samedi 24 avril 2010

Japon - Tokyo (Shibuya, Shinjuku)


La nuit ne fut pas très bonne: Chouchou et moi sommes tous les deux un peu malades. Il n'a pas arrêté de ronfler bruyamment et moi de tousser à m'arracher la gorge. Mais ça ne doit pas nous empêcher de profiter de notre dernier jour à Tokyo, qui marque aussi les 40 ans de Chouchou.

En sortant du ryokan, nous nous rendons dans une boutique de thé voisine conseillée hier soir par la "spécialiste des femmes", pour y faire une provision de crus locaux introuvables en Europe. Faute de pouvoir converser avec le propriétaire, je choisis une demi-douzaine de paquets complètement au hasard, nous verrons plus tard si ce dernier a bien fait les choses! Puis nous réservons nos billets de Narita Express pour demain matin et mettons le cap sur Shibuya.

Nous commençons par déjeuner au Big Chef où je mange une dernière omelette au riz - qu'est-ce que j'aime ça! Au rayon librairie de Tower Record, nous trouvons la collection de petits bouquins illustrés sur le Japon (nous en achetons 5), et Chouchou au terme d'une très longue fouille déniche le dernier recueil de photos de Rikki Casso. He's outshopping me, c'est un scandale! Aurais-je perdu mon mojo? Ou l'aurais-je contaminé avec mon propre virus, créant un monstre concurrent sans le vouloir? Quoi qu'il en soit, ma propre recherche au rayon "art de vivre" ne me permet de faire aucune nouvelle trouvaille fracassante. Et puis je balise pour le poids des valises au retour.

Nous retour- nons à pied chez Junie Moon pour voir l'expo Alice qui a commencé le 20. Différents artistes ont crée des Blythe uniques en s'inspirant des personnages de l'oeuvre de Lewis Carroll. Il y a notamment un Chapelier Fou et un Chat de Cheshire sublimes, mais les prix vont de 60 000 à 200 000 yens, glups. Et puis un tableau adorable à 30 000 yens que je me serais peut-être offert si je l'avais vu en début de séjour, mais là... J'espère sans trop y croire que toutes ces merveilles figureront dans un prochain libre de photos. Je ressors de la boutique à la fois inspirée et super-frustrée.

Arrêt pour boire un verre dans un café branché, le premier du genre que nous voyons à Tokyo. Un vulgaire Coca y coûte 550 yens; quand on sait qu'ils sont à 120 yens dans les distributeurs, ça fait un peu mal. D'autant qu'ici comme ailleurs, la clientèle ne s'attarde guère pour profiter de l'ambiance, bavarder ou rêvasser après avoir fini ses consommations.

Chouchou ayant exprimé le désir de visiter un temple en ce jour d'anniversaire, nous retournons ensuite en métro jusqu'à Harajuku pour une petite visite au Meiji Jingu - qui, techniquement, est un autel destiné à un empereur défunt et à son épouse, mais où l'on peut aussi sonner une cloche pour exaucer ses voeux. J'y suis déjà allée deux fois et ça ne me branche pas d'y retourner, d'autant que je commence à avoir mal aux pattes, mais peut-on refuser quelque chose à quelqu'un qui fête ses 40 ans? Non, on ne peut pas. Je suis donc Chouchou en silence.

Pour le repas de ce soir, nous avions repéré dans le Cartoville une izakaya spécialisée dans le tofu qui avait l'air très sympa. Mais des recherches extensives ne nous permettent pas de la trouver. Comme nous reprenons le métro pour Ikebukuro, les portes de la rame se referment sur Chouchou qui tombe à la renverse, une de ses jambes passant entre le quai et le train. Il s'en tire avec de gros bleus, mais j'ai eu très peur.

Au final, nous dînons dans le bar à sushi "habituel" où je commande pour Chouchou et moi en japonais. Je n'aime pas le poisson cru, aussi je me contente de sushi à la crevette (cuite) et de maki au concombre tandis que Chouchou s'éclate avec toutes sortes de bestioles à tentacules infâmes.

