jeudi 7 mai 2009

Maroc - Essaouira, Sidi Kaoki


Les msemen du Palazzo Desdemona ne valent pas ceux de Fatma, mais enfin ils devraient nous tenir au corps jusqu'à midi. Nous partons nous promener sur au et pied des remparts d'Essaouira. Le temps est toujours aussi magnifique, bien qu'un peu frisquet en ce début de matinée, et la lumière très belle appelle les photos - mais gare au contre-jour! Les ruelles que nous longeons sont presque désertes; quel contraste après l'agitation de Marrakech... Nous repérons deux belles portes côte à côte et nous arrêtons pour les dessiner. Je m'assois en tailleur à même le sol; Antonia a apporté son siège pliant et d'autres filles squattent une marche devant l'entrée de la maison d'en face. Comme une gourde, j'utilise le mauvais feutre, celui qui a la pointe ultra-fine mais dont l'encre n'est pas résistante à l'eau. Je ne pourrai donc pas aquareller mon croquis avec le fameux bleu d'Essaouira.

Achetant au passage quelques menues babioles pour touristes (mini-babouches, cartes postales, foulards...), nous nous dirigeons ensuite vers la place du marché aux grains où nous sommes déjà passées hier. Nous nous asseyons à la terrasse d'un salon de thé baptisé "Au bonheur des dames", où nous sirotons de délicieux cocktails de fruits. Puis les autres filles se remettent à dessiner, et comme je commence à saturer un peu, je pars me promener dans les environs. Je récupère les babouches achetées hier (désormais munies d'une semelle à ma taille) et retourne seule à la galerie des bijoutiers. Comme je m'enquiers du prix de la bague en forme de fleur qui me plaît tant, et demande à combien il me fait les deux si je lui prends aussi un joli pendentif d'ambre à la monture d'argent délicate, le jeune marchand m'invite à m'asseoir dans sa minuscule boutique et part nous commander un thé à la menthe. En attendant l'arrivée de celui-ci, nous bavardons pendant qu'Abdou nettoie les bijoux de sa vitrine. Il me pose des questions sur mon pays et me demande comment je trouve Essaouira. Evidemment, je n'ai que du bien à en dire. La conversation s'éternise et je crains que les filles ne s'impatientent sur la place, d'autant que nous avons rendez-vous avec notre chauffeur en fin de matinée. Abdou veut que je vienne manger un tajine chez lui ce soir; je lui réponds que je repars aujourd'hui même et me retiens de lui faire remarquer que je pourrais être sa mère. Au final, j'obtiens les deux bijoux qui m'intéressent pour 620 dh au lieu des 680 initialement annoncés, et Abdou m'offre en plus deux petits pendentifs (une babouche et une Khamsa, ou main de Fatima). J'ai passé un moment sympa en sa compagnie et j'en suis toute contente.

A midi et demie, après être repassées à l'hôtel pour récupérer nos bagages, nous retrouvons Rachid et son minibus à l'extérieur des remparts. Une petite heure de route nous conduit à Sidi Kaoki (prononcer Kaouki), un spot de surfeurs assez connu. Nous ne sommes pas là pour mater du muscle huilé, cependant, mais pour dessiner le marabout que la marée haute nous interdit malheureusement de contourner afin de nous placer de son côté le plus lézardé. Après avoir avalé les sandwichs apportés avec nous d'Essaouira, nous nous installons à la terrasse d'un café qui offre une vue moins spectaculaire mais néanmoins satisfaisante sur ledit marabout. Je dessine sur une feuille de mon vieux livre écrit en arabe, utilisant de la gouache blanche pour les faces ensoleillées du bâtiment. Le résultat me plaît bien même s'il coûte la vie à mon verre de Coca projeté à terre par un coup de coude malencontreux.

Vers 15h30, nous reprenons le chemin de Marrakech. Cette fois, le trajet me semble très long. Il fait beaucoup plus chaud qu'à l'aller et avec les vitres ouvertes (le minibus n'est bien entendu pas climatisé), nous avalons beaucoup de poussière et de fumée d'échappement. Les yeux me piquent et le temps se traîne. Nous faisons une halte dans un café où on nous sert un litre de jus d'orange chacune - ce sera un miracle si nous arrivons à dormir ce soir. Le propriétaire demande si nous voulons qu'il rajoute du sucre et s'entend répondre un "non!" choral et retentissant.

Nous sommes rentrés au riad Sahara Nour largement à temps pour le dîner, qui se compose d'une soupe et d'un tride: un plat marocain à base de msemen, de lentilles aux oignons et de poulet. Je me serais bien passée des lentilles qui alourdissent inutilement l'ensemble, mais je suis fan du msemen utilisé comme des pâtes. Après le dessert, nous discutons très tard et rigolons encore pas mal, espérons que ça facilitera notre digestion!

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