lundi 15 juin 2009

Tchéquie - Prague


Quand nous avons préparé notre voyage à Prague, nous avions le choix entre deux vols retour: un qui partait en milieu de journée et l'autre à 21h30. Malgré un prix légèrement supérieur, nous avons opté pour le second en nous disant que ça nous permettrait de passer une journée complète de plus sur place. Grosse erreur. Ce matin, nous nous levons sans avoir la moindre idée de ce à quoi nous allons employer notre journée.

Finalement, nous décidons d'aller visiter la galerie de Jan Saudek, un photographe tchèque paraît-il hyper connu et dont Chouchou adore le travail. La plupart de ses oeuvres mettent en scène des freaks, personnes handicapées ou obèses posant dévêtues dans des attitudes obscènes. Pas ma tasse de thé du tout. L'érotisme, je l'aime quand il louche du côté des pin-ups ou du SM. Ca, c'est too much pour moi. Mais bon, je me coucherai un peu plus cultivée ce soir.

La journée étant censée être très pluvieuse, nous allons préventivement nous réfugier dans le centre commercial de Namesti Republiky (la place de la République, j'imagine). Où nous trouvons essentiellement des enseignes françaises et anglaises, parmi lesquelles un Marks & Spencer et un Topshop. Je fais quelques emplettes sans grande conviction. Moment rigolo tout de même chez Body Shop quand, ayant jeté mon dévolu sur un après-shampoing à la myrtille, je demande à la vendeuse: "Do you have to rinse it out?". Visiblement, son anglais ne va pas jusque là. Je suis obligée de lui mimer le fait de m'enduire les cheveux de produit, de faire mousser et de rincer. Le tout en faisant un bruit d'eau qui coule et en prenant un air interrogateur. A défaut d'autre chose, ses collègues se seront bien marrés.

Nous déjeunons au food court du dernier étage, dans un resto libanais appelé El Emir où fidèles à notre habitude, nous engloutissons des assortiments de mezze - végétarien pour moi et viande pour Chouchou. Puis, sur l'initiative de Chouchou, nous décidons de nous aventurer au nord de la vieille ville, de l'autre côté de la Vlatva, pour aller visiter le Musée d'Art Contemporain et Moderne. Personnellement, je m'en serais bien passée, mais nous avons encore plusieurs heures à tuer, alors autant lui faire plaisir. Sauf que lorsque nous arrivons devant le musée, une pancarte nous annonce qu'il est fermé le lundi. Soupçonneuse, je demande à Chouchou de me passer le guide dont il s'est servi pour nous conduire jusqu'ici. C'est marqué en toutes lettres et en français: "Ouvert du mardi au dimanche". Je réprime mes pulsions de strangulation en pensant aux brols que je viens d'acheter dans la papeterie devant laquelle nous sommes passés en chemin et que je n'aurais jamais découverte sans ça.

Le tram nous ramène à Namesti Republiky. Nous redescendons vers l'hôtel en flânant au passage entre les stands du marché de Havelskà qui embaume les fruits d'été: cerises, fraises, abricots, nectarines... Pour la dernière fois, nous nous installons au O'Che's où nous surfons et dînons tranquillement jusqu'à l'arrivée de toute une équipe de sportifs australiens hyper bruyants. Pas grave, notre taxi ne va pas tarder à passer nous chercher pour nous conduire à l'aéroport...

dimanche 14 juin 2009

Tchéquie - Prague


Le beau temps se maintient aujourd'hui. Nous passons la matinée au Musée des Arts Déco. Dans la boutique du rez-de-chaussée, je craque pour un collier; ça ne fera jamais que le deuxième en deux jours... L'exposition temporaire du premier étage, qui termine aujourd'hui, est consacrée à Daniel et Ignàc Preisslerové, un père et un fils connus pour avoir développé l'art de la peinture sur l'envers du verre. La collection permanente située au deuxième étage est incroyablement touffue. Six salles consacrées chacune à un thème précis (le verre et la faïence, le tissu et l'habillement, l'horlogerie, l'imprimerie et la photographie, le métal...) regorgent de tant de trésors qu'il est difficile de les admirer tous. Ici comme dans beaucoup d'autres musées tchèques, il est permis de prendre des photos en échange d'un "ticket" qui coûte quelques euros. Malheureusement, l'éclairage tamisé nécessaire à la préservation de certaines oeuvres ne nous permet pas d'en profiter réellement.

Nous allons déjeuner dans un resto d'une rue adjacente, recommandé par un de mes guides pour son atmosphère bon enfant et sa très bonne cuisine tchèque à prix modique. Le Svejk ne nous déçoit pas. Je n'arrive pas à bout de mon assiette dégustation: canard + 2 sortes de viandes de porc + quenelles de pain + quenelles de patates + chou rouge et chou blanc au vinaigre, ça fait un peu beaucoup pour moi. Je vais laisser le chou. C'est lourd, le chou.