Un dernier tour à Shinjuku pour faire quelques photos de nuit des enseignes lumineuses. Chouchou a le blues, mais je suis sur les rotules et j'ai hâte de rentrer demain. Tokyo, c'est quand même une ville crevante!



vendredi 23 avril 2010

Japon - Tokyo (Ueno)


Nos journées démarrent de plus en plus tard; à ce rythme-là, nous n'aurons aucun décalage horaire à rattraper à notre retour à Bruxelles!

Comme il pleut encore, nous avons décidé de nous faire une journée musée, en débutant par le Tokyo National Museum dont Marion et Cie nous ont dit le plus grand bien. Et tant qu'à passer par la gare de Ueno, pourquoi ne pas déjeuner au Hard Rock Café, même si j'ai déjà "fait" celui-là deux fois? Chouchou n'est pas très difficile à convaincre. Mon passage obligé à la boutique se solde par l'achat d'un T-shirt noir à manches courtes avec logo strassé. Au resto, pour changer de ma traditionnelle salade Cobb, je commande la blackened chicken pasta - très bonne, mais trop bourrative pour prendre un dessert après. Tant pis pour le délicieux cheesecake du HRC!

Le Tokyo National Museum abrite une collection immense répartie sur quatre bâtiments, sans doute impossible à voir en une journée. Nous concentrons nos efforts sur le Heiseikan dont le premier étage accueille deux expositions temporaires:
- une collection d'objets militaires et domestiques ayant appartenu à la lignée Hosokawa;
- une collection d'art zen et bouddhiste rassemblé par un shogûn aux goûts plus raffinés que la moyenne.
Les conditions pour dessiner ne sont pas idéales; il y a bien des sièges, mais ils sont trop loin des pièces exposées, et je ne me vois pas du tout m'asseoir par terre comme je l'avais fait à Marrakech l'an passé! Néanmoins, j'arrive à croquer une armure de samouraï avec son casque, un masque de nô et une tsuba en forme d'aigrette.

Encouragée par ces modestes succès, j'entraîne Chouchou au rez-de-chaussée du bâtiment où se trouve la collection archéologique du musée. Celle-ci retrace les premiers échanges culturels entre le Japon et ses voisins immédiats, notamment la Corée. Elle contient de nombreux haniwa ou figurines mortuaires en terre cuite qui me fascinent. En sortant, nous tombons sur une salle remplie de tampons où il est possible de confectionner ses propres cartes postales en forme de kimono. Evidemment, je dédaigne les modèles proposés pour barbouiller plutôt une double page de mon fidèle carnet Moleskine.

Nous passons ensuite au bâtiment Honkan, ou "galerie du Japon". C'est là que sont exposées les trésors historiques les plus typiques du pays: sabres, estampes, statuettes de Bouddha, services à thé... Cela nous intéresse moins et de plus, je sens venir mon coup de barre du milieu d'après-midi. Il est particulièrement violent aujourd'hui, aussi renonçons-nous à notre projet d'aller visite l'aquarium de Sunshine City pour rentrer au ryokan à 16h15 seulement.

Plus tard, nous ressortons pour explorer la librairie de Tobu et nous acheter à manger: encore des gyoza, et de la soupe miso instantanée. Puis nous restons assez tard dans la salle commune à discuter avec le couple été-automne que nous avons croisé au musée cet après-midi. Ils nous conseillent une application iPhone pour identifier les kanji que Chouchou s'empresse de télécharger, et aussi une chouette collection de petits bouquins illustrés sur le Japon. C'est une soirée très sympa. Lors des séjours précédents, j'avais un peu discuté avec les autres clients du ryokan, mais pas autant. Là, la connexion wifi disponible seulement au rez-de-chaussée fait que l'on s'attarde dans la salle commune au lieu de remonter dans sa chambre sitôt la dernière bouchée avalée. Les conversations avec le couple été-automne, mais aussi avec la carnettiste cannoise et son mari ou la naturopathe "spécialiste des femmes" venue donner un séminaire à Tokyo feront partie de mes meilleurs souvenirs de ce voyage ^^

