dimanche 26 avril 2009

Hollande - Amsterdam


Fatigue plus confort incroyable du lit aidant, j'ai bien dormi cette nuit. Mais quand nous nous réveillons, les rues sont désertes et trempées. Le manque d'éclairage de notre chambre noire rend l'atmosphère un peu gloomy, et c'est sans beaucoup d'entrain que je me prépare. Après la traditionnelle séance de photos, nous sortons sous la pluie et nous dirigeons vers le Grand Hôtel Krasnapolski, heureusement distant de cinq minutes à peine, dont le restaurant est réputé pour sa splendide décoration et ses brunchs délicieux. Mais lorsque nous arrivons, aux alentours de 11h, l'hôtesse nous prévient qu'ils en sont encore à servir le petit déjeuner. Qui coûte la modeste somme de 28,50€ par personne. Hum, on a un plan B?

Un de nos guides suggère un petit restaurant du nom de Gartine, bien caché dans une ruelle perpendiculaire au Rokin. Dix minutes de marche rapide nous conduisent devant un charmant établissement... dont la serveuse nous informe qu'il est complet et qu'elle ignore quand une table se libèrera. L'estomac dans les talons et le parapluie détrempé, je suis au bord du découragement. Je recommence à feuilleter mes guides plantée au milieu de la rue. Quelques minutes s'écoulent sans que nous parvenions à prendre une décision. C'est alors qu'une cliente s'en va et que le propriétaire, attendri par la vue de ces deux touristes piteusement stationnés devant sa vitrine, nous fait signe d'entrer. Notre soulagement est grand. Il sera pourtant surpassé par notre ravissement devant le contenu de nos assiettes: large breakfast à l'anglaise pour Chouchou, tartine de fromage de brebis vieux de deux ans avec roquette et chutney de betteraves, plus soupe de légumes du jardin et cheesecake au chocolat blanc (sans speculoos!) pour moi. Un régal absolu, servi par des gens charmants, dans un cadre adorable et pour un prix modique. Si nous repassons à Amsterdam, nous reviendrons.

Nous descendons ensuite à pied jusqu'au FOAM, le musée de la photographie d'Amsterdam, où l'on peut actuellement admirer une exposition sur Richard Avedon, un artiste dont j'aime beaucoup le travail et que j'aimerais faire découvrir à Chouchou. Difficile d'effectuer un classement parmi ses portraits en noir et blanc tous plus remarquables les uns que les autres. Chouchou est particulièrement touché par celui qui montre un Groucho Marx au regard d'une infinie tristesse, à mille lieues de l'image que le grand public garde de lui. Quant à moi, je suis fascinée par une capture de Rudolf Nureyev en mouvement - la grâce et la puissance incarnées -, ainsi que par le portrait sans fioritures mais incroyablement émouvant d'un Noir né esclave. Bien entendu, aucun des trois ne figure dans la série de cartes postales tirées de l'expo en vente à la boutique du musée...

Il est 13h30 lorsque nous ressortons du FOAM très contents de notre visite et entamons la longue remontée des canaux. La pluie a cessé; il fait une température agréable et la promenade est plutôt plaisante... du moins, jusqu'à ce que Chouchou se profonde le genou sur une des nombreuses bittes qui bordent les trottoirs, marquant la frontière entre le territoire des piétons et celui des cyclistes Essayez donc d'expliquer à vos proches que vous boîtez à cause d'un coup de bitte! Hum, oui, bon. Nous faisons un arrêt photo devant le Beulingsluis, le plus petit canal d'Amsterdam et le seul qui soit dépourvu de quais. "Mais comment font les gens pour sortir de chez eux?" s'étonne Chouchou. Je lui réponds très sérieusement que ces maisons-là sont habitées par des canards qui les quittent en volant ou à la nage. "Tiens, d'ailleurs, en voici un!" dis-je en désignant un colvert qui se dirige benoîtement vers le pont sur lequel nous nous tenons. "Bonjour, Mr. VanDyke!". D'accord, c'est pas beau de se moquer.