L'après-midi, comme nous avons un peu épuisé notre stock de visites culturelles, je demande à retourner à l'angle de la rue Novy Svet où, en passant avant-hier, j'avais repéré une charmante pension de famille qui aurait été très sympa à dessiner. Chouchou accepte, et au terme d'une assez longue marche, nous nous posons enfin face à U Raka. Je m'assois en tailleur dans le gravier tandis que Chouchou préfère griffonner debout. Nous restons là jusqu'à ce que la lumière commence vraiment à décliner, que j'aie fini mes contours au feutre à l'encre de Chine et que Chouchou déclare sa moitié de dessin finie "à chier".

Nous rentrons à l'hôtel en faisant un petit détour par l'île de Kampa. Juste avant le pont qui permet d'y accéder, nous tombons sur le John Lennon Wall, un grand mur couvert de graffiti politiques - très photogénique. Sur le pont même, des dizaines de cadenas fermés sont accrochés à la grille qui donne sur un petit moulin à aube. Pourquoi, mystère. Il faudra chercher sur Google.

Nous dînons de bonne heure au O'Che's avant de reprendre le chemin de Karlova et du théâtre TaFantastika. En effet, nous avons acheté des billets pour la représentation de 21h30 d'"Aspects of Alice". C'est un spectacle étrange qui mélange acteurs live, effets de lumière noire, marionnettes, film et dessin animé avec beaucoup de poésie, une pointe d'humour et une bonne dose d'érotisme. Nous adorons tous les deux.


samedi 13 juin 2009

Tchéquie - Prague


Du soleil, enfin!!! Pour fêter ça, j'ai prévu de passer la journée dehors. Nous commençons par marcher jusqu'au bas de la colline de Petrin, censée être "le repaire des amoureux". Bien entendu, il y a la queue pour prendre le funiculaire qui doit nous conduire jusqu'au sommet. Et bien entendu, une fois arrivée en haut, je ne vois pas bien ce qu'on pourrait foutre sur un banc au milieu d'une roseraie, donc nous entamons aussitôt la redescente sur l'autre versant. Au passage, nous prenons quand même quelques photos du Mur de la Faim (que l'empereur Charles IV avait fait construire pour filer du boulot aux pauvres après la grande famine de 1360) et de la Tour Eiffel locale - 299 marches sans ascenseur; ni Chouchou ni moi ne tenons à ce point à admirer la vue d'en haut.

Arrêt suivant: le bien-nommé restaurant Bellavista où, attablés en terrasse devant des pâtes quelconques mais une fois de plus très bon marché, nous promenons un regard ébloui sur les toits de Prague qui s'étendent en contrebas. Cela fait, nous entrons dans le monastère voisin de Strahov, dont nous visitons la sublime bibliothèque et le cloître attenant. Pour une fois, muette d'admiration je suis. Je n'ai pas le moindre soupçon de sentiment religieux, mais une telle dévotion envers les livres force mon respect.

Puisque Chouchou s'est trompé ce matin et a pris des tickets journée au lieu du voyage unique dont nous aurions eu besoin pour le funiculaire, nous poussons à pied jusqu'à la station de Malostranskà. Avant de descendre dans le métro, nous nous arrêtons pour boire un Coca au bord d'une petite place où le touriste semble plus rare et l'autochtone plus nombreux. C'est un endroit quelconque mais plaisant, et pour la première fois, nous avons vraiment l'impression d'être en république tchèque plutôt qu'à Disneyland.

Nous descendons à la station de Vysehrad pour visiter le cimetière du même nom, dans lequel sont enterrés beaucoup de grands artistes tchèques comme Alphonse Mucha. Et là, pour le coup, un peu de pluie (ou de brume, pardon d'insister) aurait été la bienvenue: un soleil éblouissant tue la mélancolie contemplative nécessaire pour apprécier ce genre d'endroit. Ou pour y prendre des photos un tant soit peu lugubres. Chouchou résoud le problème en passant au noir et blanc et au sépia - pas bête.

La Vlatvà (le fleuve qui traverse Prague) à notre gauche, nous remontons ensuite à pied et en métro jusqu'à la Maison qui Danse. En nous synchronisant avec les feux rouges du carrefour qu'elle surplombe, nous parvenons à faire quelques clichés qui ne soient parasités par aucune bagnole. En revanche, pour les fils électriques, ce sera Photoshop ou rien.