Demain, c'est le dernier jour. Je suis un peu triste mais aussi très fatiguée, et j'ai hâte de reprendre le boulot pour me reposer de ces vacances!

jeudi 22 avril 2010

Japon - Tokyo (Ginza)


Parmi les incontournables dans notre liste de choses à faire au Japon durant ce séjour, il y avait la visite d'un café ou d'un restaurant à thème, avec décor extravagant et serveuses déguisées. L'étude approfondie d'un livre très bien documenté sur ce thème nous avait permis de sélectionner deux établissements tentants à tous points de vue: le Vampire Café et le Alice in Wonderland Fantasy Dining, tous deux situés dans le quartier chic de Ginza. Craignant qu'il y ait un dress code informel dans le premier, nous avons demandé au réceptionniste de notre ryokan de réserver pour nous dans le second.

La première chose dont nous avons été informés, c'est qu'en tant que gaijins, nous devrions payer un supplément de 600 yens plus 10% du montant de nos consommations. D'indignation, j'ai failli renoncer à y aller. Si un établissement français annonçait quelque chose comme "chez nous, les niaquoués (car "gaijins" est souvent employé dans un sens péjoratif...) raquent plus cher", il aurait toutes les associations de consommateurs plus SOS Racisme sur le dos, et à juste titre! L'immense courtoisie dont les Japonais font preuve vis-à-vis des touristes fait parfois oublier leur profonde xénophobie; ce genre d'incident la rappelle de manière fort désagréable et laisse un goût un peu amer. Néanmoins, Chouchou est super motivé, et comme on ne refuse rien à un homme qui a 40 ans dans deux jours, je décide de m'asseoir sur mon indignation pour l'accompagner quand même.

En tout début d'après-midi, après un déjeuner pas inoubliable au Casa (un des restos du food court situé au 8ème étage du Seibu de la gare d'Ikebukuro), nous nous mettons donc en route pour Ginza. Nous sortons du métro sous une pluie battante qui nous force - c'est ballot - à nous réfugier dans le flagship store Muji situé à deux pas. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté. Bon, j'exagère peut-être sur le chapitre luxe et volupté, mais l'agencement des marchandises est un régal zen pour les yeux. Nous traînons un long moment aux rayons papeterie et nourriture, et je me déniche même un joli jean gris en coton biologique. D'accord, c'est une coupe boyfriend dans laquelle on est censée flotter et laisser dépasser quinze centimètres de bas de mollet, et sur moi, ça donne un modèle méga-moulant pile à la bonne longueur. Nevertheless, il me plaît beaucoup.

Chouchou, décidément en mode GPS depuis le début du voyage, retrouve ensuite du premier coup la papeterie Ito-Ya où je ne m'éclate pas autant que la dernière fois, mais où j'effectue quand même quelques emplettes de cartes, de trombones fantaisie et de magnets. Puis, munis d'indications fort vagues, nous nous mettons en quête du Taiyo Building. Une série de suppositions éclairées couplées à un peu de chance nous permettent de le localiser assez rapidement malgré nos craintes - si rapidement, même, que nous devons tuer le temps dans un grand magasin de jouets et une librairie en attendant l'heure de notre réservation. Nous faisons l'ouverture: le service de 19h, nous avait-on dit au téléphone, était complet; nous avons donc dû nous résoudre à dîner à... 17h.

Au 5ème étage du Tayio Building, les portes de l'ascenseur s'ouvrent directement dans le hall du Alice in Wonderland Fantasy Dining. Chaises au dossier sculpté de roses, murs ornés de reproductions des pages de l'oeuvre de Lewis Carroll et... atmosphère claustrophobante, on est immédiatement dans le bain. Car si la décoration de ce restaurant est soignée dans les moindres détails, avec une inventivité qui m'arrache des "Oh" et des "Ah" ravis jusque dans les toilettes, le plafond hyper bas et peint en noir, les murs très rapprochés ou couverts de miroirs et l'éclairage tamisé rougeâtre me font immédiatement penser à une boîte échangiste ou à un bordel - impression qui ne me lâche pas pendant tout le repas et qui contraste très fort avec mes attentes plus, disons, disneyesques.