Etape suivante: le Déco Sauna, dont l'intérieur Art Déco grandiose a été en grande partie récupéré dans l'ancien magasin du Bon Marché. Non seulement c'est beau, mais c'est propre, accueillant, hyper bien équipé, pas trop cher, et surtout: tout le monde est à poil et personne ne mate, ce qui est quand même l'idéal pour ce genre d'établissement. Nous passons deux heures à alterner hammam et douche, puis sauna à 80° et douche, avec des pauses boissons au milieu. Une très chouette expérience.

Comme il nous reste encore une heure et demie, nous retournons vers la place du Dam où s'est installée une fête foraine. Un petit tour de manège? J'hésite entre les balançoires suspendues et la grande roue; Chouchou tranche en faveur de la seconde, depuis laquelle nous pourrons prendre des photos d'Amsterdam vue d'en haut. Puis nous refaisons une petite descente de Kalverstraat. Je m'arrête chez Sabon, marque de produits de beauté batave dont les boutiques fleurissent à tous les coins de rue ou presque, pour sentir leurs sels de gommage à la menthe. Je les teste sur ma main: l'odeur ne me plaît pas. Et là, c'est le drame. Voulant me rincer dans l'évier mis à la disposition de la clientèle, j'ouvre le robinet d'eau froide et tends ma main dessous sans réfléchir que depuis notre arrivée ici, nous n'avons trouvé que des robinets inversés par rapport au sens français... Résultat, je m'ébouillante le dos de la main et la première phalange du majeur gauche. Ca fait un mal de chien. Le vendeur honteuzéconfus tel le corbeau de La Fontaine s'empresse de me badigeonner d'un masque apaisant en principe destiné au visage, mais qui s'avère très efficace sur ma main. N'empêche, j'ai l'air un peu chelou en ressortant de là avec ma main sur laquelle semble avoir chié un pigeon géant (au métabolisme probablement déréglé par un abus de speculoos).

Un passage rapide chez Waterstone où j'achète de quoi lire dans le Thalys, et nous reprenons le chemin de l'hôtel pour récupérer nos bagages. Pas mal chargés, nous remontons jusqu'à Amsterdam Central en tram (la seule fois du week-end où nous aurons pris les transports en commun). Comme il nous reste un peu de temps avant le départ de notre train, nous décidons de manger dans la gare. Sur le côté droit - loin, très loin de notre quai - se trouve un Burger King jusqu'auquel nous n'avons pas le courage de pousser. Nous sommes cruellement punis pour notre paresse. Du côté gauche, il n'y a qu'un New York Pizza où nous mangeons les plus mauvaises pizzas du monde... et où mon Hawaïenne infâme me brûle le palais, histoire de l'assortir à ma main estropiée. Pour des habitués de Mamma Roma, le choc est extrêmement rude, et c'est un peu sonnés que nous nous affalons dans le Thalys qui va nous ramener à Bruxelles après ce week-end bien rempli.

samedi 25 avril 2009

Hollande - Amsterdam


Notre arrivée hier soir fut assez mouvementée. Notre train avait plus de cinquante minutes de retard, ce qui nous a fait débarquer à Amsterdam Central vers 23h30 - alors que la propriétaire du Miauw Suites, le mini-hôtel où nous logeons, n'habite pas sur place et n'assure normalement l'accueil que jusqu'à 22h. Le tram que nous avions eu tant de mal à trouver a ignoré nos coups frénétiques sur sa porte vitrée et démarré sous notre nez. Finalement, nous avons dû prendre un taxi. Qui nous a facturé 15€ une course de 2 km, a roulé comme un dingue dans les petites rues à sens unique entre les canaux et manifesté la plus mauvaise foi du monde en prétendant que s'il ne trouvait pas, c'est parce que nous lui avions fourni un mauvais numéro. Mais tout s'est bien terminé, quoi que tardivement. Nous avons été ravis par notre jolie chambre blanche, son bouquet de roses fraîches, son superbe iMac et surtout son lit ultra-confortable. Ce qui ne m'a pas empêchée d'avoir beaucoup de mal à m'endormir: le quartier des 9 Rues est bruyant le vendredi soir.