Le soir, fatigués par notre très longue marche, nous optons pour la solution de facilité en allant dîner au O'Che's. Goulash et knedliky (quenelles de pain) pour Chouchou, risotto au poulet et aux légumes pour moi, surf sur internet en dessert: la journée aura été presque acceptable.



vendredi 12 juin 2009

Tchéquie - Prague


Il fait un grand soleil quand nous nous réveillons ce matin. Mais le temps que nous soyons prêts à partir, la pluie s'est remise à tomber. Nous nous réfugions dans un pub voisin de l'hôtel qui a le wifi gratuit, histoire de surfer avec mon eee-PC et l'iPod Touch de Chouchou. A peine avons-nous commandé d'immenses Coca que le soleil revient. Zen, restons zen.

Nous traversons le pont Charles pour explorer le quartier de Hradcany qui se trouve à l'ouest de celui-ci. Les rues montent pas mal, mais le coin est assez joli dans le genre meringue, bien que toujours aussi blindé de touristes. Nous faisons une grande boucle en prenant des photos et vers midi, nous descendons vers le palais royal. Personnellement, le visiter ne m'intéresse pas du tout mais je sais que ça fera plaisir à Chouchou.

...On est bien mal récompensé de son altruisme parfois. Les tickets d'entrée sont valables deux jours. Autrement dit: y'a gras de trucs à voir, et je suis partie pour une fin de journée assez pénible. D'autant que Chouchou insiste pour prendre l'option B: le "Grand Tour". Pas juste les indispensables, non: la totale. Du coup, je manque arracher avec les dents la tête de l'employée qui veut absolument nous refourguer des audioguides alors que je déteste ça. Me promener en suivant les flèches avec un genre de monstrueux walkie-talkie collé à l'oreille pendant des heures, merci bien.

Une queue de plusieurs centaines de personnes serpente autour de la cathédrale Saint-Guy sous une pluie battante. Craignant sans doute pour sa vie pour ma santé mentale, Chouchou décide de zapper ce monument qui est pourtant, paraît-il, l'un des plus spectaculaires de la ville. C'est toujours ça de pris. Nous passons directement au palais même, puis à l'exposition retraçant son histoire (ah, je savais bien que j'avais pas besoin d'un audioguide pourri pour me la susurrer à l'oreille!). Tout ce que je retiens, c'est que jusqu'à ce que la Tchéquie devienne une république, on assassinait, on brûlait et on défenestrait à tout va dans le coin. Les souverains bohèmes avaient des passe-temps très sains.

Nous nous arrêtons pour déjeuner dans un des restos du palais. Déco sobre et de bon goût, carte minimaliste et prix itou. Mon "goulash dans son bateau de pain" me réconforte quelque peu. Et c'est reparti pour la suite des visites. Nous expédions rapidement la basilique Saint-Georges. Nous passons un peu plus de temps devant la collection d'art tchèque du couvent attenant, qui mélange tableaux religieux dramatiques et scènes de la vie ordinaire. Les nobles dames tirent toutes une tronche de dix pieds de long; en même temps vu leur tête, il faut les comprendre: elles sont plus moches les unes que les autres malgré leurs splendides atours.

Vient ensuite la visite de la Ruelle d'Or et de ses minuscules boutiques d'artisanat en lesquelles je place beaucoup d'espoir pour me sauver d'une mort par overdose d'ennui. Hélas, trois fois hélas! Elles vendent exactement les mêmes merdouilles que les magasins de souvenirs de la Vieille-Ville. Et la ruelle se termine par une prison moyennageuse remplie d'instruments de torture que je traverse en fixant le bout de mes Converse (j'ai l'estomac sensible et plein de goulash).

En nous dirigeant vers la visite suivante (il nous en reste encore trois à faire; j'ai un tout petit peu envie de pleurer...), nous passons devant le musée du jouet où se tient une expo pour les 50 ans de Barbie. Bien sûr, j'y entraîne Chouchou. L'expo n'est pas géniale, surtout comparée à celle de Monaco que j'avais vue avec l'Homme il y a, euh, une éternité, mais ça vaut toujours mieux qu'une collection de vierges de fer.

Lorsque nous ressortons, Chouchou a pitié de moi et déclare que nous en avons assez vu. Nous devons encore traverser les jardins du palais pour regagner la sortie. J'ai mal aux pieds et je crois que je déteste Prague. Du coup, je garde le silence pendant le chemin du retour vers l'hôtel. Il vaut mieux: je risquerais de dire des choses désagréables. Nous passons la fin de l'après-midi à surfer de nouveau depuis le pub O'Che's dont les haut-parleurs nous déversent dans les oreilles l'intégrale des Gipsy Kings.