Par contre, les serveuses sont à croquer avec leur tenue d'Alice. Et nous sommes très agréablement surpris de découvrir qu'au-delà de sa présentation inventive, la nourriture est délicieuse. Dommage que le service rapide, limite précipité, n'invite pas à s'attarder... Mais bon, comme dans tous les restos au Japon. Au total, même si l'addition est un peu salée, je trouve que l'endroit la vaut bien, et je suis contente de m'être laissée convaincre par Chouchou de l'accompagner au Pays des Merveilles.

mercredi 21 avril 2010

Japon - Kawaguchi


Les vols long courrier à destination de l'Europe devraient reprendre partiellement aujourd'hui. Pour autant, je ne serai vraiment tranquille que quand le nôtre aura été confirmé, donc pas avant samedi, j'imagine.

En ce mercredi que la météo prévoit ensoleillé, nous tentons de réaliser un rêve de Chouchou: voir le Mont Fuji. Pour cela, nous prenons à Shinjuku un train JR qui nous conduit en une heure jusqu'à Otsuki, puis un tortillard rigolo qui met presque aussi longtemps à nous hisser jusqu'à Kawaguchi - ville où se trouve l'un des cinq lacs situés au pied du Mont Fuji, et depuis lesquels on a paraît-il la plus belle vue sur ce volcan surnommé "le coeur du Japon".

Je suis ravie de traverser ce paysage de montagne et de campagne à une allure un peu poussive qui permet de bien tout regarder, et même de prendre des photos par la fenêtre. Je m'en doutais un peu grâce à mes lectures (notamment "Hokkaido Highway Blues" que j'ai terminé juste avant notre départ), mais le Japon rural n'a apparemment rien à voir avec le Japon citadin; loin des enseignes lumineuses à gogo, des gratte-ciel d'acier et de verre, des magasins entassés les uns sur les autres et du grouillement humain parfois oppressant, il semble figé dans un passé où tout était simple et épuré.

Arrivés au terminus, nous descendons à pied vers le lac distant d'à peine 800 mètres, et comme il est déjà un peu tard, nous cherchons où manger. Le premier restaurant que nous essayons est complet et le deuxième fermé; l'angoisse fait gargouiller mon estomac. Nous finissons par nous réfugier dans une sorte de cantine très calme... jusqu'à ce que débarque un groupe d'une vingtaine de touristes coréens fumeurs et bruyants, qui nous persuade de finir notre repas en vitesse et de détaler.

Nous nous dirigeons vers le "cable car", un téléphérique qui nous emmène jusqu'à un très beau point de vue. Malheureusement, de gros nuages dissimulent le sommet du Mont Fuji. Pas de photo de carte postale pour Chouchou qui tente de faire contre mauvaise figure bon coeur. Nous profitons de la température agréable pour nous asseoir face au panorama et dessiner au moins ce que nous voyons de la montagne. Avant de redescendre, nous sonnons la cloche de Tenjo ensemble, en faisant un voeu face au Fuji: nous voulons un avion pour rentrer chez nous dimanche!

Nous embarquons ensuite à bord du "pleasure boat" avec un seul autre couple - la saison n'est pas encore commencée et il n'y a pas foule aux abords du lac. Le temps est couvert et il fait un peu froid sur le pont supérieur désert, alors je me blottis contre la poitrine de Chouchou pour regarder lentement passer le Mont Fuji derrière les cerisiers en fleurs. Pas trop dégueu comme moment :-)

Pour le goûter, je réclame à tester le Cheese- cake Factory, une ravissante pâtisserie à l'européenne qui sert surtout des gâteaux à emporter mais propose aussi deux petites tables bistrot dans un coin pour la dégustation sur place. Comme je le soupçonnais, le cheesecake a tout sauf un goût de cheesecake. Mais il est bon quand même. Un petit tour dans les boutiques de souvenirs voisines, où nous acheton schacun un mini-Mont Fiju en peluche (même pas honte) et où je trouve un très chouette puzzle du Japon, avec les régions en couleurs et un petit dessin de la spécialité de chacune. Puis nous rebroussons chemin vers la gare pour rentrer sur Tokyo, ce qui nous prend presque trois heures avec les deux changements.

