mercredi 6 mai 2009

Maroc - Essaouira


Aujourd'hui, je suis obligée de me lever à 6h30... mais en récompense de mes efforts, j'ai droit à une douche chaude, la première depuis mon arrivée au Maroc. Après un petit-déjeuner rapide, nous partons en minibus, direction Essaouira. 200 km à peine séparent cette ville côtière de Marrakech, mais ici, on ne peut pas rouler très vite, et le trajet est censé prendre trois bonnes heures. Comme je suis souvent malade en voiture, je monte à l'avant avec Rachid notre chauffeur et Antonia. Nous sommes un peu serrés mais il ne fait pas trop chaud, alors ça va. Les abords de la nationale sont plutôt désertiques dans l'ensemble, mais nous marquons deux arrêts en chemin: le premier dans un café pour boire quelque chose de frais (= un jus d'oranges locales délicieux et ridiculement bon marché), le second dans une coopérative de femmes qui fabriquent de l'huile d'argan alimentaire et cosmétique. L'argan ne pousse qu'au Maroc et depuis que le reste du monde se passionne pour ses vertus, c'est devenue une ressource importante dans ce pays. Une "guide" nous débite un petit laïus appris par coeur - mais néanmoins intéressant - sur la fabrication de l'huile. Nous avons également la possibilité de goûter celle-ci avec de petits morceaux de pain. Conquise par son goût qui rappelle vaguement la noisette, j'en achète une bouteille pour parfumer mes salades estivales. Pour ce qui est de la cosmétique, ayant la peau grasse à la base, je juge inutile d'en rajouter une couche.

Nous arrivons à Essaouira en fin de matinée. Les palmiers et l'odeur d'iode me donnent l'impression d'être de retour au bord de la Méditerranée (alors que nous sommes sur l'Atlantique, comme me le rappelle Valérie). On m'a dit et répété que cette ville était assaillie par le vent et que beaucoup de gens trouvaient ça pénible. Nous avons de la chance: aujourd'hui, il n'y a qu'un souffle d'air en provenance du large, juste de quoi tempérer la chaleur du soleil. Nous passons déposer nos bagages au Palazzo Desdemona où nous devons dormir ce soir. Ma chambre est perchée très haut et bien entendu, il n'y a pas d'ascenseur: ça me fera toujours éliminer quelques-unes des calories de la cuisine de Fatma. Pour le déjeuner, nous nous dirigeons vers l'enfilade de restaurants de poissons et de coquillages situés près du port. Antonia marchande dur le contenu et le prix de notre plateau. N'étant pas fan de bêtes à coquille, je mange assez peu - et refile les restes à une minuscule chatte tortie qui erre entre les jambes des clients. Elle est si mignonne que je l'emmènerais volontiers. Les matous errants ne doivent pas vivre bien vieux ici...

Après avoir acheté une glace à l'italienne (pas très couleur locale mais délicieuse) et bu un thé à la menthe (what else?) sur la terrasse du Tarus, nous nous dirigeons vers le port proprement dit. Nous espérons trouver des éclats de peinture issus des célèbres barques bleues d'Essaouira pour les coller dans nos carnets, mais la récolte est maigre. En revanche, mon Lumix s'en donne à coeur joie avec cette lumière et ces couleurs sublimes. Puis nous nous asseyons sur un muret pour dessiner, qui la silhouette de la ville, qui les barques ou les mouettes (en essayant d'éviter les déjections dont elles bombardent le coin). Très appliquée sur mon aquarelle, je ne vois pas le temps passer mais suis encore la dernière à finir.

Après ça, Pascale et Doris décident de partir de leur côté pendant que le reste du groupe se met en quête d'une tannerie recommandée par Mohamed Boustane hier. Très vite, nous sortons des quartiers à touristes et nous engageons dans une avenue où la large chaussée n'est que gravier et poussière, ponctuée ça et là par quelques tranchées d'évacuation des eaux usées. Le coin est presque désert et ressemble vaguement à Beyrouth. Nous marchons assez longtemps. A trois reprises, nous demandons notre chemin à des Marocains qui ne comprennent pas ce que nous cherchons et nous indiquent des directions farfelues. Enfin, Geneviève a la bonne idée d'alpaguer un monsieur qui vient de démarrer sa voiture. Celui-ci nous conduit très gentiment à notre destination et nous sert même d'interprète avec le tanneur, un vieil homme prénommé Larbi qui ne parle pas un mot de français. Jamais je n'aurais cru qu'un endroit aussi décrépit et bordélique puisse abriter une entreprise.

Pendant qu'Antonia, Valérie et Geneviève examinent une tripotée de peaux de chèvres naturelles ou teintes en rouge dans un minuscule réduit sans lumière, j'observe une fois de plus les jeux des chats errants qui pullulent dans les allées. J'essaie de les prendre en photo, mais c'est drôlement vif ces bestioles! Les achats effectués, notre interprète s'éclipse et les filles tentent de prendre congé. Mais Larbi n'en a pas fini avec nous. Des troupeaux d'étrangères, il ne doit pas en voir débarquer tous les jours, et il veut prolonger le moment au maximum. Il nous montre les différentes étapes de la fabrication des peaux: foulage aux pieds dans des cuves, teinture, séchage sur cadre... Il accepte même de poser, hilare, avec Régis, Valérie, Sylvie et une de ses peaux. Une chouette photo viendra témoigner de cette rencontre hors du commun.

Sur le chemin du retour, pour nous remettre de nos émotions, nous effectuons quelques emplettes, notamment des babouches en raphia chez un marchand qu'Antonia connaît bien (d'ailleurs, je vais finir par croire qu'elle connaît tout le monde ici; c'est hallucinant le nombre de gens qui l'interpellent dans les souks). Dans la galerie des bijoutiers, je craque pour une très jolie bague en forme de fleur, mais malheureusement la boutique est déjà fermée. Qu'à cela ne tienne: un peu plus loin, je repère une autre bague en ambre verte, dans une boutique ouverte cette fois. Avec l'aide d'Antonia, je l'achète pour 280 dh. Puis nous rentrons retrouver les autres à l'hôtel.

Pour notre repas du soir, nous choisissons un resto qui propose les mêmes plats que tous les autres établissements de la rue mais dont la déco nous inspire. Effectivement, l'intérieur est très joli, mais le serveur a la célérité d'un escargot neurasthénique et la bouffe est plus que médiocre. Je ne prends pas de carte de visite.

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