ailleurs, en voici un!" dis-je en désignant un colvert qui se dirige benoîtement vers le pont sur lequel nous nous tenons. "Bonjour, Mr. VanDyke!". D'accord, c'est pas beau de se moquer.

Etape suivante: le Déco Sauna, dont l'intérieur Art Déco grandiose a été en grande partie récupéré dans l'ancien magasin du Bon Marché. Non seulement c'est beau, mais c'est propre, accueillant, hyper bien équipé, pas trop cher, et surtout: tout le monde est à poil et personne ne mate, ce qui est quand même l'idéal pour ce genre d'établissement. Nous passons deux heures à alterner hammam et douche, puis sauna à 80° et douche, avec des pauses boissons au milieu. Une très chouette expérience.

Comme il nous reste encore une heure et demie, nous retournons vers la place du Dam où s'est installée une fête foraine. Un petit tour de manège? J'hésite entre les balançoires suspendues et la grande roue; Chouchou tranche en faveur de la seconde, depuis laquelle nous pourrons prendre des photos d'Amsterdam vue d'en haut. Puis nous refaisons une petite descente de Kalverstraat. Je m'arrête chez Sabon, marque de produits de beauté batave dont les boutiques fleurissent à tous les coins de rue ou presque, pour sentir leurs sels de gommage à la menthe. Je les teste sur ma main: l'odeur ne me plaît pas. Et là, c'est le drame. Voulant me rincer dans l'évier mis à la disposition de la clientèle, j'ouvre le robinet d'eau froide et tends ma main dessous sans réfléchir que depuis notre arrivée ici, nous n'avons trouvé que des robinets inversés par rapport au sens français... Résultat, je m'ébouillante le dos de la main et la première phalange du majeur gauche. Ca fait un mal de chien. Le vendeur honteuzéconfus tel le corbeau de La Fontaine s'empresse de me badigeonner d'un masque apaisant en principe destiné au visage, mais qui s'avère très efficace sur ma main. N'empêche, j'ai l'air un peu chelou en ressortant de là avec ma main sur laquelle semble avoir chié un pigeon géant (au métabolisme probablement déréglé par un abus de speculoos).

Un passage rapide chez Waterstone où j'achète de quoi lire dans le Thalys, et nous reprenons le chemin de l'hôtel pour récupérer nos bagages. Pas mal chargés, nous remontons jusqu'à Amsterdam Central en tram (la seule fois du week-end où nous aurons pris les transports en commun). Comme il nous reste un peu de temps avant le départ de notre train, nous décidons de manger dans la gare. Sur le côté droit - loin, très loin de notre quai - se trouve un Burger King jusqu'auquel nous n'avons pas le courage de pousser. Nous sommes cruellement punis pour notre paresse. Du côté gauche, il n'y a qu'un New York Pizza où nous mangeons les plus mauvaises pizzas du monde... et où mon Hawaïenne infâme me brûle le palais, histoire de l'assortir à ma main estropiée. Pour des habitués de Mamma Roma, le choc est extrêmement rude, et c'est un peu sonnés que nous nous affalons dans le Thalys qui va nous ramener à Bruxelles après ce week-end bien rempli.

samedi 25 avril 2009

Hollande - Amsterdam


Notre arrivée hier soir fut assez mouvementée. Notre train avait plus de cinquante minutes de retard, ce qui nous a fait débarquer à Amsterdam Central vers 23h30 - alors que la propriétaire du Miauw Suites, le mini-hôtel où nous logeons, n'habite pas sur place et n'assure normalement l'accueil que jusqu'à 22h. Le tram que nous avions eu tant de mal à trouver a ignoré nos coups frénétiques sur sa porte vitrée et démarré sous notre nez. Finalement, nous avons dû prendre un taxi. Qui nous a facturé 15€ une course de 2 km, a roulé comme un dingue dans les petites rues à sens unique entre les canaux et manifesté la plus mauvaise foi du monde en prétendant que s'il ne trouvait pas, c'est parce que nous lui avions fourni un mauvais numéro. Mais tout s'est bien terminé, quoi que tardivement. Nous avons été ravis par notre jolie chambre blanche, son bouquet de roses fraîches, son superbe iMac et surtout son lit ultra-confortable. Ce qui ne m'a pas empêchée d'avoir beaucoup de mal à m'endormir: le quartier des 9 Rues est bruyant le vendredi soir.