Le soir, nous dînons dans un boui-boui d'Ikebukuro Ouest - ramen au porc et gyoza. Une fois de plus, c'est la fumée de clope qui nous pousse à fuir sitôt la dernière bouchée avalée.

mardi 20 avril 2010

Japon - Tokyo (Ebisu, Nakano)


Toujours la même effervescence ce matin au petit déjeuner: tout le monde cherche des nouvelles du trafic aérien et se demande quand il aura un avion pour rentrer chez lui. La salle commune du Kimi prend des allures de camp de réfugiés touristiques. Je ne déteste pas cette ambiance, qui pousse les gens à discuter entre eux au lieu de rester chacun dans son coin, mais je suis toujours inquiète pour notre retour dimanche.

Aujourd'hui, nous allons à Ebisu (prononcer: "ébissou", d'où nombreux jeux de mots foireux et dégoulinants de guimauve dans le métro) où un étrange château se dresse en plein milieu d'une place japonaise moderne. Nous déjeunons dans un restaurant équipé des fameux distributeurs de tickets que nous maîtrisons désormais à la perfection - tout comme ceux du métro qui m'avaient tant terrorisée lors de mon premier voyage il y a 5 ans. Ce n'est vraiment qu'un coup à prendre!

Puis, à l'instigation de Chouchou, nous visitons le Tokyo Metropolitan Museum of Photography qui propose actuellement deux expos:
- Requiem de Yasumasa Morimura, un artiste dont nous avons déjà aperçu une oeuvre au Musée Mori l'autre jour. Sa spécialité, c'est de se grimer pour recréer des scènes historiques marquantes dans lesquelles il interprète tous les protagonistes. Le résultat - photos et vidéos - est très bien foutu mais me laisse un peu perplexe quant à son utilité et son message.
- Unseen and best works de Jean-Loup Sieff: décidément, nous n'échappons pas aux artistes français! Mais les photos de mode comme les nus ou les portraits de JLS me laissent totalement froide. Je les trouve à mille lieues de l'émotion dégagée par le travail de Richard Avedon (par exemple).

Nous nous rendons ensuite à Nakano où j'ai consenti à accompagner Chouchou dans sa quête de figurines de fâmâpoâls avec des flingues. Un bienfait n'étant jamais perdu, je tombe sur une boutique qui vend de très nombreuses Blythe en édition limitée, dont des occazes impeccables, à peine sorties de leur boîte. C'est ainsi que je trouve enfin une poupée qui me plaît dans mes prix, hourra! Je m'étais plus ou moins résignée à rentrer bredouille. Après ça, bien qu'il soit encore tôt, la fatigue nous pousse à rentrer au ryokan.

Le soir, il se remet à pleuvoir sérieusement. Nous allons dîner au Denny's, faisant ainsi une entorse à notre règle qui veut qu'à l'étranger, nous mangions de la bouffe étrangère. Cela dit, ce n'est qu'une demi-entorse puisque cette chaîne de restaurants américains propose au Japon une version nipponisée de ses grands classiques. Ainsi, les hamburgers sont servis avec le pain à part, et ce pain peut être remplacé par un bol de riz blanc. Et le cheesecake, bien que délicieux, représente à peine deux grosses bouchées. Pendant que nous dînons, je tombe amoureuse de la salière que je contemple en hésitant à la barboter. Elle n'a rien de spécial et ne doit pas coûter plus de cent yens en grande surface, mais j'aime sa forme toute simple, son bouchon vissable et ses kanji bleu foncé sur le devant. Je veux cette salière. Mais je ne peux pas me résoudre à la voler. Tant pis, je me consolerai avec le joli chapeau Uniqlo rouge que Chouchou m'a offert avant le dîner.