C'est donc un peu dans le pâté que je me suis levée ce matin. Le temps de faire nos ablutions dans la minuscule salle de bain, de nous préparer et de prendre tout un tas de photos, nous quittons le Miauw Suites vers 10h30 et nous dirigeons vers le Buffet van Odette recommandé par Analik (notre hôtesse). Ce restaurant situé un peu plus haut le long des canaux est minuscule mais sympathique et doté d'une carte fort alléchante. Fidèle à son habitude, Chouchou joue la carte du sucré en se commandant un grand petit déjeuner accompagné d'une omelette tandis que je satisfais ma boulimie de salé avec un délicieux steak sandwich garni d'oignons grelots et de mayonnaise à la moutarde, puis une soupe à la tomate façon BLT, pleine de roquette, de petits bouts de bacon frit et de morceaux de parmesan. Miam. Je pense qu'après ça, on va pouvoir sauter le repas de midi.

Le ventre plein et l'humeur au beau fixe, nous entreprenons d'explorer le quartier bobo des 9 Rues sous un soleil radieux. Il regorge de boutiques spécialisées toutes plus craquantes les unes que les autres. Parmi les boulangers, les fromagers et les marchands de primeurs aux appétissantes vitrines se nichent de petits cafés devant lesquels s'alignent trois ou quatre tables garnies de petits vases de fleurs. Ici, j'aperçois un magasin qui ne vend que des boutons de toutes les tailles et de toutes les formes; là, un autre qui fait dans les lunettes vintage. Le roi de la tong voisine avec un designer d'étonnants sacs à main; quelques bouquinistes côtoient une échoppe poussiéreuse remplie de vinyles. Je fais une longue incursion dans une parfumerie très chic où j'admire sans rien acheter des produits de marques... françaises assez difficiles à trouver chez nous, puis m'arrête au What's cooking, petit magasin spécialisé dans les accessoires culinaires, pour faire l'emplette de quelques brols. Un peu plus loin, Chouchou déniche un grand carnet d'aquarelle de la collection Moleskine. Plus loin encore, à la place de Zinne et Minne censé être l'Eva Luna local, nous tombons sur un Coq Sportif. La boutique de déco indiquée Tangram sur mon plan a depuis pris le nom de Niels, mais j'y déniche quand même des gobelets Marimekko presque deux fois moins chers qu'en Scandinavie - pourquoi, mystère.

Nous attaquons ensuite le quart nord-est du Jordaan, de l'autre côté de la ceinture des canaux. Le fabricant d'articles en cuir sur mesure chez qui nous voulions nous renseigner pour un serre-taille et qui n'est ouvert au public que quelques heures par jour a décalé ses horaires en ce samedi et vient juste de fermer, damned! Une mésaventure similaire nous attend à l'adresse de Fun Frames: le spécialiste des cadres en tous genres a laissé la lace à... une poissonnerie. Qu'importe, le quartier est ravissant et il fait bon s'y promener en mitraillant les devantures des magasins ou les façades des traditionnelles maisons à pignons. Quelques minutes au Kitsch Kitchen, l'empire du plastique, me plongent dans une grande perplexité (et me font presque saigner les yeux). Chez Simon Léveldt, j'achète deux variétés de thé vert parfumé choisies à l'odeur.

Nous commençons à être fatigués et un peu chargés. En reprenant le chemin de l'hôtel, nous passons devant Westerkerk (mais Chouchou n'est pas motivé pour monter en haut du clocher) et devant la maison d'Anne Frank reconnaissable à sa longue file d'attente. Jamais il ne me viendrait à l'idée de faire le pied de grue et de payer pour aller visiter le placard où une pauvre gosse a passé les deux dernières années de sa vie à se cacher des Nazis; je trouve ça parfaitement morbide. J'ai lu le livre et c'est bien suffisant. Arrivés au Miauw Suites, nous découvrons que nos affaires ont déjà été déménagées dans la chambre noire où nous devons dormir cette nuit. Elle est bien moins jolie que la précédente et je suis un peu déçue. Enfin tant pis, nous n'allons pas y passer beaucoup de temps de toute façon.