C'est donc un peu dans le pâté que je me suis levée ce matin. Le temps de faire nos ablutions dans la minuscule salle de bain, de nous préparer et de prendre tout un tas de photos, nous quittons le Miauw Suites vers 10h30 et nous dirigeons vers le Buffet van Odette recommandé par Analik (notre hôtesse). Ce restaurant situé un peu plus haut le long des canaux est minuscule mais sympathique et doté d'une carte fort alléchante. Fidèle à son habitude, Chouchou joue la carte du sucré en se commandant un grand petit déjeuner accompagné d'une omelette tandis que je satisfais ma boulimie de salé avec un délicieux steak sandwich garni d'oignons grelots et de mayonnaise à la moutarde, puis une soupe à la tomate façon BLT, pleine de roquette, de petits bouts de bacon frit et de morceaux de parmesan. Miam. Je pense qu'après ça, on va pouvoir sauter le repas de midi.

Le ventre plein et l'humeur au beau fixe, nous entreprenons d'explorer le quartier bobo des 9 Rues sous un soleil radieux. Il regorge de boutiques spécialisées toutes plus craquantes les unes que les autres. Parmi les boulangers, les fromagers et les marchands de primeurs aux appétissantes vitrines se nichent de petits cafés devant lesquels s'alignent trois ou quatre tables garnies de petits vases de fleurs. Ici, j'aperçois un magasin qui ne vend que des boutons de toutes les tailles et de toutes les formes; là, un autre qui fait dans les lunettes vintage. Le roi de la tong voisine avec un designer d'étonnants sacs à main; quelques bouquinistes côtoient une échoppe poussiéreuse remplie de vinyles. Je fais une longue incursion dans une parfumerie très chic où j'admire sans rien acheter des produits de marques... françaises assez difficiles à trouver chez nous, puis m'arrête au What's cooking, petit magasin spécialisé dans les accessoires culinaires, pour faire l'emplette de quelques brols. Un peu plus loin, Chouchou déniche un grand carnet d'aquarelle de la collection Moleskine. Plus loin encore, à la place de Zinne et Minne censé être l'Eva Luna local, nous tombons sur un Coq Sportif. La boutique de déco indiquée Tangram sur mon plan a depuis pris le nom de Niels, mais j'y déniche quand même des gobelets Marimekko presque deux fois moins chers qu'en Scandinavie - pourquoi, mystère.

Nous attaquons ensuite le quart nord-est du Jordaan, de l'autre côté de la ceinture des canaux. Le fabricant d'articles en cuir sur mesure chez qui nous voulions nous renseigner pour un serre-taille et qui n'est ouvert au public que quelques heures par jour a décalé ses horaires en ce samedi et vient juste de fermer, damned! Une mésaventure similaire nous attend à l'adresse de Fun Frames: le spécialiste des cadres en tous genres a laissé la lace à... une poissonnerie. Qu'importe, le quartier est ravissant et il fait bon s'y promener en mitraillant les devantures des magasins ou les façades des traditionnelles maisons à pignons. Quelques minutes au Kitsch Kitchen, l'empire du plastique, me plongent dans une grande perplexité (et me font presque saigner les yeux). Chez Simon Léveldt, j'achète deux variétés de thé vert parfumé choisies à l'odeur.

Nous commençons à être fatigués et un peu chargés. En reprenant le chemin de l'hôtel, nous passons devant Westerkerk (mais Chouchou n'est pas motivé pour monter en haut du clocher) et devant la maison d'Anne Frank reconnaissable à sa longue file d'attente. Jamais il ne me viendrait à l'idée de faire le pied de grue et de payer pour aller visiter le placard où une pauvre gosse a passé les deux dernières années de sa vie à se cacher des Nazis; je trouve ça parfaitement morbide. J'ai lu le livre et c'est bien suffisant. Arrivés au Miauw Suites, nous découvrons que nos affaires ont déjà été déménagées dans la chambre noire où nous devons dormir cette nuit. Elle est bien moins jolie que la précédente et je suis un peu déçue. Enfin tant pis, nous n'allons pas y passer beaucoup de temps de toute façon.