lundi 19 avril 2010

Japon - Enoshima, Hase, Kamakura


Ce matin, après avoir discuté dans la salle commune du ryokan avec un couple de Cannois dont l'avion a été annulé avant-hier et avec le couple été-automne dont nous avons appris qu'ils pratiquaient le iaido pour lui et l'aïkido pour elle, nous prenons un train de la Shôshan-Shinjuku Line (qui fait partie du réseau JR, de sorte que nous ne payons pas nos billets) pour nous rendre jusqu'à Fujisawa, près de la côte Pacifique. Le voyage dure à peu près une heure et une fois de plus, je suis ravie de la passer à regarder défiler le paysage par la fenêtre.

De Fujisawa, un joli trolley qui longe la côte jusqu'à Kamakura nous dépose à Enoshima, premier arrêt de notre parcours. Nous marchons vers l'île de l'observatoire sous un soleil tiède juste comme il faut; c'est la première fois depuis notre arrivée que je porte un T-shirt manches courtes (ce sera aussi la seule). Tous les restos locaux ne servant que des plats à base de poisson, nous options pour des menus garnis de friture que je transvase soigneusement dans le bol de Chouchou: je ne mange rien dont je vois les yeux.

Malgré l'existence d'un escalator incongru en ce lieu (et payant), c'est à pied que nous montons jusqu'à l'observatoire qui surplombe l'île - une sacrée grimpette! Là-haut, nous sommes surpris de voir un très grand nombre de faucons raser la tour. Puis nous remarquons les panneaux qui mettent en garde contre eux. C'est toujours plus classe que les mouettes, et moins bruyant aussi. En redescendant, j'aperçois un marchand de théières et de tasses dans une ruelle minuscule, et craque finalement pour un petit modèle en terre cuite avec un hibou sur le dessus.

Nous rebroussons chemin jusqu'à la station de trolley et poursuivons sur la même ligne jusqu'à Hase. Là, nous visitons d'abord le Hasedera Temple dédié à Kannon, déesse tutélaire du Japon. Des milliers de petites statues la représentant s'alignent dans un coin, c'est assez impressionnant. La fameuse grotte où elle se serait manifestée autrefois est très basse de plafond par endroits; je dois marcher pliée en deux dans certains tunnels. Ici aussi, quantité de figurines ont été déposées dans les anfractuosités de la roche. Dommage qu'il fasse trop sombre pour prendre des photos décentes. En même temps, contrairement à Chouchou, j'ai zéro spiritualité et ne suis pas vraiment sensible à l'atmosphère de ce genre de lieu.

Etape suivante: le fameux Bouddha, 13,40 mètres de haut pour plus de 120 tonnes. En sortant, je m'offre enfin une de ces superbes crêpes en cornet qui me font envie depuis 5 ans. J'éprouve un peu d'appréhension au moment de mordre dedans, mais elle est aussi bonne que si elle avait été préparée en Bretagne. Chouchou craque et en prend une aussi, mais ne pense pas à replier le fond de son cornet et se met de la sauce au chocolat partout sur les vêtements.

Re-trolley jusqu'à Kamakura où, longeant une rue commerçante dans laquelle nous tombons sur un magasin exclusivement dédié aux goodies Ghibli, nous poussons vers le temple shintoïste Tsurugaoka Hachimangu. Je commence à en avoir plein les pattes, mais nous prenons quand même le temps de rédiger une plaquette votive au nom de Régis: "Paix sur la Terre...", commence Chouchou. C'est moi qui termine: "...et fâmâpoâls!".