Une fois de plus, c'est le repas du soir qui permettra de finir la journée sur une bonne note. Nous repassons chez Botanicus puis allons dîner au Hard Rock Café où, pour une fois, on nous donne une table tout de suite. En l'honneur du 38ème anniversaire de la chaîne, nous avons droit à un petit concert live fort sympathique pendant que nous mangeons. Bonne musique rock + Cobb salad et apple cobbler = requinquage garanti.


jeudi 11 juin 2009

Tchéquie - Prague


Ce voyage pourtant attendu depuis des années ne débute pas sous les meilleurs auspices. Une crise d'angoisse m'a pratiquement empêchée de fermer l'oeil cette nuit; c'est donc lessivée que je débarque à Prague avec Chouchou vers 8h du matin. Le chauffeur de taxi envoyé par l'hôtel a vingt minutes de retard, et à cause des embouteillages, il est finalement 9h30 lorsque nous arrivons au King George pour poser nos bagages.

La réceptionniste nous annonce que nous pourrons disposer de notre chambre dans une demi-heure. En attendant, nous allons faire un tour dans les rues commerçantes voisines. Presque immédiatement, nous tombons sur le Hard Rock Café local où nous effectuons nos achats traditionnels: ce sera un T-shirt noir à manches courtes avec des dragons devant pour Chouchou et un sweat zippé rouge à capuche pour moi.

Retour à l'hôtel. Notre chambre sous les toits est plutôt mignonne avec ses murs pentus et ses poutres apparentes; par contre, elle manque de lumière pour des photos et en guise de lit double, elle a deux lits jumeaux poussés l'un contre l'autre dont les matelas ne peuvent même pas se toucher à cause de la forme du cadre. Pas super pour des vacances en amoureux, mais je n'en suis plus à ça près.

Nous repartons en direction du pont Charles distant de quelques centaines de mètres à peine. Et là, c'est l'horreur: un flot de touristes tellement compact qu'on se croirait dans le métro parisien aux heures de pointe. En plus, l'endroit est défiguré par des travaux d'entretien. Mes visions d'un pont Charles désert, brumeux et romantique s'envolent à tire-d'aile. Certes, on est au mois de juin et en plein jour; pour la brume, c'était donc un peu compromis. Mais pas pour la pluie, apparemment. J'ai le moral dans les chaussettes (déjà mouillées à travers mes Converse).

Nous faisons demi-tour pour explorer la Vieille-Ville. A chaque pas, ma déception grandit. J'imaginais Prague comme une ville gothique et ténébreuse, avec des bâtiments de pierre grise sur lesquels flotteraient encore des relents d'austère atmosphère communiste. En fait, je suis entourée de façades proprettes aux couleurs de dragée. Et de millions de touristes qui s'agglutinent devant les églises ou au pied de la fameuse horloge de l'hôtel de ville.

Nous nous arrêtons pour déjeuner dans un resto bio végétarien conseillé par un de mes guides. C'est un buffet, et mis à part les crudités et les patates sautées, je ne reconnais absolument rien. Je décide quand même de tester des trucs impossibles à identifier. A part les crudités et les patates sautées, je n'aime absolument rien, et après les avoir goûtés, je suis toujours incapable d'identifier les aliments qui restent dans mon assiette. Groumpf.

Lorsque nous ressortons, il pleut à verse. Je crois même qu'il tombe de la grêle. Je veux rentrer à Bruxelles. Mais comme ce n'est pas possible, je décide qu'un peu de shopping s'impose; ça aura au moins le mérite de nous mettre à l'abri. Zlatà Lod, un chouette magasin de fournitures d'art pas chères, me réconforte temporairement. En revanche, le Tesco qui a paraît-il un super rayon papeterie est... en travaux, hé oui. Quant à Botanicus et ses produits de beauté bio, il est pris d'assaut par des hordes d'Asiatiques piaillantes qui me découragent d'acheter quoi que ce soit.

La fatigue commence à se faire sentir. Bien qu'il ne soit pas encore 15h, nous nous arrêtons au Kavarna Obecni Dùm, la brasserie de la Maison Municipale, très beau lieu Art Déco où je compense ma frustration alimentaire du midi avec un grand chocolat chaud italien et une crêpe aux fruits frais accompagnée d'une boule de glace vanille et d'une montagne de chantilly. Après ça, nous rentrons à l'hôtel faire la sieste. Enfin, l'un de nous deux dort et ronfle tandis que l'autre (celle qui n'a déjà pas dormi la nuit précédente) tente vainement de trouver le sommeil.

Le resto du soir rattrape un peu cette première journée désastreuse. Le Kogo Ristorante est un Italien assez chic qui pratique des prix moins élevés que ceux de la plupart des boui-boui français. Un carpaccio, une bruschetta, deux assiettes de pâtes merveilleuses, un verre de Lambrusco et une eau gazeuse nous reviennent moins de 40€. Je concède au moins une chose à Prague: on y mange bien pour pas cher.