Nous repartons en direction de l'intérieur de la ceintures des canaux, vers le centre plus moderne d'Amsterdam. Kalverstaart, que nous descendons en partant de la place du Dam, me fait penser à la rue Neuve avec ses enseignes identiques à celles de toutes les grandes villes occidentales. Rien de bien intéressant, à part un De Tuinen (chaîne de drogueries hollandaises ou j'avais acheté plein de savons style Lush il y a dix ans) où je déniche un gel douche citron-menthe à l'odeur agréablement tonique, un Douglas où je fais l'acquisition d'un liner-feutre noir et d'un vernis à ongles Malava et un Noa Noa (enseigne scandinave repérée à Copenhague en septembre dernier) où je trouve une jupe d'été blanche absolument géniale et même pas trop chère. Le repas de ce matin étant digéré depuis belle lurette, nous faisons halte dans une galerie commerçante pour nous sustenter. Installés à côté d'une baie vitrée qui donne sur le Singel, Chouchou engloutit un panini et moi un croque fromage-ananas avec du ketchup: trop bon!

Il est encore tôt lorsque nous ressortons. Comme nous avons déjà fait beaucoup de shopping, je propose à Chouchou une petite croisière sur les canaux. Coup de bol, une des nombreuses compagnies qui proposent ce divertissement traditionnel est installée à deux pas de là sur le Rokin. Re-coup de bol, un bateau se prépare justement à partir. Nous achetons très vite nos billets et montons à bord dans les derniers. Nous nous retrouvons devant, avec une guide française dont le groupe compose l'essentiel de la clientèle. Très vite, Chouchou se rapproche de l'ouverture qui tient lieu de porte pour prendre des photos sans être gêné par la vitre. Un peu crevée, je reste sagement assise à admirer les bâtisses que nous longeons et à écouter les explications qui les accompagnent. Nous remontons à travers le Jordaan en direction du bras de mer situé derrière la gare centrale qui sépare le nord et le sud d'Amsterdam. Après avoir longé le NEMO, musée en forme de bateau conçu par l'architecte du Centre Pompidou, et une reproduction de bateau marchand du XVIIIème siècle entièrement construite par des chômeurs volontaires, nous achevons la boucle en regagnant notre point de départ. L'ensemble a pris environ une heure et a eu le mérite de reposer nos jambes en mouvement ininterrompu depuis ce matin.

Il est 18h30 quand nous débarquons, et tous les magasins ou presque ont déjà fermé. Nous prenons la direction de Leidesplein à proximité duquel se trouve le Hard Rock Café. Dans la boutique attenante, la vendeuse flashe sur Régis et nous bombarde de questions sur lui; un bonmoment s'écoule avant que je réussisse à en placer une pour demander si le sweat zippé que je convoite est un modèle femme ou enfant. Au final, le M me va comme un gant et je l'embarque. L'unique magnet disponible est aussi énorme que hideux, et je ne peux me résoudre à l'acheter. Chouchou craque pour un T-shirt à manches longues hyper rock'n'roll. Il essaie aussi un blouson en cuir dont la coupe ne lui va pas et une sacoche qui me paraît manquer un peu de la sobriété nécessaire pour aller avec tout. Nous nous posons ensuite la question de savoir où dîner. Nous nous ferions bien une table de riz dans un resto indonésien, mais nous n'avons ni adresse ni réservation. Aussi optons-nous pour la solution de facilité: le Hard Rock Café. Nous attendons trois quarts d'heure au bar en matant des vidéos des années 80 et en sirotant des cocktails. Une des serveuses s'amuse à grimacer derrière moi pendant que Chouchou me prend en photo. J'espérais avoir une table dans la salle du haut; nous resterons finalement en bas, juste à côté du bar mais près de la baie vitrée qui donne sur les canaux. Ce qui n'est pas si mal du tout. Je commande une Cobb salad histoire d'avoir encore faim pour un dessert... Mais il n'y a plus d'apple cobbler ni de cheesecake: seulement des gâteaux hyper chocolatés ou des glaces. Tant pis, ça me fera toujours économiser quelques milliers de calories supplémentaires.

Nous reprenons à pied le chemin de l'hôtel, dans l'idée que je récupère mon blouson doublé pour me protéger contre le froid nocturne avant de poursuivre en direction du quartier rouge. Mais Chouchou n'est pas plus motivé que ça et la journée a déjà été longue. Bien qu'il ne soit que 22h, nous décidons de la terminer gentiment dans notre chambre.