Le retour en train me paraît beaucoup plus long que l'aller, sans doute parce que c'est l'heure de pointe et que je suis fatiguée. Nous achetons des plats à emporter au Tobu et les mangeons au ryokan. Pendant le repas, nous discutons avec un couple de Belges qui avaient déjà engagé la conversation hier soir et dont le vol de retour a été annulé. La situation semble s'améliorer en Europe avec la réouverture de plusieurs aéroports dont ceux du sud de la France. Nous croisons les doigts.

dimanche 18 avril 2010

Japon - Tokyo (Harajuku, Ikebukuro)


Le nuage de cendres produit par l'éruption d'un volcan islandais, et ayant entraîné ces derniers jours la fermeture de nombreux aéroports européens dont Roissy, ne fait toujours pas mine de se dissiper. Au ryokan, plusieurs couples de Français ont vu leur vol annulé et ne savent pas quand ils pourront rentrer chez eux. Je commence à paniquer en nous imaginant bloqués ici pour X jours supplémentaires, voire X semaines étant donné le backlog de passagers à rapatrier avant nous. Les compagnies aériennes ne proposent rien d'autre que de rembourser la première nuit d'hôtel supplémentaire et le retour de Narita à Tokyo; le répondeur de l'ambassade de France est saturé et sur place les employés proposent juste l'inscription sur une liste d'attente (attente de quoi?). Et une semaine de séjour non prévu dans une ville aussi chère que Tokyo - surtout pendant la Golden Week! -, ça peut chiffrer trèèèès vite.

Aujourd'hui, unique dimanche de notre séjour, nous allons à Harajuku faire le circuit habituel Takeshite-Dori/Omotesando. Dans la première, nous avons la mauvaise surprise de constater que les Lolita Goths semblent avoir disparu. Apparemment, nous sommes entrés dans l'ère de la fleurette et du canotier: partout, on ne voit plus que ça. Chez Laforêt (équivalent local du 109 à Shibuya), il reste bien deux ou trois belles boutiques de fringues goth/punk, mais elles sont planquées au sous-sol et pratiquent des prix assez prohibitifs. En même temps, comme je ne dois rentrer dans RIEN, pas de regrets. Je m'offre quand même un collier-carotte (oui) dans une boutique d'accessoires rétro à croquer.

Passage obligatoire à Kiddy Land: là non plus, aucune Blythe intéressante; je commence à désespérer. Par contre, il y a deux ou trois Dal assez sublimes qui me font hésiter. Et les merdouilles Hello Kitty et Snoopy occupent chacune un étage entier. Le monde court à sa perte, moi je vous le dis. Dans Omotesando défilent des manifestants écologistes assez calmes et pas trop nombreux, tous vêtus de jaune. Deux paires de policiers encadrent la petite procession. Ca aussi, c'est une nouveauté.

Pour nous remettre de notre déception, nous mangeons dans un boui-boui qui sert des ramen au porc, au comptoir uniquement. C'est hors des sentiers battus, bien qu'à deux pas des "Champs-Elysées japonais" et positivement succulent. Nous passons ensuite à l'Oriental Bazaar pour nos achats touristiques et remontons vers le pont du Meiji Jingu où notre impression initiale se confirme. De Lolita Goths, il ne reste que deux spécimens vêtus de roses et cernés par la foule telle une paire de chimpanzés dans un zoo. Je trouve ça vraiment triste.

Comme il fait très beau, nous décidons de passer l'après-midi au parc de Yoyogi... qui s'avère moche et grouillant de monde. Le seul truc sympa, ce sont les mignonnes jeunes filles qui distribuent des Free Hugs à l'entrée. Bien sûr, nous les faisons poser avec Régis. Pour oublier cette débâcle, Chouchou m'entraîne dans un temple bouddhiste situé non lon d'Ikebukuro, le Gokokuji. L'endroit est très calme, dépourvu de touristes, et il reste assez de cerisiers en fleurs pour prendre quelques jolies photos. Je m'assois le temps de dessiner une statue grimaçante à l'air démoniaque dont j'ai du mal à croire qu'il s'agisse d'un Bouddha; on dirait plutôt un djinn ou une divinité indienne vengeresse. Ce qui ne perturbe nullement le matou blanc et roux vautré à ses pieds.

Retour au ryokan et surf frénétique en quête d'infos sur le trafic aérien, puis envoi de mails à titre préventif (banquier, parents, Sophie qui nous garde les chats, boulot de Chouchou...) et prise d'un demi-Xanax pour arriver à dormir.