Nous repartons en direction de l'intérieur de la ceintures des canaux, vers le centre plus moderne d'Amsterdam. Kalverstaart, que nous descendons en partant de la place du Dam, me fait penser à la rue Neuve avec ses enseignes identiques à celles de toutes les grandes villes occidentales. Rien de bien intéressant, à part un De Tuinen (chaîne de drogueries hollandaises ou j'avais acheté plein de savons style Lush il y a dix ans) où je déniche un gel douche citron-menthe à l'odeur agréablement tonique, un Douglas où je fais l'acquisition d'un liner-feutre noir et d'un vernis à ongles Malava et un Noa Noa (enseigne scandinave repérée à Copenhague en septembre dernier) où je trouve une jupe d'été blanche absolument géniale et même pas trop chère. Le repas de ce matin étant digéré depuis belle lurette, nous faisons halte dans une galerie commerçante pour nous sustenter. Installés à côté d'une baie vitrée qui donne sur le Singel, Chouchou engloutit un panini et moi un croque fromage-ananas avec du ketchup: trop bon!

Il est encore tôt lorsque nous ressortons. Comme nous avons déjà fait beaucoup de shopping, je propose à Chouchou une petite croisière sur les canaux. Coup de bol, une des nombreuses compagnies qui proposent ce divertissement traditionnel est installée à deux pas de là sur le Rokin. Re-coup de bol, un bateau se prépare justement à partir. Nous achetons très vite nos billets et montons à bord dans les derniers. Nous nous retrouvons devant, avec une guide française dont le groupe compose l'essentiel de la clientèle. Très vite, Chouchou se rapproche de l'ouverture qui tient lieu de porte pour prendre des photos sans être gêné par la vitre. Un peu crevée, je reste sagement assise à admirer les bâtisses que nous longeons et à écouter les explications qui les accompagnent. Nous remontons à travers le Jordaan en direction du bras de mer situé derrière la gare centrale qui sépare le nord et le sud d'Amsterdam. Après avoir longé le NEMO, musée en forme de bateau conçu par l'architecte du Centre Pompidou, et une reproduction de bateau marchand du XVIIIème siècle entièrement construite par des chômeurs volontaires, nous achevons la boucle en regagnant notre point de départ. L'ensemble a pris environ une heure et a eu le mérite de reposer nos jambes en mouvement ininterrompu depuis ce matin.

Il est 18h30 quand nous débarquons, et tous les magasins ou presque ont déjà fermé. Nous prenons la direction de Leidesplein à proximité duquel se trouve le Hard Rock Café. Dans la boutique attenante, la vendeuse flashe sur Régis et nous bombarde de questions sur lui; un bonmoment s'écoule avant que je réussisse à en placer une pour demander si le sweat zippé que je convoite est un modèle femme ou enfant. Au final, le M me va comme un gant et je l'embarque. L'unique magnet disponible est aussi énorme que hideux, et je ne peux me résoudre à l'acheter. Chouchou craque pour un T-shirt à manches longues hyper rock'n'roll. Il essaie aussi un blouson en cuir dont la coupe ne lui va pas et une sacoche qui me paraît manquer un peu de la sobriété nécessaire pour aller avec tout. Nous nous posons ensuite la question de savoir où dîner. Nous nous ferions bien une table de riz dans un resto indonésien, mais nous n'avons ni adresse ni réservation. Aussi optons-nous pour la solution de facilité: le Hard Rock Café. Nous attendons trois quarts d'heure au bar en matant des vidéos des années 80 et en sirotant des cocktails. Une des serveuses s'amuse à grimacer derrière moi pendant que Chouchou me prend en photo. J'espérais avoir une table dans la salle du haut; nous resterons finalement en bas, juste à côté du bar mais près de la baie vitrée qui donne sur les canaux. Ce qui n'est pas si mal du tout. Je commande une Cobb salad histoire d'avoir encore faim pour un dessert... Mais il n'y a plus d'apple cobbler ni de cheesecake: seulement des gâteaux hyper chocolatés ou des glaces. Tant pis, ça me fera toujours économiser quelques milliers de calories supplémentaires.

Nous reprenons à pied le chemin de l'hôtel, dans l'idée que je récupère mon blouson doublé pour me protéger contre le froid nocturne avant de poursuivre en direction du quartier rouge. Mais Chouchou n'est pas plus motivé que ça et la journée a déjà été longue. Bien qu'il ne soit que 22h, nous décidons de la terminer gentiment dans notre chambre.